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Accueil du site > Actualités > Société > La classe moyenne américaine est en perdition

La classe moyenne américaine est en perdition

La population américaine appartenant à la « middle class » nous indique peut être avec quelques années d’avance la voie que nous suivons, c’est pourquoi elle mérite tout notre intérêt.

Tout comme la classe moyenne française, la “middle class” américaine a longtemps fourni le plus gros des efforts fiscaux pour garder le navire à flots. Conscients de cet état des choses au coeur de la tempête, les politiques tentent avec du retard de colmater les fuites du navire en perdition. Nancy Pelosi vient d’annoncer qu’elle souhaitait maintenir les réductions d’impôts issues de l’ère Bush pour la classe moyenne. Cependant cette bienveillance apparente envers la middle class a tout du coup de communication politique, et ne doit pas faire oublier à quel point cette population est malmenée.

Divisions de la classe moyenne

Premièrement il existe de vraies disparités à l’intérieur de cette classe moyenne. Une étude d’Ariel investments a démontré que la récession était plus difficile pour la “black middle class” que pour sa contrepartie Wasp. Ainsi près de 50 % des ménages noirs gagnant plus de 50 000 $ par an ont vu leurs compte d’épargne et de retraite fondre à vue d’oeil ces deux dernières années, pour 31 % environ des ménages blancs. Malgré tout, les ménages afro-américains de la middle class sont plus optimistes que les ménages Wasp sur la sortie de crise.

Notons que cette façon de publier des études sur des critères ethniques, si typiquement américaine, présente pour les gouvernants l’immense avantage de diviser pour mieux régner à l’intérieur de cette classe moyenne. On ne sera donc pas étonnés si maintenant ou d’ici quelques années, la France emboîte le pas à ces méthodes visant à désolidariser un groupe qui pourrait autrement être beaucoup plus revendicatif.

Une décennie perdue pour la classe moyenne

Deuxièmement, la situation économique a été très néfaste à la classe moyenne américaine dans son ensemble. L’indice d’insécurité économique est à son plus haut depuis 25 ans. Si les ménages pauvres ont vu leur insécurité économique doubler sur cette période, le rapport de la Rockefeller Fondation insiste sur “l’agitation croissance de la middle class”.

Pour qui serait tenté d’agiter à ce propos le chiffon du fantasme ou du catastrophisme, voici quelques faits tangibles.

Le nombre d’américains sous le seuil de pauvreté a augmenté de 15 % entre 2000 et 2006.

Chaque année de nouveaux contingents viennent grossir ces rangs. Ainsi pour satisfaire un besoin primaire, près de 40 millions d’américains utilisent des coupons alimentaires en 2010, ce qui signifie qu’un habitant sur huit est maintenant dépendant du gouvernement fédéral pour se nourrir. Ce chiffre a augmenté de 21 % en un an, ce qui est considérable et sans précédent récent aux Etats-Unis. Et d’où viennent ces 21 % ? De la classe moyenne évidemment !

Pire, ce déclassement se fait parallèlement à une forte augmentation de richesse d’une infime minorité de la population. Selon Harvard Magazine, 66 % de la croissance entre 2001 et 2007 est allée à 1 % de la population. Les différents hold-up postérieurs à 2007, de la crise des subprimes aux saisies de biens immobiliers et faillites personnelles, ont encore aggravé ces inégalités.

Le taux de chômage réel en 2010 serait de près de 22 %. Ce chiffre inclue les “sous-employés” (le critère U6 du département du Travail américain), et les américains qui désespèrent de trouver du travail et ont cessé de chercher, sortant ainsi des statistiques officielles.

Obama, qui joue avec les vis du cercueil, sent venir le contrecoup politique. Il a beau faire des pieds et des mains pour montrer qu’il s’intéresse au problème, ses paroles restent impuissantes face à la dégradation de la condition de vie des classes moyennes. Le président américain a déclaré sur le sujet : “une récession brutale est venue s’ajouter à ce qui était déjà une décennie perdue pour la classe moyenne”. Jolie façon de dire qu’il n’y est pour rien, et que si ça empire, il n’y pourra rien.

