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Accueil du site > Actualités > Société > La décroissance : dans les pas de Robert Hainard

La décroissance : dans les pas de Robert Hainard

En 1972 , Robert HAINARD, citoyen suisse né en 1906, naturaliste, graveur, sculpteur, publiait un livre « Expansion et nature ».

C'est sur le chemin de la décroissance qu'il nous amenait, dans un raisonnement à la fois sensible et lucide sur son époque où la consommation matérielle explosait, où la jouissance des biens terrestres ne connaissait pas encore de limites, et où les défenseurs de la nature étaient considérés comme des hommes trop sensibles.

L'amour de la nature ,nature qu'il définit comme est tout ce qui n'est pas l'homme, n'est pour lui pas un refuge, mais une nécessité, « un instinct lucide et profond de la conservation. ». Et la défendre c'est pour les hommes changer leur rapport à l'autre, à ce qui n'est pas soi, c'est se transformer et non pas transformer la nature. Déjà, comme François Terrasson1 ou Jean-Claude Génot2 aujourd'hui, il dénoncait la destruction de la nature par les hommes, sous prétexte de la sauvegarder, de la protéger.

Protéger la nature, c'est revoir notre rapport avec elle, en tirer les ressources qui sont nécessaires pour satisfaire nos besoins élementaires, tout en la respectant. Pour cela, il faut pour l'homme renoncer à sa course à la puisssance, afin que sa dignité apparaisse dans son effacement devant ses actes et non pas comme actuellement dans les empreintes qu'il laisse dans son sillage.

Pour Robert hainard, renoncer à la puissance, ce n'est pas forcément renoncer à la technique, mais faire preuve d'ingéniosité, être efficace et lui donner une dimension supplémentaire, celle de la « discrétion » ; le but étant de créer « un système économique prospère non quand il est en expansion mais à l'état stable ou même en contraction ».

On voit que Robert Hainard, pendant qu'il parcourait les forêts à l'affût de l'ours ou de la fouine, rêvait dejà de décroissance. Car la décroissance ce n'est pas le retour à la bougie, c'est un comportement humain respectueux de tout ce qui nous entoure et qui n'est pas « nous », aidé pour cela de toute l'intelligence que nous avons accumulé depuis des millénaires, et de sciences et de techniques efficaces, qui respectent elle-même la Nature. Est-ce le cas des OGM, du projet ITER, des nanotechnologies ? La conscience humaine n'est-elle pas capable d'inventer des outils respectueux ? Si car elle l'a déjà fait, ne serait-ce qu'avec le vélo !!

Mieux encore, cet homme du début du XX° siècle a posé les bases d'une démocratie éclairée par la science, à l'opposé d'une société technocratique telle que la nôtre où la science mène le bal par devant les citoyens, qui n'ont mot à dire. Pour Robert hainard, « si le spécialiste est juge des moyens, dans sa spécialité, c'est à tous les hommes qu'il appartient d'exprimer leurs besoins, de poser le but. » N'est pas ce que défendent de nos jours Jacques Testard, Christian Vélot avec la fondation sciences-citoyennes ?

Le discours de Robert Hainard est terriblement d'actualité : il nous donne ses réponses pleines de la sagesse d'un homme ancré dans le réel, sur le grand changement qu'il voyait déjà poindre dans nos sociétés et pour lesquelles il cherchait un nouvel équilibre.

Ce livre est à lire, à chercher dans de bonnes bibliothèques, car plus édité.

1La peur de la nature/ En finir avec la nature/ la civilisation anti-nature : édition Sang de la terre

2La nature malade de la gestion : édition sang de la Terre


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4 réactions à cet article    


  • olivier cabanel olivier cabanel 25 octobre 2010 10:59

    @ l’auteur,
    merci d’avoir évoqué ce grand humaniste, écolo avant l’heure,
    j’ai eu la chance, et l’honneur de le rencontrer souvent, pour la bonne raison qu’il était l’oncle de mon beau frere,
    merci pour votre article


    • Francis, agnotologue JL 25 octobre 2010 11:31

      Bonjour Chouette athena. Dommage qu’il n’y ait pas de liens. Un reproche qu’on ne saurait faire à Olivier Cabanel que je salue ici.

      Sans croissance, il n’y aurait pas de laine à tondre sur le dos des moutons. (Proverbe de trader)

      Plus sérieusement, l’autre jour il était question d’intelligence artificielle et des menaces que ces intelligences pourraient faire peser sur l’humanité. Si l’intelligence se définit comme la capacité à se préserver et à construire son bonheur, et si le bonheur d’une multinationale c’est la croissance, alors, les multinationales sont une forme d’intelligence artificielle dotée de pouvoirs monstrueux et sont en train de tuer la terre et les hommes.


      • Jean d'Hôtaux Jean d’Hôtaux 26 octobre 2010 00:02

        Merci à l’auteur d’avoir évoqué la mémoire et l’esprit de Robert Hainard qui était aussi un grand aquarelliste de la nature, tout comme son épouse Germaine d’ailleurs.

        Il était aussi l’auteur de nombreux ouvrages sur la nature et les animaux, dont « Mammifères sauvages d’Europe » qu’il a illustré de croquis et dessins croqués à l’affût, le plus souvent la nuit et durant l’hiver, souvent dans l’est de l’Europe.

        Par ailleurs, une fondation a été créée à sa mémoire ainsi qu’à celle de son épouse Germaine. Son atelier est ouvert aux visites. Il se trouve à Bernex, village situé à une dizaine de km à l’ouest de Genève. Dans le petit parc à côté de la mairie du village, on peut admirer l’une des œuvres plastiques de Robert Hainard : un magnifique loup en bronze sculpté.

        Lire ici l’un de ses récits illustré sur le loup.

        Avec mes excuses à l’auteur si mes propos se réfèrent davantage à Robert Hainard le naturaliste plutôt qu’à l’humaniste ...

        Cordialement !


        • chouette athena 26 octobre 2010 22:29

          merci de ces précisions.
           Ce monsieur a sû rendre vivante la nature qu’il avait devant les yeux aussi bien avec les mots qu’avec le dessin ou la sculpture. Que la nature soit vivante , c’est ce que l’on oublie beaucoup trop souvent. Naturaliste, il l’était , humaniste il l’était aussi car il avait compris que la place de l’homme sur cette Terre est de faire partie de la Nature tout en laissant toute sa place à tout ce qui n’est pas lui.
          Ses livres mériteraient d’être réédités.

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