La cause principale de la violence
Beaucoup de gens s’interrogent sur l’agressivité, la violence, les incivilités de la jeunesse dans la société d’aujourd’hui. J’affirme et je vais prouver que les jouets sont la cause principale de l’agressivité des petits enfants, le risque avéré étant que ces enfants développent un tempérament agressif qui persiste.
Je présente en premier des extraits de l’étude du professeur R.Tremblay qui demeure parmi les plus importantes études du genre dans le monde ; sa valeur statistique est incontestable :
Imaginez que, dans un groupe, 80% des gens se poussent, se mordent et se donnent des coups de pied ; qu’une personne sur quatre frappe de toutes ses forces dans l’intention de faire mal ; que certaines soient même cruelles, tyranniques...
Tous les jours, dans les garderies du Québec, de telles scènes se déroulent sous les yeux du personnel qui s’efforce de pacifier les querelles avec des baisers et des gestes apaisants. "Inévitablement, raconte le professeur de psychologie Richard Tremblay, lorsque je présente au cours d’un colloque une vidéo montrant une agression de bambin, on entend des rires dans la salle. On ne peut pas croire que ces enfants vivent l’étape la plus agressive de leur vie..."
Le directeur du Groupe de recherche sur l’inadaptation psychosociale chez l’enfant (GRIP) publie ces jours-ci, dans une revue majeure, Child Development, un article qui pourrait avoir d’importantes répercussions tant en psychologie qu’en criminologie et même en philosophie. Cet article, écrit avec Daniel Nagin, de l’Université Carnegie Mellon, démontre que l’agressivité diminue avec l’âge. "De nature, l’enfant sait agresser les autres. Il apprend à ne pas le faire", dit le professeur Tremblay.
Après avoir suivi pendant 10 ans plus d’un millier de garçons dont certains sont devenus des criminels notoires, les auteurs concluent que les comportements agressifs dans les garderies peuvent ouvrir la voie à la délinquance. Mais tous ne deviennent pas des criminels. La plupart se rangent du côté des gens qui ont compris que l’agression physique n’est pas le meilleur moyen d’arriver à ses fins. Seul un garçon sur huit, parmi ceux qu’on a désignés comme particulièrement agressifs en milieux de garde, manifestera des comportements similaires à l’adolescence.
Mais les agressions sont alors plus graves et, dans la salle, plus personne ne rit.
Dans un autre article paru récemment dans Criminal Behavior and Mental Health, M. Tremblay et ses collaborateurs affirment, chiffres à l’appui, que l’être humain connaît l’apogée de son agressivité non pas à 25 ans ni à 16 ans, mais bien à... 17 mois. Même les criminels dangereux, les délinquants violents, les tueurs en série les plus recherchés ne sont pas aussi agressifs, toute proportion gardée, que les chérubins dans les jardins d’enfants.
"N’importe quelle professionnelle des milieux de garde vous dira qu’on doit protéger les enfants les uns des autres. On ne les laisse pas jouer avec des couteaux de cuisine par exemple : ils pourraient blesser quelqu’un. Pour nous, spécialistes du développement, ce n’était même pas évident !" dit le chercheur en riant.
L’agression physique est une sorte de réflexe inné qui disparaît au rythme où l’enfant s’intègre dans la société, notamment à mesure qu’il fait l’apprentissage du langage. La violence, la délinquance et même les homicides trouveraient donc racine non pas dans un quelconque traumatisme de l’adolescence, mais dans la petite enfance. À partir du premier jour d’école, la fréquence des agressions physiques diminue pour ne subsister que chez une minorité de jeunes. Ce sont ceux-là qui "tournent mal", comme on dit...
"Depuis des années, les chercheurs se demandaient pourquoi certains adolescents deviennent des adultes violents et d’autres, non. Ils cherchaient le déclic, le ’onset’, comme disent les Américains. En suivant un groupe de jeunes à partir de la maternelle et jusqu’à l’âge adulte, j’ai dû me rendre à l’évidence. Il fallait regarder avant."
L’équipe du GRIP s’est donc penchée sur une cohorte d’enfants de zéro à cinq ans. Une seconde surprise attendait les chercheurs. "C’est durant la deuxième année de l’existence que les enfants commencent à exprimer de l’agressivité. Nous avons observé qu’une infime partie des sujets mordent, poussent et tirent délibérément les cheveux des autres avant leur premier anniversaire alors que la proportion passe à 80% au cours des mois suivants. Dans certains cas, on peut compter des agressions toutes les 15 minutes, soit plus souvent que pour n’importe quel criminel dangereux", explique M. Tremblay.