Montée de la colère

Enfin comment ne pas parler de la montée du mouvement populiste “Tea Party”, décrit par ses adhérents comme le parti des américains ordinaires, déçus par l’étatisme et la politique telle qu’elle se pratique aujourd’hui, en résumé déçus je cite par “l’européanisation de l’Amérique”. Voilà qui est cocasse pour des Européens qui ont coutume de dénoncer “l’américanisation de l’Europe”.

Ce parti connaît une popularité croissante, mais il est encore mal structuré et éprouve du mal à formuler des voies politiques alternatives. L’écrivain Lee Harris raconte dans son livre “La prochaine guerre civile”, que la colère actuelle n’est que l’histoire séculaire d’une élite d’experts qui tente d’imposer sa volonté à des gens, dont un bon nombre finit par se révolter”. On comprend que cette “élite” ait du mal à tolérer la montée en puissance de Tea Party, et use de tous les artifices habituels pour le disqualifier. Tout l’enjeu est de savoir si cette colère sera canalisée par le système (peut être l’est-elle déjà ?), ou au contraire débordera de ses structures traditionnelles.

Mais qu’elle agisse politiquement ou non, la classe moyenne est regardée avec condescendance, comme en témoigne cet article du New York Times intitulé : No sex please, we’re middle class. Ce portrait au vitriol décrit l’homme du ménage de la classe moyenne comme un simple rouage d’une machine interne commandée par les femmes. Un homme éternellement garçon qui “porte d’encombrants T-shirts, shorts et espadrilles des classes d’enfant à l’âge mûr.

Une population soumise, infantilisée et interchangeable, qu’on peut railler à loisir, et démanteler morceau par morceau sans trop faire de vagues. La classe moyenne idéale en somme... A moins d’un grain de sable.


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19 réactions à cet article    


  • liberta 26 juillet 2010 10:52


    La classe moyenne dans tout état est l’écran entre les riches et les pauvres et est le boucler contre la dictature

    Ce n’est pas par hasard que les classes moyennes américaines et européennes sont en chute libre

    C’est un programme établi de longue date pour permettre aux Elites supranationaux de continuer de prospérer

    Il faudrait que les populations, conscientes pourtant du déclin des classes moyennes, se rendent compte d’où viennent les coups


    Ill est un devoir citoyen que de diffuser autour de soi la connaissance de qui sont réellement nos

     ennemis et faites découvrir ce qu’est le Nouvel Ordre Mondial à ceux qui ne sont pas conscients

     de cette existence
     




    • Jean Lannes Chris Lefebvre 26 juillet 2010 11:38

      Bonne mise en parallèle


      • lenainbleu lenainbleu 26 juillet 2010 12:03

        Ce n’est pour l’instant malheureusement qu’un ersatz d’article qui ne tient pas du journalisme.

        Vous donnez les variations prévues, mais quelle est l’assiette de départ ? Qu’est-ce que le seuil de pauvreté aux USA  ? A parité de pouvoir d’achat, à quoi correspond-il en France ? Vous parlez de coupons alimentaires, qui y a droit et comment se les procurer ?

        Il faut aussi accepter de traiter ou non des différences raciales. On oppose à l’envie les noirs américains aux blancs américains, ferez-vous la différence entre arabes français et blancs français pour un même article chez nous ?

        L’aspect « les hommes restent des enfants à tout âge » vient conclure l’impression brouillonne de l’article. Il y a un bon fond, mais étayer ses affirmations est la base d’une démonstration.


        • plancherDesVaches 26 juillet 2010 12:37

          Le nainbleu, il faudrait que vous relisiez l’article, pour essayer de le comprendre.

          Je suis trop jeune pour l’avoir vécu, mais mes grand-parents utilisaient des tickets de rationnement, après la guerre.
          Je ne sais pas si vous êtes capable de vous rendre compte de ce que cela signifie.. ??
          (votre question : comment se les procurer peut être prise dans deux sens différents, d’ailleurs :
          - vous en avez besoin ou..
          - vous voulez savoir. Mais franchement, c’est fondammental.. ?? )

          C’est l’étude qui fait la distinction de race. Relisez.

          Bref, votre commentaire semble tout faire pour décribiliser l’article, mais de façon superficielle et sans fondement. Contrairement aux données de l’article qui sont relayées par des sites indépendants qui refusent la propagande du gouvernement US.
          Je vous laisse chercher des informations sérieuses, vous ne serez pas déçu.

          Cordialement.


