L’imagination ou la télévision
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Malgré l’immense bond fait par la science et les miracles qui lui sont dûs, notre qualité de vie se dégrade. Il est étonnant de constater une explosion du nombre de cancers, de crises cardiaques, d’allergies, d’obésité, de troubles psychiques, de médicaments consommés (antidépresseurs, tranquillisants, somnifères, etc), plus ou moins proportionnelle à l’augmentation du PIB. Ce fameux Produit Intérieur Brut mesurant la production d’un pays et qui pour beaucoup permet d’évaluer la qualité de vie, prend pourtant en compte dans ses chiffres la pollution de l’air, la destruction de la forêt, la fabrication d’armes, le coût du stockage des déchets radioactifs, le coût du soin des maladies citées ci-dessus, etc.
Partant à priori d’une bonne volonté, de nombreuses inventions intégrant aujourd’hui notre quotidien laissent apparaître tôt ou tard leurs effets néfastes (modification de nos perceptions, introduction de matières nocives dans notre environnement, etc). Voici l’illustration par excellence, le symbole de notre société de consommation : la télévision. A ses balbutiement dans les années 1950, la télévision a réussi à pénétrer 75% des foyers américains en seulement 7 ans, contre 14 ans pour la radio, 23 ans pour le réfrigérateur, 48 ans pour l’aspirateur, 52 ans pour l’automobile, 67 ans pour le téléphone et plusieurs siècles pour le livre, avant d’en arriver au même taux d’équipement.
Nombreux étaient les sociologues qui voyaient alors en cet objet un outil révolutionnaire qui allait offrir la culture, le savoir et réduire l’échec scolaire jusqu’à contrebalancer le poids des inégalités sociales. Il est maintenant estimé, d’après une étude récente, qu’au-delà du temps perdu devant un écran, les effets (sur l’alimentation et le cycle du sommeil entre autre) de chaque heure de télévision réduiraient d’environ 22 minutes l’espérance de vie des individus de plus de 25 ans.
Outre ce fait inquiétant, la télévision perturbe le développement du langage, le déploiement de l’attention ou encore l’émergence de la créativité chez les enfants, augmentant ainsi de 43% pour chaque heure de télévision quotidienne la probabilité qu’un enfant entre 5 et 11 ans soit sans diplôme. Il ne faut pas non plus oublier l’influence désastreuse de la présence à l’écran du tabagisme, de l’alcoolisme, de la sexualité, de la violence et des clichés, sur les comportements à risques et sur nos conceptions de la société. L’esprit critique en est lui aussi affecté, l’opinion publique étant massivement dirigée par l’engouement des médias pour certains sujets et par leur manque d’objectivité. Pour aggraver les choses, l’information se dégrade et tend à ressembler de plus en plus à du divertissement par souci d’audience.
La télévision altère la capacité d’imagination de l’enfant (sa capacité à se représenter les choses). Le pédiatre allemand Peter Winterstein a démontré qu’en passant du temps devant l’écran, ses dessins s’appauvrissaient en détails et perdaient de leur relief, quand ils n’étaient pas carrément déstructurés.
Ces dessins sont faits par des enfants de 5-6 ans scolarisés depuis l’âge de 3 ans. Le groupe du haut est composé par des enfants qui regardent la télévision moins d’une heure par jour, celui du bas par des enfants qui regardent la télévision plus de 3 heures par jour.
Geoffrey PIOTROWSKI
http://2ccr.unblog.fr/2012/10/12/limmagination-ou-la-television-2/
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