La lente agonie des travailleurs : lutte pour le bien-être au travail
La plupart des travailleurs souffrent d’un mal-être au sein de leur entreprise. On constate aujourd’hui de très forts taux d’absentéisme notamment dans la fonction publique. Cet article tente de trouver les causes de ce phénomène et met en lumière des moyens d’amélioration du bien-être au travail.
Le bien-être au travail
Le domaine de la prévention est en constante évolution, il s’agit bien là d’anticiper le nouvel axe de bataille de la prochaine décennie. La prévention des risques au travail s’est améliorée, le nombre d’accident et de maladie professionnelle diminue grâce à la réglementation (Code du travail, décret 85, directive de 89…) qui n’est désormais plus ignorée. L’absentéisme est par contre stagnant, voire en progression. Cet absentéisme grandissant est malheureusement bien trop souvent lié à un sentiment de mal-être de l’individu dans sa sphère professionnelle. Les préventeurs en sont conscients et de nouveaux leviers sont à actionner pour faire face à ce problème que nous ne pouvons plus désormais ignorer.
Le sentiment de bien-être au travail est une nécessité évidente pour chaque salarié. La perversion de cette notion : stress positif, aptitude à supporter la pression… légitime les employeurs à user leurs salariés jusqu’au burnout*. L’employé moderne se doit d’être stressé. Les conséquences de ce mal-être se traduisent rapidement par une avalanche de problèmes : drogue, alcool, comportement dangereux, angoisse, dépression… la descente aux enfers est amorcée. L’objectif, énoncé dans la directive européenne du 12 juin1989, stipule nettement qu’il faut adapter le travail à l’homme et non l’inverse. Il faut également adapter l’homme à l’homme dans sa sphère professionnelle.
Les sources du mal-être au travail sont multiples et complexes, chaque individu a sa propre échelle de fragilité, sa propre façon de percevoir les événements qui l’entourent. Les solutions existent, le challenge est de les appliquer et de les concrétiser.
I) L’absentéisme, un souci de tous les dirigeants des collectivités
L’absentéisme est un problème majeur auquel tous les dirigeants des collectivités doivent désormais faire face. Les observatoires misent en place donnent des résultats alarmants : 13 %dans la FPT. Les raisons de l’absentéisme sont dans la majorité des cas liées aux conditions de travail. Il est important de comprendre les raisons de ces absences, pour que le travail de prévention soit ciblé à la source et puisse porter ses fruits. L’absentéisme régulier désorganise et déstabilise le fonctionnement des services. Une personne absente va augmenter la charge de travail de ses collèges, ceux-ci vont à leur tour être victime de surmenage et vont subir un stress supplémentaire. Il devient alors de plus en plus difficile de sortir de cet engrenage.
Dans le système actuel peu de solutions existent pour pouvoir sortir de ce cercle vicieux. Il existe des solutions de répression, notamment celle mise en place par la ville de Paris. En effet, des médecins vont contrôler les agents absents et identifient les malades imaginaires. Cette solution répressive ne peut pas être efficace sur la durée, elle oriente les agents vers du présentéisme. Le présentéisme est une notion qui signifie que la personne est physiquement présente à son travail, mais psychologiquement absente. Le malaise subsiste. Les fonctionnaires sont victimes de leur réputation qui ne portent pas d’éloge à leur égard. Les administrés français sont de plus en plus exigeants et tolèrent très difficilement les lenteurs et les lourdeurs imposées l’administration. Les premières victimes, impuissantes face à ce phénomène, sont les agents de nos collectivités. Les attentes et la façon de vivre des administrés à changé depuis ces vingt dernières années. Le challenge des managers est de s’adapter, en supprimant premièrement le mal-être généré en interne. Les tensions intra services et les frustrations des agents apportent un malaise perceptible. Le public est loin d’être compatissant et au contraire devient de plus en plus agressif.
On distingue différentes sortes d’absentéisme, les arrêts maladies, les retards, les congés sabbatiques, les accidents de travail… Le taux d’absentéisme est un indicateur de la santé physique et mentale des travailleurs. Une augmentation de l’absentéisme est significatif d’un malaise qui résulte bien souvent d’un changement mal vécu par les employés, changement d’organisation, changement de mode de management, arrivé ou départ d’une personne… Inversement la diminution de l’absentéisme résulte d’un changement qui apporte une amélioration des conditions de travail, simplifier l’organisation, améliorer le management, valorisation et reconnaissance du travail… Un meilleur agencement de l’espace de travail, une bonne fluidité de la communication entre les agents et les supérieurs sont peu de choses qui améliorent considérablement le climat professionnel. Identifiez et changez !
II) Notion de bien-être et de mal-être
La notion de bien-être est très subjective, elle peut varier considérablement selon les individus. Des petits détails futiles, indescriptibles, incompréhensibles parfois, peuvent nous faire basculer de l’enthousiasme à la morosité. La physiologie, le vécu des individus, leurs sensibilités, leurs échelles de valeurs… sont autant de paramètres qui jouent sur l’humeur et la sensation de bien ou de mal-être. L’homme au travail s’épanouit naturellement grâce à des facteurs gratifiants. Ce n’est pas l’aspect pécuniaire qui prédomine, mais plus un aspect humain. La bonne humeur dans une équipe de travail est essentielle pour l’épanouissement des individus. On ne demande pas aux gens de participer à un jeu télévisé sur une île déserte avec une bande de constipé caractérielle pour tester leur résistance à la vie en collectivité. Un minimum de savoir-vivre et de tolérance permettra sûrement de mieux supporter vos collègues ou bien de leur dire, sans arrière-pensée, que l’histoire de leur canari enrhumé ne vous intéresse pas spécialement, surtout au bout du 6e récit. Il faut développer les facteurs d’amélioration du bien-être des individus.