        • lenainbleu lenainbleu 26 juillet 2010 12:53

          Vous faites erreur en confondant les notions abordées. Les coupons de nourriture ne sont par définition pas des coupons de rationnement. Dans un cas on te donne plus que ce que tu peux avoir en fonction de tes ressources, dans l’autre on te donne moins.

          En France, donne-t-on des tickets resto aux personnes sous le seuil de pauvreté ? J’ai l’impression que c’est bien ce dont il est question ici, et la question est oui fondamentale, car cela signifierait que nos restos du coeur sont institutionnalisés chez eux. Cela peut signifier que la classe pauvre américaine est peut-être traitée de façon différente de la notre.

          Concernant l’argument racial, si l’on ne l’accepte pas, il faut alors ne pas accepter de le relayer si cela provient des autres. Vous feriez donc le choix de reprendre à votre compte une étude raciale faite sur la France depuis les USA ?


        • plancherDesVaches 26 juillet 2010 13:16

          Un parallèle entre coupons d’alimentation et ticket resto... Vous êtes prêt à toute bêtise, on dirait.

          C’est aussi dénoncer le racisme que de noter, JUSTEMENT, que c’est une mode américaine.

          Je ne vous suivrais pas dans votre manipulation, elle est trop visible.


        • Constant Pourpier Constant Pourpier 26 juillet 2010 14:05

          Je n’aurais pas songé à faire cette distinction pour la France, néanmoins cette étude sur les disparités entre noirs et blancs américains existe, elle fait débat, et je ne vois pas de raison de ne pas la citer.


        • Alpo47 Alpo47 26 juillet 2010 12:47

          Comme chez nous, la classe moyenne US doit être pressurée pour que la machine puisse continuer de fonctionner. Du moins, d’après les théories économiques en application.
          Pour ce qui est des petits revenus, on ne peut que réduire leurs prestations et pour ce qui est des plus haut revenus ... pas question d’y toucher, sinon un prélèvement tout symbolique.
          Ne reste donc que les « entre-deux ».

          Juste le résultat de l’action des lobbies et des théories libérales.


          • plancherDesVaches 26 juillet 2010 13:28

            Très juste, Alpo.

            Mais pour ce qui les concerne, des mouvements parallèles ont été obligatoires par faillite de plus de la moitié de leurs états. Soit :
            - licenciement de profs et d’instituteurs par dizaines de milliers,
            - licenciement de policiers,
            - licenciement de pompiers (il faut payer pour que les pompiers se déplacent)
            - libération massive de taulards..
            - effondrement des fonds de pension obligeant les retraités à essayer de retravailler pour survivre.

            Et, cerise sur le gateau, les 300 millions de personnes du pays possèdent 200 millions d’armes à feu.
            On a qu’une envie, c’est de leur dire : « Good luck, cowboys. »


          • pierre781 27 juillet 2010 07:37

            Bonjour

            J’ai du mal à comprendre la phrase suivante :

            « Et, cerise sur le gateau, les 300 millions de personnes du pays possèdent 200 millions d’armes à feu. »


            Petit probléme d’arithmétique 300 - 200 = 100

            Pour les 100 restant ils ont quoi ?


          • pierre781 27 juillet 2010 07:41

            Désolé

            L’heure matinale sans doute .Je pense que c’était le nombre d’armes rapportés au totale de la population (310 millions)

            je vais reprendre un petit café pour me reveiller l’autre neurone


          • zadig 26 juillet 2010 13:30

            A l’auteur,

            Merci pour cet article intéressant.

            Salutations


            • Constant Pourpier Constant Pourpier 26 juillet 2010 14:07

              Salutations, au plaisir de vous lire


            • PAS GLOP PAS GLOP PAS GLOP PAS GLOP 26 juillet 2010 13:42

              La chute de la classe dite moyenne, aura pour effet de fermer le robinet qui alimente depuis des décennies le système d’assistanat de l’état providence. Les milieux de gammes alimentant les services sociaux se retrouveront à sec et alors là... qui va financer le système . Pas les copains du nain en tout cas, tous sous « bouclier » ou à l’étranger. Nous allons nous retrouver dans une situation ou il ne restera plus que des pauvres et des riches. Ces derniers n’étant plus en sécurité nul part , ils seront tenus de se regrouper dans les ghettos de Neuilly ou Monaco entourés de milices privées destinées a assurer leur sauvegarde en attendant de trouver un pays qui pourra leur accorder l’asile financier. Au final les pays touchés deviendrons des zones dans le style de la Somalie . Les pires scenarii catastrophes ne sont pas loin, à moins que....


