La fermeture du site de Clairoix par Continental : 1120 salariés bientôt à la rue.
Continental a annoncé le 11 mars son intention de fermer le site de Clairoix (1.120 salariés). Il s’agit de la plus importante fermeture programmée en France depuis le début de la crise à l’automne dernier.
L’usine fermera le 31 mars 2010. Mais les premiers licenciements interviendront dès octobre 2009.
Les justifications de cette cessation d’activité, selon la direction de Continental :
L’effondrement du marché mondial et les coûts de production, trop élevés par rapport aux autres sites du groupe.
Face à une forte baisse du marché européen du pneu (-30% en janvier-février 2009), Continental explique qu’il produisait près de 15 millions de pneus en trop par an. L’écart de prix avec les sites de Korbach et Aix-la-Chapelle avoisinerait 20 à 50 centimes par pneu et même 4 euros avec le centre de fabrication situé en République tchèque.
En 2007 pourtant, un accord signé par la CFTC et la CGC prévoyait qu’en échange d’un passage du temps de travail hebdomadaire de 35 à 40 heures, 130 intérimaires seraient embauchés et, surtout, que la pérennité du site serait assurée jusqu’en 2012.
Mais le principal actionnaire de Continental, le groupe bavarois Schaeffler, rencontre un grand nombre de difficultés. Il y a neuf mois, Schaeffler a pris le contrôle de 49,9% de Continental pourtant trois fois plus gros... en empruntant près de 11,2 milliards d’euros ! La dette de Schaeffler s’élèverait désormais à près de 20 milliards d’euros. Et il pourrait devoir céder une partie de Continental à quelques-uns de ses créanciers : les banques UBS ou Commerzbank.
La légalité de la procédure en cours remise en cause devant le tribunal :
Mardi, les salariés de Clairoix ont toutefois obtenu une petite victoire. Le procureur de la République a demandé au tribunal des référés de Sarreguemines (Moselle) d’enjoindre la société Continental à suspendre la procédure de fermeture. Le tribunal de Sarreguemines statuera le 21 avril sur la légalité de la procédure en cours.
Les critiques des syndicats :
Les syndicats affirment que la direction a décidé de fermer le site avant d’en informer ses partenaires sociaux. Par ailleurs, ils dénoncent la violation des accords de 2007 et soulignent que l’usine de Clairoix a dégagé 17 millions d’euros de bénéfices en 2008. Selon eux, il n’y aurait donc aucune justification aux licenciements. Hormis la volonté de produire moins cher en délocalisant....
Des salariés endettés pour l’achat de maisons qui ne valent plus rien :
Cette fermeture aura des conséquences dramatiques sur les employés de l’usine, dont une grande majorité se sont endettés afin d’acquérir des maisons dans le périmètre de leur travail...
Combien sont-ils parmi les 1.120 futurs licenciés à devoir rembourser encore pendant 5, 10, 15 ou 20 ans les crédits de la maison dont ils rêvaient ? « Un paquet », s’inquiètent les syndicats (interrogés par Mediapart).
"Aujourd’hui, ils ont encore un salaire stable. Demain ils n’auront plus de job, et ne voient pas comment leurs allocations chômage leur permettront de rembourser leur emprunt".
Le journal Mediapart est parti à la rencontre de ces employés désespérés...
"On a agrandi la maison d’une pièce et on a donc dû réemprunter l’an dernier. La direction savait forcément qu’il y avait des difficultés financières depuis quelque temps. Pourquoi n’ont-ils pas dit : "C’est tendu. Ne vous endettez pas dans les mois qui viennent" ? Mais non. Ils ont préféré annoncer ça du jour au lendemain. »
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