Le stress comme le bien-être sont des notions contagieuses. Il est donc important d’amorcer un élan collectif orienté vers un objectif commun : le bien-être de tous. La démarche consiste d’abord à se situer personnellement, analyser sa propre situation. Cela passe par le travail que vous effectuez, est-ce qu’il vous convient ? Etes-vous en harmonie ou en contradiction avec ce que vous faites quotidiennement ? C’est à vous de voir. La personne en activité doit être à l’aise au poste qu’elle occupe par rapport à sa qualification. Trouvez de la satisfaction ! La reconnaissance du travail rendu est un élément essentiel de l’épanouissement de l’individu. Cette reconnaissance que tout le monde cherche ne se trouve pas nécessairement dans l’inscription chiffrée en bas de la feuille de paie. On reproche, on critique, on dénigre le travail de l’autre. Félicitations et remerciements sont rares. Le « good job ! » à l’anglo-saxonne est peu répandu dans nos contrées latines. Apprécier et reconnaître le bon travail des personnes qui nous entourent n’est pas compatible avec notre société de compétitivité individualiste. C’est bien dommage. A quand date la dernière fois que votre supérieur vous a tapé sur l’épaule en vous adressant un : « bon travail ! » avec le sourire ? La reconnaissance, l’écoute, l’estime et la valorisation sont des notions fondamentales que les managers doivent intégrer. Un management humain, couplé à une organisation claire, simple et précise contribuent de façon efficace à l’épanouissement de tous les acteurs de l’entreprise.
Les causes du sentiment de mal-être sont multiples. Elles résultent d’une inadaptation, d’ordre technique, humaine ou organisationnelle, de la personne dans sa sphère professionnelle. La législation a contribué très nettement à améliorer les niveaux de sécurité des outils, des machines ainsi que des phénomènes d’ambiances de types : sonores, climatiques, lumineux… Les lacunes dans les connaissances professionnelles sont palliées par les formations, consignes, procédures, recyclages, habilitations, de sorte que les salariés se sentent confiants face à la réalisation de leurs tâches. Mais pour orchestrer tous les facteurs énoncés ci-dessus, il faut une solide base qui se situe dans le triptyque : organisation, management, communication. Les causes profondes du malaise s’ancrent dans les lourdeurs imposées par une organisation contraignante et parfois illogique. Elle sert d’instrument aux décideurs pour défendre des intérêts personnels et leur éviter de se remettre en question. Une mauvaise organisation de travail figée, une communication inter-individus jonchée d’incompréhension ainsi qu’un management subjectif concourent à un réel climat malsain. Le malaise au travail résulte d’une inadaptation humaine d’une personne dans sa sphère professionnelle.
III) Les actions à développer
Les actions à mettre en place, vous l’aurez compris, doivent améliorer le système de management, la communication et simplifier l’organisation. Organisation est un mot proche d’organigramme. Qui peut faire quoi ? La réponse est rarement claire. La première étape passe par là : définir clairement les champs de compétence et de responsabilité des individus. J’ai un problème ! Allons se faire écouter par la personne qui peut le résoudre, et donc qui va le résoudre, grâce à une explication rationnelle et pragmatique des choses. Paperasse, procédures administratives, visas... sont lourds et ligotent sans intérêt votre liberté de travailler.
Simplifions donc tout ça ! Pour ce qui est de la communication et du management, des formations et des stages de communication existent et sont très efficaces, reste encore à vouloir remettre en question sa politique autruchienne. Il y a pourtant de très bonnes raisons à cela.
IV) Les arguments pour lancer une politique tournée vers l’amélioration du bien-être
L’humaniste que je suis vous dira : quoi !? Il faut des arguments solides, démontrer par A + B les raisons pour lesquelles on veut améliorer le bien-être de son prochain !! Le bonheur n’est-il pas quelque chose à quoi nous aspirons tous ? Tout le monde n’est malheureusement pas, par nature, de cet avis. Convainquons ceux qui ont une liasse de dollars dans la poitrine et une caisse enregistreuse dans la cervelle. Sur le plan économique, il est indéniable que le salarié heureux est plus productif, plus performant et donc plus rentable. Il est également moins accidenté et moins absent (ce qui coûte cher) car ses conditions de sécurité et de travail sont améliorées.
Des chiffres ?! OK : en France, selon une étude, 80 % des problèmes de dépression seraient liés aux conditions de travail. 54,2 % des fonctionnaires s’estiment harcelés (étude effectuée par le Conseil économique et social le 11/04/01), 10 à 20 % des dépenses de la branche accident de travail / maladie professionnelle seraient directement liées au stress (étude INRS). Selon le BIT, la suppression d’un facteur de risque au travail représente une économie de 150 $ et la dégradation d’un facteur de risque au travail représente une perte de 350 $.
Conclusion
Travail, labeur, ma vie à ton service, ma seule source pécuniaire, censée me servir à acheter ce bonheur impalpable et pourtant si bien commercialisé. Labeur et bonheur : deux mots qui riment si bien, qu’attendons-nous pour les fusionner ?
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