              • liberta 26 juillet 2010 14:17

                @ pas glop
                c’est exactement ce qui se profile comme avenir dès la disparition des classes moyennes

                Actuellement la Société nest régie par les détenteurs des pouvoirs économiques et ils ont déjà organisés leur avenir bien cloisonné et organisé déjà ses défenses face au « monde d’en bas »

                Il ne faut pas être dans la désespérance mais sans soubresaut populaire je vois mal comment s’en sortir

                Certains futurs parents se posent la question de savoir s’il est raisonnable d’engendrer dans ces conditions

                Nous en sommes là !!!!!!!!


              • W.Best fonzibrain 26 juillet 2010 14:08

                pauvres américains, je suis tristes pour eux.


                leurs élites ont décidé de suicider le pays, c’est quand même fou d’apprendre qu’un américain sur 8 vit des aides de l’état.

                sympa le capitalisme libéral !!!!

                et dire que y’a encore des gens qui ne comprennent pas ce qui va se passer...


                • W.Best fonzibrain 26 juillet 2010 20:18

                  lol 


                  c’est les decisions de l’état qui les ont rendu dépendant de l’état....

                • gogoRat gogoRat 26 juillet 2010 21:19

                  Cette perdition des classes moyennes américaines n’est pas un scoop ...
                   Je me souviens d’un article, datant d’au moins 2008, de l’américaine Elisabeth Warren :
                   - pour qui comprend l’américain, voir cette vidéo : http://www.youtube.com/watch?v=akVL7QY0S8A
                  - sinon, une rapide synthèse peut être trouvée dans cette page (Réponse N°6 ) : http://okidor.free.fr/reflects/thread.php?lng=fr&pg=278&id=1&cat=6#6

                   Qui aura le premier le courage de reconnaître la guerre civile larvée qui couve en occident ?
                  Devrons-nous sur ce plan aussi rester « en retard » sur les Américains ? ...


                  • Lord WTF ! F.F Von F.S A.K.A Long Wurst Franz 27 juillet 2010 01:17


                    La disparition des classes moyennes résultent de leur inutilité dans le système émergent : de fait celui-ci se fondera sur l’existence de deux sociétés parallèles : d’un côté les castes supérieures dans leurs espaces-forteresses et de l’autre le reste de la société évoluant dans un vague et vaste no man’s land composé d’un patchwork chaotique de ghettos, d’enclaves communautaires (ici sans connotation ethnique mais communautés particulières),etc…sous contrôle total&global&technologique de l’hypercaste :

                     

                    les deux sociétés évoluant sans jamais coïncider : la société d’en-bas nourrissant économiquement (ou autrement d’ailleurs) les hautes castes : de fait les classes moyennes qui ont toujours fondé les classes intermédiaires n’auront plus aucune utilité dans un système voué à assurer la pérennité de l’hypercaste : du moment que l’ascenseur inter-classes n’existera plus avec la division verticale de la société en deux sociétés parallèles : qui par définition sont vouées à ne jamais se toucher. Si nous ajoutons l’évolution dans les domaines géno-nano-bio-technologiques : l’hypercaste comptera les premiers transhumains et posthumains.

                     

                    D’où l’importance de cesser de se masturber sur des questions superficielles et d’envisager une fois pour toutes que l’Humanité est aujourd’hui face à la possibilité d’une évolution jamais connue et cela dans toutes les acceptions du terme humanité et dans toutes ses manifestations.

                     

                    Mais bon…le Conditionnement fonctionne et chacun se perd à tergiverser sur tel ou tel modèle social quand le caractère asocial du système qui émerge est évident, d’autres s’astiquant sur tel ou tel modèle politique lorsque la situation actuelle nous renseigne sur la neutralisation accélérée si ce n’est achevée du Politique, et qu’enfin d’autres onanisent sur tel ou tel idéologie, modèle économique, etc…alors que nous sommes déjà en phase post-idéologique, technocratique, et que la valeur du travail humain physique autant que cérébral tend vers zéro…d’où le fait que ce système digne d’un cauchemar SF verra bien le jour : émergence en cours…        

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