La “cumulite“, maladie typiquement française
L’hebdomadaire français Marianne dans son édition de la semaine du 11 au 17 juillet 2009 (No 638) publiait un dossier ayant pour titre “Ces Bastille qui restent à prendre“ où les différents chroniqueurs présentaient les œillères collées à la peau d’une trop grande majorité des “nos frères“ de l’Hexagone comme nous l’a si bien dit votre empereur auto-proclamé. En tant que “frère“, je me permets une courte intrusion dans votre vie politique. Tout en reconnaissant que certains éléments contenus dans ce dossier s’appliquent, en d’autres mots, à la réalité canadienne et québécoise.
Vous avez les salaires fous de vos joueurs de foot, nous avons les salaires démentiels de nos joueurs de hockey. Vous avez, nous avons les mêmes imbécillités de l’orthographe ; c’est la faute à Richelieu, le premier policier de la langue. Vous avez un Sénat jugé comme une anomalie démocratique, nous avons pire, le nôtre est composé de non-élus où les membres sont nommés à partir de critères purement partisans. Ce qui fait que le Sénat canadien est devenu le plus gros centre d’accueil d’hébergement pour personnes âgées ou la plus grande maison de retraite pour les amis du pouvoir. Le Québec, pour son plus grand bonheur, n’a plus de Sénat. Il a été aboli au début des années 1960. Pour ce qui est des niches fiscales et des salaires exorbitants de l’élite financière, c’est match nul. C’est un même match nul pour les tours de taille. Pour les affaires étrangères, nous faisons partie des mêmes clubs. Pour ce qui est de la gouvernance de la Justice, il me semble que nous ayons un net avantage sur votre réalité. D’une façon générale, l’administration de notre Justice est indépendante du pouvoir politique, quoique monsieur Harper, notre premier ministre “canadian“ aimerait bien y mettre son nez ; mais il n’en aura pas le temps. Vous avez votre Commission européenne, nous avons notre Confédération canadienne, ça se ressemble. Pour ce qui est de vos préfets et de votre dictature des maths, ces maux n’ont pas encore traversé l’Atlantique, semble-t-il. Pour ce qui est des éléments plus terre-à-terre comme la crise financière actuelle, la concentration et l’indépendance des médias, l’environnement, les déficits publics et que sais-je, VOUS et NOUS, sommes pris avec le même profil d’acteurs : grands parleurs et petits faiseurs, style moulin-à-vent.
Mais s’il y a un élément de votre réalité qui échappe à mon entendement et à l’entendement d’une forte majorité de vos “frères“ québécois, je ne parlerai pas pour “the rest of Canada“. C’est votre entêtement chronique à endurer depuis trop longtemps le cumul des mandats de votre classe politique à tous les niveaux. Ajoutez à cela la justification défendant cette collection de casquettes, à savoir que “c’est pour le bien de la nation“, comme le souligne le chroniqueur ; alors à quoi a servi votre Révolution du 14 juillet 1789. Vous avez remplacé vos souverains de droit divin, tous titres confondus, par des souverains laïques et qui dans plusieurs cas transmettent leur pouvoir par héritage. Beaucoup de sang aura coulé inutilement. Alors, il ne faut pas vous surprendre du nombre élevé de poursuites pour abus des biens sociaux, comme vous dites. À manger à plusieurs râteliers, se surprendre des abus et des conflits d’intérêts, c’est d’une grande naïveté et vous les faites perdurer par je ne sais quelle obstination.
Ministre, député, sénateur dans votre cas, maire, conseiller, etc… sont des fonctions à temps plein pour servir, pour répondre aux attentes et aux besoins des citoyens-électeurs, ça devrait être une évidence. Cumuler plusieurs fonctions électives c’est la démonstration de l’inutilité et du non-respect de ces fonctions. Comme citoyen, je m’attends à avoir UN maire, UN député, UN ministre, UN sénateur et non pas des demis, des tiers, des quarts de ceci ou de cela. Je passe sous silence les avantages d’abolir le cumul des mandats électifs, le dossier de l’hebdomadaire énumère les avantages. Disons simplement que la démocratie y gagne sur toute la ligne.
Ceci étant dit, encore une fois je m’excuse d’avoir dérangé votre quiétude, mais en tant que “frère“, je vous devais cette réflexion. Nous avons bien accueilli votre ancien premier ministre, actuel maire de Bordeaux et votre actuel président de la Cour des comptes, mais vous les avez repris, alors vous faites ce que vous voulez. Vos cumulards vous appartiennent.
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