L’insoluble nécessité du vivre ensemble

Vivre en société implique un minimum de citoyenneté contributive. Les théories économiques, armées de courbes et de graphiques ronflants ne valent guère plus que le doigt en l’air pour le vent. Avec les mêmes chiffres, on peut démontrer tout et son contraire. Alors comme il est courant de les amplifier, de les manipuler pour corroborer ce qu’on veut démontrer, tout cela laisse libre cours à la malhonnêteté intellectuelle.
Difficile de faire cohabiter des ultralibéraux compulsifs, des marxistes désabusés, des décroissants rêveurs, des vieillards moralisateurs, des mégères acariâtres, la facilité se traduit en petites lâchetés racistes, homophobes, anticléricales. Les héros sont désormais fatigués, les gentils pas toujours gentils, les méchants pas systématiquement méchants. Envoyer l’intolérance aux orties et s’armer d’une infinie patience pour découvrir ce qui rassemble plutôt que s’arc bouter sur ce qui divise.
Comment faire passer un message, les médias devraient se comporter comme une courroie de transmission. Un journaliste doit proposer des pistes, ce n’est guère le cas. L’autocensure avance à pas feutrés et s’avère plus dommageable et sournoise que la censure dont il est aisé de saisir les ficelles. Duperie insidieuse d’une corporation préoccupée de coller à la pensée unique au lieu d’ouvrir des portes de la diversité d’opinions et de propositions.
Ne nous voilons pas la face. Les fossoyeurs capitalistes ont commencé l’entreprise de sape il y a trente ans, ils ont réussi à colmater toutes les brèches de la contestation, à fermer un à un les robinets de la revendication, patiemment, systématiquement, et cacher leur cynisme sous de faux airs de commisération. Sentant le vent tourner, conscient qu‘ils ont emballé le système, ils manipulent de plus belle les chiffres et les consciences, prétextant l’absence d’alternative. Prendre garde à la douceur des concepts, il n’y a pas plus conservateur qu’un libéral, antinomie des termes. Il propose qu’on le laisse devenir riche, en échange de miettes.
A leur solde, depuis 30 ans, une brochette de comiques troupiers et de commis voyageurs inconséquents ont conduit la politique, on leur demande désormais de rendre des comptes à la souveraineté populaire. La présumée bonne foi ne saurait masquer l’incompétence et la veulerie ni la pardonner.
Dans cette société d’illusionnistes, le fort semble toujours avoir le dernier mot, souvent par la contrainte ou la fourberie. La patience est pourtant le contrepoint idéal au mirage de l’apparente domination des uns. L’impulsivité et la pseudo franchise, son faire-valoir, ne sont à long terme, que des artifices impromptus, anachroniques et inefficients. Gandhi, l’archétype du faible, bouta les anglais hors de son pays. Jeanne d’ Arc, zélée et en armure, caressant le même dessein, termina sorcière sur un bûcher.
Alors, comment faire, gérer le quotidien, colmater les brèches qui s’agrandissent chaque jour, donner un grand coup de balai, un grand coup de pied dans la fourmilière française, européenne, mondialiste. Sortir du confort pour agir, de sa position sociale, de son statut, s’offrir la désapprobation, l’infamie, le rejet. Le risque doit correspondre à une urgence. Ne pas se tromper de combat, ni de moyens, savoir convaincre plutôt que vaincre, sans travestir ni trahir. Plus que les choix eux-mêmes, le moment de les assumer est essentiel, anticiper ou retarder ne se lit pas dans le marc de café et demande finalement plus d’intuition que de réflexion.
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