La femme saoudienne, cette éternelle enfant...
La condition de la femme est bien triste en Arabie saoudite. Pendant que chez nous, en Europe, certains se demandent si, oui ou non, les féministes peuvent-elles apprécier Sex and the City, la femme saoudienne, elle, reste un peu comme une éternelle enfant qui doit perpétuellement demander la permission pour faire quelque chose au “mâle” auquel elle est rattachée, c’est-à-dire son père ou son mari. Demander la permission pour faire quelque chose sous-entend demander pour travailler, étudier, voyager, se marier (dans le cas du père) et même recevoir des soins de santé... L’accès à la justice est bien entendu très difficile pour elles.
C’est l’ONG, Human Rights Watch, basée à New York, qui souligne toutes ces aberrations dans un rapport intitulé “Perpetual Minors : Human Rights Abuses Stemming from Male Guardians and Sex Segregation in Saudi Arabia”, réalisé suite à une centaine d’entrevues avec des femmes saoudiennes. Human Rights Watch conclut à la suite de cette étude que la société saoudienne sacrifie délibérément les droits humains les plus basiques, afin de perpétuer ce contrôle de l’homme sur la femme. Et quand on pense que les plus dignitaires religieux du pays justifient ce régime en affirmant que cette “préservation” de l’honneur des femmes est la clé de l’ordre social et moral du pays, on se dit simplement que c’est à vomir !
Pour le reste, le rapport est un enchaînement d’éléments plus hallucinants les uns que les autres. Les femmes saoudiennes n’ont même pas le droit de prendre de décisions pour leurs propres enfants. Pas possible pour elles donc de leur ouvrir un compte en banque, de les inscrire à l’école ou de voyager avec les enfants sans une note écrite du père... On dépasse le Mach de la connerie profonde à ce niveau-là...
Human Rights Watch met également en avant le fait que les femmes n’ont pas accès aux agences gouvernementales qui n’ont pas de section spéciale pour femmes (oui ça existe des trucs comme ça...) sans accord du “mâle dominant” (je ne vois plus comment l’appeler autrement au fur et à mesure que j’écris). Pour celles qui ont l’immense privilège de travailler dans des bureaux, elles sont parquées dans des espaces à part, alors que les étudiantes pour leur part sont bien souvent défavorisées pour une raison ou une autre... Et on atteint des sommets en ce qui concerne la violence. Il est très difficile pour elles d’avoir l’opportunité de dénoncer à une cour de justice des abus de la part du “mâle dominant” et quasiment impossible légalement de briser cette dépendance imposée à un homme, même en cas d’abus...
En gros, pour une femme saoudienne, atteindre l’âge adulte n’apporte aucun droit, seulement son lot de responsabilités, puisque le droit saoudien leur permet par contre d’être coupable de crime. La seule bonne nouvelle, là-dedans, c’est que les femmes sont interdites de conduire au royaume du pétrole... Bon allez, ça va, je vous vois déjà venir... Simplement un trait d’humour, pour souligner l’action de 47 femmes, majoritairement des universitaires, qui le 6 novembre 1990 avaient bravé l’interdit de conduire pour protester contre cette injustice parmi tant d’autres... Plus récemment, le 10 mars dernier, c’était Wajeha Al-Huwaider, une féministe saoudienne qui avait pris le volant et s’était filmée en train de conduire pour célébrer le Jour de la femme. La vidéo est sur le billet original du blog. Elle n’a rien d’extraordinaire en soi, mais vous avez sans doute compris la portée du geste...
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