Une transformation s’opère à la garderie même, entre la deuxième et la troisième année d’existence. Plutôt que d’arracher un jouet à son voisin, l’enfant dialogue avec lui. Il apprend, bref, à utiliser l’argumentation plutôt que la force pour arriver à ses fins.
Une enquête longitudinale
C’est par l’intermédiaire d’une étude longitudinale que M. Tremblay a pu observer ce phénomène. Une sélection de 551 enfants a été faite par les chercheurs dans le but de les suivre à la trace. Les personnes les mieux placées pour noter les gestes de leur bambin, les mères dans 98% des cas, ont été mises à contribution. Elles ont scrupuleusement tenu à jour un registre. Chaque comportement agressif du bébé était consigné : poussées, coups de pied, morsures et autres gestes batailleurs.
Je présente maintenant mes propres observations :
J’ai observé un frère et une soeur dans la cour de la maison chaque matin (sauf le week-end) pendant 90 jours. La fille avait 3 ans (36 mois) et le garçon 2 ans (24 mois), au début il ne savait presque pas parler. Pendant 90 jours, je les ai vu CHAQUE JOUR se disputer une fois -quelques fois même deux fois- pour la possession d’un jouet. Parfois ils se tapaient parfois ils se griffaient au visage, parfois ils se tiraient les cheveux (rare), trois fois je les ai même vu se mordre pour la possession d’un jouets. Je les ai aussi vu se disputer pour une place sur la balançoire et pour la possession d’un chariot. Je n’ai pas observé d’autres motifs de dispute que la possession de jouets ou autres objets. Deux fois j’ai observé le garçon en rage donner des coups par terre avec sa tête -une fois sur un sol en bois, une fois sur du béton- parce que sa soeur ne voulait pas lui donner le jouet qu’elle avait.
Je présente maintenant les observations que Maria Montessori a écrit dans son livre "L’enfant".
Maria décrit la situation des enfants pauvres en 1900. La situation est extrêment simple : ils ne possèdent aucunes affaires à eux, PAS UN SEUL JOUET.
Maria décrit les 50 enfants pauvres de 3 à 6 ans qu’elle a eu dans son école enfantine en 1906. Elle dit que ce sont des enfants joyeux. BIEN QU’IL Y EÛT A L’ECOLE DES JOUETS VRAIMENT SPLENDIDES MIS A LEUR DISPOSITION, LES ENFANTS NE S’EN SERVAIENT JAMAIS. La caractéristique la plus visible de ces enfants à l’école enfantine est leur activité concentrée sur un travail ; ils sont disciplinés, elle n’observe pas d’agressivité.
Maria décrit ensuite les enfants des les écoles enfantines d’enfants riches : Le sentiment de la propriété attache l’enfant aux choses et les lui fait défendre comme il défendrait sa propre personne. Les enfants se battent avec d’autres pour garder ce qui leur appartient. ILS SE QUERELLENT CONTINUELLEMENT ENTRE EUX, PARCE QU’ILS VEULENT POSSEDER LE MÊME OBJET ET PARCE QUE CHACUN DESIRE CELUI DE L’AUTRE ; et voilà l’origine de réactions bien différentes de l’amour et qui engendrent la lutte et la guerre pour un rien. Ce n’est pas, en réalité, pour un rien ; c’est pour un fait très grave : c’est un mal intérieur et non l’objet convoité qui fait agir.
En résumé :
- L’être humain connaît l’apogée de son agressivité vers 17 mois (chez les enfants élevés avec des jouets).
- Vers deux ans, les enfants se disputent souvent et presque toujours pour la possession d’un jouet ou autre objet.
- Les petits enfants élevés sans jouets sont très rarement agressifs. (N’ayant pas de jouets, ils n’ont pas de motifs de dispute ; jusqu’en 1800 les enfants du peuple travaillaient et n’avaient pas de jouets.)
Ces trois constatations suffisent pour conclure, mais j’ajouterai quand même :
- En 1906 la télévision n’existait pas et pourtant les petits enfants riches se disputaient déjà continuellement. Ce n’est donc pas la télévision qui les rendaient agressifs.
- Vers 17 mois, les enfants ne parlent pratiquement pas. Ce ne sont donc pas des paroles blessantes qui les font se battre.
En conclusion :
Les jouets sont la cause principale de l’agressivité des petits enfants.
Les jouets sont la cause principale de l’agressivité des petits enfants.
Le risque avéré est que ces enfants développent un tempérament agressif qui perdure. Un garçon sur huit parmi ceux qu’on a désigné comme particulièrement agressifs à la garderie manifestera des comportements similaire à l’adolescence, mais alors les agressions sont plus graves.
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