La faute à qui, ou à quoi ?
Et si la crise n'était la faute à personne, ni à rien ?
Ça voudrait dire que chacun à raison dans son petit coin. Ça voudrait dire qu'on se tape dessus pour rien.
Grosso modo, sur la blogosphère et dans l'esprit des gens, la crise est la faute de quelqu'un ou quelque chose ...
Pour les uns, c'est une sorte de conspiration, c'est la faute à des gens qui ont "triché" ou faussé les lois, ou manipulé les peuples et les gouvernements. C'est la faute aux Américains, aux Chinois, aux Allemands, aux riches, aux étrangers, aux pauvres qui fraudent... Ou bien c'est la faute à Rockeller et compagnie. Soit. C'est possible, et le danger est réel. Mais je ne suis pas partisan de donner trop de pouvoir à ces "gens". Je pense qu'ils agissent en mode "si on ne sait pas pourquoi il y a une crise, feignons de l'avoir organisée". Je pense qu'ils comme les "épouvantards" dans Harry Potter. Ils se vantent, plus ils font peur plus ils ont de pouvoir, mais en fait, il suffit de les ridiculiser pour leur ôter toute influence. En l'occurence, c'est assez facile à faire.
L'autre cible, pour les "penseurs" ce sont certains mécanismes qui sont fautifs. Soit. Certains accusent la loi de 1973 (j'y reviendrai plus tard car c'est faux). Ou bien c'est la faute à l'Euro. C'est aussi possible. Jorion accuse les taux d'intérêts d'être à l'origine d'une trop grande concentration de richesse. Voici ce que je lui réponds :
Le versement d’intérêts serait la cause de mauvaise répartition des richesses ?
C’est peut-être vrai mais ca reste à démontrer. Pour moi c’est un raisonnement d’un autre age, quasi pré-industriel, du moins, pré 3ème révolution industrielle.
- il y a l’inflation (même si elle est censée être sous laisse, dans la pratique on sait tous que sa mesure est biaisée a la baisse).
- il y a l’héritage qui me semble être un mécanisme au moins aussi important.
- tout le monde peut profiter des intérêts s’il le veut … le problème est plutôt que certains savent beaucoup mieux utiliser les armes économiques que d’autres… donc le problème serait plutôt l’ignorance.
- il y a le pic pétrolier per capita de 1979 qui annule les effets de ruissellement (qui étaient pourtant bien réel et visible jusqu’en 1980 – coïncidence ?)
- la mesure de la richesse est biaisée aujourd’hui car (par exemple) une retraite est l’équivalent d’une rente sur un patrimoine très important, du coup les inégalités ne sont pas si importantes que ça. Notre sort c'est quand même beaucoup amélioré.
- le papyboom qui provoque une concentration des richesses dans la classe d’age « vieux » n’a rien à voir avec les taux d’intérêts
- last but not least, la concentration du « capital » est « normale » dans la mesure de l’essor de la robotique … une machine aujourd’hui produit le travail de 100 hommes d’hiers ! Doit on répartir les fruits du travail de la machine envers : les 100 hommes d’hiers ? l’homme qui la conduit ? l’homme qui possède la machine ? Il y a un vrai débat de société qui n’a pas été effleuré par nos « penseurs » qui en sont encore a découvrir internet et google et qui ne perçoivent pas, perdus qu’ils sont dans leurs livres a quel point le monde a changé.
Et si ce n'était ni l'un, ni l'autre ? Et si ce n'était la faute à personne, ni à rien ?
Ça voudrait dire que chacun à raison dans son petit coin. Ça voudrait dire qu'on se tape dessus pour rien.
Donc je dirais que nos problèmes viennent d'une élite cupide et d'un peuple ignorant, et d'un contexte que personne ne pouvait anticiper (pour faire simple : libéralisme + peak pétrolier + internet + papyboom + psychologie collective). Ce que je reproche essentiellement à toutes ces "solutions toutes faites", du genre "il suffirait d'interdire la spéculation" "il suffirait de sortir de l'Euro" c'est qu'elle ne résoudront pas les vrais problèmes.
Les vrais problèmes c'est : la combinaisons de mécanismes+ de gens + de contexte !!!
Évidemment c'est bien plus compliqué à cibler, comprendre, analyser et surtout à solutionner, et à expliquer (aucun politicien ne pourrait gagner de voix avec une telle vision des choses). Il n'en reste pas moins que les "solutions magiques" ne nous empêcherons pas de devoir faire face à des choix... des dilemmes :
- que faire des vieux qui coûtent une fortune en pétro-médicaments ? du soleil vert ?
- on économise de l’énergie (super pour l’écologie) ou on fait de la croissance. L’un causant chômage (et indirectement, famine et mort) de millions de personnes(si on fait ralentir la machine économique), l’autre par empoisonnement !
- que choisir pour ne pas tuer l’innovation et le mérite, mais avoir de la redistribution et de la justice sociale ?
- que faire de ces jeunes désabusés et sans avenir alors que leurs parents ont connus une amélioration continue de leurs conditions de vie sans équivalent dans l’histoire ?
- que faire des machines qui remplacent le travail humain ? et comment répartir le fruit de leur travail ? et que vont faire les gens déclassés ?
- que faire pour ne pas que les réformes « justes » ne provoquent un effondrement généralisé (et des millions de morts) dans ce système financier trop fragile qui ne supporte pas la moindre « contradiction » sous peine d’exploser en plein vol ?
- faut-il sauver les démocratie alors qu’elle ne fonctionne correctement qu’en temps d’abondance et de redistribution et pas en temps de pénurie et de chacun pour soi ?
La finance mondiale n'est pas "mauvaise", elle est juste adaptée au contexte de croissance (exponentielle) et donc inadaptée au peak oil. Il faut (faudrait) donc en inventer une autre. Malheureusement l'intelligence collective n'est pas le fort de l'homme (visiblement). Donc, pour l'instant, on continue de foncer droit dans le mur, pas de solution qui n'émerge, nulle part.Pour être exact, il y a des petits bouts de solutions à droite à gauche, des bonnes intentions, quelques idées de bon sens, mais rien de global, de systémique. On sent bien qu'aucune des solutions ne marcherait sans une remise à plat globale, car il y a trop de problèmes en même temps, inter-reliés.
Il se pourrait même qu'on soit face à un problème qui dépasse l'intelligibilité ...
Et si l'humanité devait, pour s'en sortir, faire un saut qualitatif dans l'intuition et laisser (du moins pour certains choix) son intellect au vestiaire ?
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