La consommation et la fiscalité
Vous consommez ? Lisez cela
Considérations sur la consommation
Je consomme, tu consommes, il/elle consomme, bref nous consommons tous. Le mot est ancien, comme presque toujours en français et le Dictionnaire Historique de la Langue Française (d'Alain Rey aux éditions Robert 1992 et 1998) en donne l'usage au cours des siècles. J'y renvoie les puristes et les curieux.
Toutefois, il y a le mot et il y a la chose, et j'ajouterai la taxe qui s'y rapporte. Dans son acception courante consommer veut dire "faire disparaître par l'usage". Le sens du mot s'accompagne aussi de "consummer". Un matériau inflammable se consumme, par ailleurs la maladie peut consummer un corps, et les abus de tous ordres peuvent mener au même résultat : il y a bien disparition.
Ce qui ne veut pas dire que quand un mariage est consommé, les époux disparaîssent. Soyons tolérants et acceptons les variantes du mot. Tout au plus s'éloignent-ils des regards indiscrets. Tout cela est associé aux anciennes lois et ne concerne pas le concubinage ou les contrats de PACS dont on ne dit pas qu'ils sont consommés ou pas.
Lecteur, soyez indulgent si je propose parfois de remplacer consommation par disparition. Les taxinomistes qui classent les choses en leur donnant un nom sont suivis en cela par les économistes qui mettent un ordre dans la vie des choses. Pour eux, il y a en effet les biens de consommation (courante ou exceptionnelle, mais peu importe) et les biens durables ou d'équipement, et sans doute d'autres catégories, mais ce n'est pas essentiel ici. Si les biens durables restent pendant un certain temps, les biens de consommation sont, eux, frappés de disparition.
Magiciens sans le savoir, tous autant que nous sommes, consommateurs nous faisons disparaître des choses à longueur de temps. Monsieur de La Palice n'aurait pas dit mieux. Mais.
Pour consommer (ou faire disparaître) il faut payer un tribut à l'état. Et c'est là que la TVA fait son apparition. Re-mais, ce n'est pas la disparition qui est taxée, mais la valeur ajoutée à l'objet que vous faites disparaître et que vous avez acquis grâce à la divinité des trois derniers siècles : le marché et les théories qui l'accompagnent. Ce à quoi un esprit habile dira que l'échange commercial est vieux comme le monde et qu'il est normal que l'état s'en serve pour alimenter ses caisses. Cela se discute car la TVA est extrêmement injuste et est le produit d'un abus de pouvoir fiscal et despotique sans précédent.
Cette taxe, intituée en 1954, est passée dans les habitudes. Mais sur quoi est-elle basée ? Cet impôt indirect sur la consommation prétend répartir un impôt sur les différentes phases d'existence d'un produit, jusqu'à son acquisition par l'utilisateur final. C'est ainsi que tous les frais/les charges encourus par le producteur d'un bien ou service sont taxés car ils sont incorporés dans le prix du produit. En taxant le prix final payé par le consommateur l'état effectue un prélèvement sur toutes les charges, quel que soit le nombre d'intermédiaires. Dès que la valeur augmente en passant d'un intermédiaire à l'autre, la TVA s'accroit, mais seulement pour l'acheteur final.
Donc tout est taxé : charges salariales, assurances diverses de l'entreprise, les matières premières ou les services, les équipements divers, et même la comptabilité qui sert entre autres à verser au fisc la TVA, les frais financiers, etc. La TVA se monte à une infime partie de tout cela, bien sûr. Cela s'appelle le saupoudrage et rend la taxe presqu'invisible. On est dans le principe cher à Colbert : “Plumer l'oie blanche sans la faire crier”. L'entrepreneur, lui, ne paie pas cette taxe, bien que les biens et services qu'il utilise lui servent à vendre ses produits et à réaliser des surplus, les fameux profits. Je sais, ils seront réinvestis et serviront à créer des emplois, non sans que l'entrepreneur ne prenne la part du lion dans l'affaire. Le dividende de l'investisseur étant sacré. Ah, me direz-vous, mais les entrepreneur paient une taxe sur les bénéfices des entreprise, les fameux BIC (Bénéfices Industriels et Commerciaux) ! C'est un fait. Mais l'état tire ses revenus principalement de la TVA, à hauteur d'environ 60%. Egalité, quand tu nous tiens !
Injuste socialement la TVA ? Bien sûr et les rapports sur le poids de cette taxe très inégalitaire sur les différentes catégories de revenus a été maintes fois dénoncé. L'état, en vivant du produit de la destruction (souvenez-vous, consommer = détruire) est juste un peu nécrophile sur les bords.
Ha, ha, quelle image funeste ! Comment ? Notre état protecteur et bienveillant, notre providence républicaine se livrerait à cette horreur ?
Autre question : Combien chaque personne paie d'impôts et taxes diverses par an ? Ne cherchez pas la réponse, il n'y en a pas. J'ai aperçu sur ce site, il n'y a pas si longtemps qu'il y avait 360 taxes et prélévements divers. Un cochon n' y retrouverait pas ses petits.
Conclusion, j'arrête de consommer et à mon décès il y aura même une taxe sur mon enterrement. C'est réjouissant, l'état vous accompagne partout, “from cradle to grave”, du berceau à la tombe !
https://fr.wikipedia.org/wiki/Taxe_sur_la_valeur_ajout%C3%A9e
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