La maltraitance infantile : fatalité ou fait de société ?
Même si aujourd’hui on en parle autrement, la maltraitance des enfants n’est pas un phénomène récent. C’est la prise de conscience de ce problème, la médiatisation de certaines affaires et l’élaboration de textes législatifs (convention des droits de l’enfant par exemple) qui ont transformé notre perception de cette forme de violence.
Un exemple parmi tant d’autres
Dans des circonstances encore à déterminer, une dispute a éclaté dans un appartement à Charleroi. celui-ci est occupé par une couple d’une vingtaine d’années, une jeune femme qui a un bébé d’une précédente union et son concubin, avec qui elle vit depuis peu.
L’enfant âgé de 17 mois a reçu une série de coups.
Il a été admis en clinique porteur de nombreux sévices sur le corps, le personnel soignant a rapidement alerté les autorités judiciaires.
L’enfant, grièvement blessé, semblerait être entre la vie et la mort.
Le mandat d’arrêt du beau-père ne fait aucun doute, reste à déterminer le degré d’implication de la mère du petit Andy.
Le sujet est fréquemment relevé, toutefois beaucoup trop d’enfants sont encore et toujours victimes de maltraitance. Celle-ci n’est malheureusement pas toujours apparente.
De surcroit, ces petits martyrs sont souvent inconscient du préjudice infligé, ils s’imaginent coupables ou responsable de la situation, l’agresseur exploite cette ignorance et exerce sur sa proie une certaine emprise qu’il s’évertue à entretenir.
La maltraitance se traduit sous divers aspects
Il y a les violences physiques, ce sont effectivement celles que l’on dépiste aisément. Elles laissent des empreintes sur le corps de l’enfant : hématomes, brûlures, fractures, entailles,...
Il y a aussi les négligences lourdes de conséquences, telles que le défaut d’alimentation, de soins, d’hygiène ainsi que des conditions matérielles de vie intolérables (une chambre sans lit, sans lumière, sans chauffage,...)
Les violences psychologiques
Ce sont les agressions verbales, les humiliations, traiter régulièrement un enfant différemment de ses frères et sœurs, lui faire croire qu’on le rejette ou que l’on éprouve de l’aversion pour lui, se comporter d’une manière qui porte atteinte à son identité, le terroriser, le contraindre par l’intimidation, le placer dans un milieu inapproprié ou dangereux, ou menacer de l’y placer, obliger un enfant à être témoin d’actes de violence envers un membre de sa famille ou un animal qu’il aime.
La violence sociale est moins tangible mais tout aussi pénible à vivre
L’enfant qui subit des violences au sein de son foyer aura tendance à se replier sur lui-même et à éviter le contact avec les autres, ses camarades de classe le jugeront peu fréquentable, le rejetteront, c’est une forme de violence sociale dont les enfants ne sont bien sûr pas conscients.
La maltraitance sexuelle
Elle est très médiatisée à l’heure actuelle. De tous les sévices ? elle est la plus insupportable pour l’enfant. L’adulte maltraitant profite de sa position pour imposer à l’enfant un autre langage, son discours, sa domination en matière sexuelle. Il exerce alors un abus d’autorité.
L’intimité de la victime est alors volée et violée, cette agression intolérable est d’une cruauté sans précédent. Cet acte sera accablant pour son avenir, ses conséquences tant sur le plan physique que psychique le tourmenteront tout au long de son existence.
Ce type d’abus est fréquemment retrouvé dans le milieu familial mais peut être imposé par un tiers : enseignant, connaissance, voisin.
Le syndrome du bébé secoué
Le nourrisson peut lui aussi subir de multiples actes de violence. Parfois excédés par les pleurs incessants de leur bébé, des parents le secouent en espérant le faire taire.
Ce geste n’est pas anodin car il s’agit d’une véritable agression provoquant des séquelles irréversibles.
Secouer un bébé d’une manière aussi violente et répétée entraîne une oscillation de la tête. Le cerveau est alors écrasé contre la boite crânienne, ce qui peut entraîner des lésions importantes des tissus ainsi qu’une enflure, voire occasionner la mort du nourrisson.
Les signes de la maltraitance
Il n’est pas toujours aisé de repérer si un enfant est ou non maltraité. Toutefois, certains indices peuvent nous permettre de poser un tel diagnostic :
- Des ecchymoses, des hématomes, des plaies trop fréquentes ;
- Des traces de coups inexpliquées ;
- Des griffures ;
- Des brûlures ;
- Des fractures multiples ;
- Des morsures ;
- Des difficultés scolaires soudaines ;
- Un état dépressif ;
- Une forme de régression ;
- Des fugues ;
- Des troubles du sommeil ;
- Des troubles alimentaires ;
- Un refus de s’exprimer sur les difficultés qu’il vit ;
- Des propos ou des jeux sexuels inadaptés à l’âge de l’enfant ;
- Des infections génitales à répétition.
La parole de l’enfant
On dit les enfants bavards, leur imagination souvent débordante.
Pourtant, il existe un domaine où les enfants font attention à ce qu’ils disent, celui des violences dont ils sont victimes. L’enfant maltraité, silencieux, se protège inconsciemment en gardant sous silence les abus dont il fait l’objet. C’est pour mettre un terme à l’horreur vécue qu’il se décide parfois à en parler.
Ne pas prendre ses propos au sérieux, c’est exercer sur lui une nouvelle violence. Cependant, certaines affaires récentes ont remis gravement en cause la prise en compte de la parole des enfants dans le cas des violences, quelles qu’elles soient.
Tournons nous avec émoi vers tous les enfants et adolescents gravement maltraités dans le monde, celles et ceux que l’on massacre dans les conflits armés, que l’on oblige à travailler comme des esclaves, que l’on jette à la rue ou que l’on fait se prostituer, les enfants-soldats et tant d’autres...
Il n’y a pas de fatalité
Lutter contre les mauvais traitements infligés aux enfants relève de l’engagement de toute notre société.
Un système de protection judiciaire de l’enfant en danger a été mis en place progressivement, mais les efforts doivent se poursuivre, notamment par l’engagement encore plus grand des acteurs sociaux et judiciaires.
Pour prévenir les risques de maltraitance envers les enfants, il est nécessaire également :
- de promouvoir l’écoute des enfants dans tous les lieux où l’on discute de leur protection, ainsi que dans le milieu scolaire ;
- pour les familles vulnérables, réduire les facteurs de risques susceptibles de générer de la maltraitance et leur apporter un soutien psychologique ainsi qu’un suivi ;
- prêter une attention particulière aux enfants de nature taciturne. C’est aux enseignants et à l’entourage de prévenir d’un danger éventuel ;
- ne pas ignorer ce qui peut se passer à côté de chez soi, tout en prenant garde aussi de ne pas sombrer dans la paranoïa.
Il est temps d’agir pour que le sujet fasse partie de notre vie, d’autant plus que nous risquons à tout moment d’y être confronté. Pensons-y !
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