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La généalogie, une passion en hausse, parce que le passé rassure ?

Plus de six Français sur dix s’intéressent à la généalogie, et ont déjà entrepris des recherches sur leur famille ou leur nom. Ce loisir n’est pas seulement réservé aux retraités, 65% des moins de 35 ans ayant déjà fait des recherches [i] Une dépêche AFP titre « les français dans les arbres pour rechercher leurs racines »

Il est vrai que les français se passionnent pour la généalogie mais aussi pour la nostalgie. Dès 20 ans, les « copains d’avant » préoccupent les jeunes, qui vont faire des recherches sur Facebook, obsédés par la reconstitution de leur « tribu ». Ils vont aussi danser sur des reprises de tubes des années 70. Et, plus âgés, et surtout arrivés à l’âge de la retraite, ils vont consacrer une partie de leur temps libre à la généalogie. Quelle famille, quel que soit son milieu social, ne connait pas un de ses membres « chasseur d’ancêtre », qui, patiemment, essaie de reconstituer l’arbre généalogique de chaque lignée ?

 Pourquoi ?

Tout d’abord, aujourd’hui, la vie s’allonge en se morcelant. Les marqueurs de vie rythment l’existence. Un mariage sur deux fini en divorce, et l’enfant est devenu la base de la famille, en lieu et place du couple. En passant de la norme au lien, le nouvel esprit de famille recherche la qualité des liens. La famille devient « verticale » avec moins de monde à chaque génération, mais plus de générations présentes, quatre, souvent. Logiquement, face aux métamorphoses de la famille contemporaine, les lignées rassurent.

Se rassurer avec le passé

Nous baignons aussi dans une ambiance nostalgique. A la télévision, aux heures de grande écoute, à la radio, dans les fictions. Tout le monde cherche à se rassurer avec le passé. 

Si certains généalogistes recherchent des « contrats de révélation » de succession, le plus souvent, c’est à la « recherche de soi » qu’ils partent … Dans la modernité, et dans cette société immédiate, nombreux sont ceux qui vont puiser dans l’historique de leur famille les socles de leur propre identité. Ils le font par contraste avec la société contemporaine, qui ne laisse pas l’individu produire sa propre individualité.`

Facilité par Internet…

C’est aussi de plus en plus facile, et il n’est plus nécessaire de faire appel aux « mormons » pour remonter un arbre généalogique : les moteurs de recherche d’Internet sont magiques et ouvrent la voie à des recherches plus approfondies. Les associations locales de généalogies se réunissent, (350 associations regroupent à peu près 70 000 personnes) souvent dans les locaux des archives municipales. En entrant dans la recherche de ses ancêtres, le généalogiste amateur va reconstituer les fils de sa propre existence, et jouer au détective dans le champ imaginaire de ses racines.

Un arbre généalogique ou un arbre de transmission ?

Certains recherchent inconsciemment plus qu’un arbre généalogique : un arbre de transmission. Pilotes, ou pêcheurs de lignée, à la recherche des carnets de souches de leur famille, ils ont le sentiment de rentrer en communication avec leurs aïeux, de rajeunir les vieux de la vieille, de dépasser leurs propres parents. Certains y trouvent un moi double et reconstituent, au milieu des lustres éteints, des personnalités prédicteurs d’avenir… Dans un monde incertain, par essence, le passé rassure.

 « Pour savoir où l’on va, il faut savoir d’où l’on vient », dit ce vieil adage populaire. Il retrouve aujourd’hui l’impérieuse nécessité, pour chacun, d’avoir une conception intime de sa propre existence. Une approche qui se fera aussi par des signes, des photos, des lieux, et toutes choses qui font exister le fait que ce qui se transmet, en famille, c’est aussi la famille elle-même comme bien.

Transmettre…

L’essor de la généalogie traduit-elle aussi un repli sur la sphère privée ? Peut-être, mais à la marge. Je pense qu’elle n’a rien à voir avec le retour des femmes au foyer, ou l’allaitement durant six mois des nouveaux nés par exemple. Je pense qu’elle peut être comparée plutôt à un voyage.

Etre voyage et promenade….

Un voyage différent de cette vision de Bossuet, pour qui l’homme est un voyageur qui voudrait s’arrêter pour jouir des charmes de l’endroit où il passe et qui est empêché de le faire par une force inexorable qui lui crie « Marche ! Marche ! » et ainsi il est conduit infailliblement au bord du précipice qui lui fait horreur et où il va s’engloutir…

Ce serait plutôt un voyage dans lequel la Mort n’est plus seulement un terme ultime et fatal, mais devient l’instrument de découvertes possibles. Une promenade qui permet de créer un vide, de creuser un intervalle dans nos occupations et préoccupations quotidiennes et nous permet de découvrir ce que nous n’aurions jamais eu l’idée de chercher…


[i] Sondage IPSOS Mai 2010


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