La Hadopi continue de faire parler d’elle
L’autorité administrative qui devait disparaître avec l’arrivée des socialistes au pouvoir est toujours là et compte bien le faire savoir ! En effet, le Collège de la rue Texel rappelle aujourd’hui que le piratage n’a pas non plus disparu, et qu’il souhaite poursuivre sa mission…
Une autorité indépendante suspendue au gouvernement !
Avec l’acte 2 de l’exception culturelle version Pierre Lescure et Aurélie Filippetti, la Hadopi devait voir ses compétences transférées au Conseil Supérieur de l’Audiovisuel. Une mission a priori facile à réaliser puisque la ministre de la culture s’était opposée à la création de cette autorité administrative indépendante… Pourtant il y a quelques jours, l’autorité de la rue de Valois s’est montrée moins assurée de ses convictions, rappelant aux micros de France Culture que « supprimer le gendarme du P2P n'était pas si facile » tout en précisant que son budget de fonctionnement avait été « préservé pour quelques années ».
La Hadopi, entre libertés publiques et vie privée
Malgré les tensions qui s’exacerbent sur le sujet, on est loin de la querelle entre les anciens et les modernes : il s’agirait plutôt d’un duel de dames ! On se souvient notamment de la brouille entre Aurélie Filippetti et Fleur Pellerin sur les marches du festival de Cannes… De son côté la nouvelle secrétaire d’Etat Axelle Lemaire n’a pas souhaité s’immiscer sur ce terrain des libertés publiques, même si elle a subtilement glissé ne pas être « certaine qu'il faille étendre les pouvoirs du CSA à Internet », avant d’ajouter, « ce sujet est traité par Aurélie Filippetti. Je considère que c'est à elle de s'en occuper ». Une prudence de rigueur quand on connaît le sort réservé à la candidature de Rémy Mathis de Wikimédia France, site qui a eu le malheur de citer ouvertement sa relation très privée avec l’ancien secrétaire d’Etat UMP, Frédéric de Saint-Sernin.
Sanctuariser la culture : des incantations à la réalité budgétaire
Déjà pendant la campagne présidentielle, la promesse de sanctuariser le budget de la culture avait fait couler beaucoup d’encre, depuis les coups de rabot n’ont pas exempté le portefeuille dédié à la création. Pourtant, Manuel Valls récidivait encore il y a quelques jours en affirmant « garantir les budgets de la création »… Première victime de ce double discours (dans les médias et au Parlement), la Hadopi a encore fait entendre sa petite musique en rappelant que « sur les 6 millions d'euros prévus, seuls 5,6 millions ont été versés, le solde étant pour l'instant "gelé". Et tout dégel parait très improbable »... Courageuse et diplomate, sa présidente Marie-Françoise Marais a même réclamé une subvention « sensiblement supérieure » pour 2015 !
La Hadopi et le piratage : hausse réelle ou baisse relative…
Au milieu des discussions budgétaires et des batailles d’égo, le phénomène du téléchargement illégal continue ses mutations sur le web 2.14… La dernière étude publiée par l'Association de lutte contre la piraterie audiovisuelle (ALPA) montre que les pirates profitent des latences de nos institutions. En effet, « leur nombre, qui avait un peu régressé en 2011-2012 à environ 12,4 millions d'internautes, a nettement augmenté en 2013 ». Eric Walter (SG Hadopi) tente de nuancer la portée de l’étude et son activité au passage : « on regrette de réelles zones d'ombre méthodologiques » aurait-il ainsi déclaré en insistant sur la hausse du nombre d'abonnés au très haut débit pour avancer une baisse relative du piratage. Paralèllement, Eric Darmon précise dans son étude Graduated Response Policy and the Behavior of Digital Pirates « qu’aucun résultat ne permet d’affirmer que les mesures du type HADOPI en France ou IPRED en Suède ont significativement permis de réduire le nombre de « pirates » », même s’il semble bien que le P2P et le téléchargement direct, laissent progressivement place au streaming…
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