La bac progresse-t-il ?
Comme chaque année les résultats du bac ont donné lieu à des chiffres en progression. Toujours plus de reçus signifie-t-il pour autant que l’éducation progresse ?
Il est très difficile de comparer le niveau scolaire d’il y a dix ans à celui affiché actuellement. Aucune statistique officielle, aucun test commun.
Seul le monde du travail permet de jauger l’évolution des connaissances à la sortie du bac pour les filières le permettant. Evidemment les filières généralistes n’en font pas partie. Alors comment ces statistiques progressent ?
Tout d’abord par l’évolution des programmes au fil des ans. Il est bien évident que le monde évolue et, par là même, fait évoluer les besoins d’un bachelier. Peut-on supposer pour autant qu’un élève 2007 en connaît plus qu’un élève 97 ou 87 ? Non. On peut juste affirmer qu’il a des connaissances différentes.
Autre impact sur ces résultats, les méthodes de travail. Nous avons vu au cours des élections présidentielles un débat avoir lieu autour de la méthode globale. Cela nous a démontré qu’il n’y a pas de consensus autour d’une solution. Ainsi pour le reste de l’enseignement, les méthodes évoluent, sont plus ou moins appliquées et surtout la disparité de niveau est bien réelle entre les régions et les lycées.
L’implication des professeurs, le cadre de travail et le nombre d’élèves sont des facteurs influents. Pourtant nous n’avons pas l’impression que ce soient eux qui aient progressé au vue des plaintes, grèves et autres manifestations.
Dernier facteur, le niveau de l’examen final : à l’image d’une société d’enseignement de langue, aurons-nous un jour un taux de réussite garanti pour le bac ? Il est facile de s’assurer d’un taux minimal en modulant à la fois la difficulté des sujets et les instructions sur la notation des copies. Car nous avons vu qu’il y a eu parfois des couacs sur la difficulté des sujets.
Je me souviens d’un sujet de géométrie qui avait scandalisé des parents, il y a quelques années, problèmes qui étaient parfaitement du niveau bac lorsque je l’avais passé quelques années plus tôt. Cette erreur a évidemment été rattrapée par une notation appropriée. L’académie a conservé son bon résultat et les lycées aussi.
Car comme les entreprises, les académies ont des indicateurs. Le taux de réussite au bac en est un essentiel pour mesurer, soi-disant, la qualité de leur enseignement. De cet indicateur dépendent des décisions au niveau ministère concernant le fonctionnement de cette académie. Alors comme le responsable du budget de l’académie qui s’efforce de montrer qu’il baisse les coûts en refusant des dépenses essentielles aux établissements, celui chargé de proposer les sujets prend bien garde de garantir des résultats toujours meilleurs.
Alors avec de tels résultats, il est évidemment difficile de remettre en cause les méthodes employées et les programmes, rarement couverts jusqu’au bout. Sans tomber dans l’excès du système japonais qui déroule servilement le programme à la minute près sans préparer les élèves aux concours d’entrée aux universités, nous allons pourtant droit dans un mur. Qui accepterait pourtant de voir les résultats du bac passer de 80 % à 60 % ?
Car au jour le jour, nous voyons bien les stagiaires bac+2 passer avec des orthographes peu sûres, une faible connaissance de l’outil informatique, un niveau en langue étrangère plus que faible et une culture générale tenant sur une feuille de papier format A6, bref, tout ce qui aurait dû être vu avant le bac.
Certains voulaient dégraisser le mammouth. Laissons donc cet animal tranquille et changeons de la culture du résultat à la culture de la qualité. Nous nous apercevrons alors que la qualité amènera des résultats en monnaie sonnante et trébuchante pour tout le monde.
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