L’INSEE présente son étude sur les revenus des français
Enfin les statistiques de l’INSEE sur les revenus des ménages français de 2008 sont parues. Mais si, c’était avant la crise, ça peut donner du baume au cœur. Face à la profusion de chiffres, il faut parfois faire le tri et arrondir pour éclaircir.
La base de l’enquête est un brin boiteuse car elle porte sur les « personnes vivant en France métropolitaine dans un ménage dont le revenu déclaré au fisc est positif ou nul et dont la personne de référence n’est pas étudiante ». C’est écrit en tout petit dans leur enquête, mais ce protocole exclu un paquet de français et permet de doper les ternes statistiques du moment.
Deuxième flou, elle s’appuie sur une moyenne des revenus déclarés dans un ménage (ensemble des occupants d’un même logement) par personne, suivant un autre calcul relevant des Unités de Consommation correspondant à la part de revenu disponible de chaque membre, mais qui tentent de représenter une inégalité de fait pour chaque membre du ménage (dans ces chiffres, une femme en couple avec enfants sans-emploi reçoit autant que ses enfants de plus de 14ans). Vous m’avouerez que c’est un calcul savant et qui place beaucoup d’approximations. Aparté, c’est bien pour cela qu’il faut des sociologues et des anthropologues, car les chiffres de ces satanés démographes, d’une volonté englobante si exquise soit -elle paraissent un brin étouffante.
Ensuite, toute la pyramide chiffrée s’appuie sur un revenu moyen ; moyenne effectuée entre les plus hauts revenus (imaginez donc les grandes fortunes aux millions d’euros) et les plus bas (les RSAstes ou « ersatz »), donc déjà c’est bidon et si le poisson s’y noie, le poison s’y répand.
Mais on continue. Ce fameux revenu moyen est donc de, de, de... 18990 par an, soit par mois, à vos calculettes, 1582 euros par mois. Et hop, 50% des français vivent avec au moins 1582 euros par mois. Attention, seulement 10% des ménages vivent avec plus de 1582, faites vos jeux, on inverse tout : 90% des français vivent au plus avec 1582 euros. Rappel, le SMIC français est de 1086 euros net pour 35h.
On suit au fond ? Bon, on reprend en se concentrant sur les pauvres de France. Ceux des chiffres bien sûrs, gardons toujours à l’esprit que certains ne sont pas comptabilisés.
Une personne est qualifiée de pauvre lorsqu’elle touche moins de 949 (dit seuil pauvreté car moins de la moitié du revenu moyen), ce qui représente 15% de la population, soit 8M de personnes.
Une personne est dite très pauvre quand elle se débrouille avec moins de 791E, ce qui concerne 4M de personnes, soit 7% de la population.
Le taux de pauvreté est donc d’environ 15% de la population. De 2007 à 2008, l’augmentation du nombre des 10% des personnes les plus pauvres touchant moins de 850E/mois était de 2,2% tandis que pour les 10% les plus riches touchant plus de 1582 E/mois était de 2%. Ces chiffres marquent l’effritement d’une partie de ce qu’on appelle les classes moyennes. Des riches plus riches et des pauvres plus pauvres. De plus, si les proportions de personnes pauvres régressent depuis 2005, leur nombre s’accroit du fait de l’augmentation de la population.
Les types de ménages les plus marqués par la pauvreté sont les familles monoparentales (30% des ménages pauvres), des couples avec plus de 3 enfants (20% des ménages pauvres), des membres de ce que l’INSEE appelle « autre ménage », peut-être des colocations, (20% des ménages pauvres) et des personnes seules (17% des ménages pauvres).
Suivant les proportions des ménage, jouez à vous retrouvez : 15% des ménages représentent une personne seule, 9% une famille monoparentale, 24% un couple sans enfant (les plus nombreux d’entre-nous), 15% un couple avec un enfants, 21% avec 2 enfants et 13% avec 3 enfants. Remarquez qu’il manque 3,5% qui concerne d’autres type de ménages (quid ?).
30% des familles.
Bon, c’était fastidieux, mais c’était une Une de tout le monde médiatique, sans critique, les journalistes prennent tous les chiffres au pied de la lettre...