La mama, le vaudou et la dette…
Les affaires se suivent et se ressemblent. Récemment, le démantèlement d'un important réseau de prostitution à Grenoble et Strasbourg et une affaire jugée devant le tribunal correctionnel de Troyes ont à nouveau mis en lumière les particularités du proxénétisme africain (en l’occurrence nigérian), largement organisé par des femmes, anciennes prostituées devenues des « madames ».
![](http://www.agoravox.fr/local/cache-vignettes/L150xH226/vaudou_afrique_prostitution_gf-a8d71.jpg)
Depuis une dizaine d'années, la prostitution africaine n'a cessé d'augmenter en France. D'abord camerounais, ses réseaux de proxénétisme se sont étendus aux pays anglophones, Nigeria, Ghana, Sierra Leone. En se nourrissant de la pauvreté et du manque de perspectives offertes aux jeunes femmes dans ces pays et en abusant les plus naïves par le biais d'Internet, des cyber-cafés locaux et des agences matrimoniales, ces réseaux agissent comme tous les autres les autres réseaux de type mafieux. Là où s'arrêtent les comparaisons, là où se situe leur perversité autant que leur redoutable efficacité, c'est dans leur caractère quasi-familial.
Profitant d'un système culturel traditionnellement basé sur l'entraide, les proxénètes utilisent la figure du chaperon pour se faire confier des jeunes filles. Qu'il s'agisse de les héberger durant leurs études ou de les embaucher dans un salon de beauté, la promesse de prise en charge est le plus souvent formulée par une femme, tante ou amie, qui a déjà « réussi » en France. En toute confiance, les familles contractent alors une dette très lourde (entre 50 et 70 000 euros) envers cette « mama » pour que s'organise le passage et l'installation de leur fille en France.
Le ju-ju, croyances ancestrales et loyauté familiale.
Pour garantir le succès de cette entreprise de migration sous des cieux soi-disant meilleurs, on clôt toute l'affaire par une cérémonie vaudou appelée ju-ju, encore très pratiquée en Afrique de l'Ouest. Avec ce rituel durant lequel le sorcier prélève des cheveux, poils ou rognures d'ongles de la jeune fille concernée, on scelle une promesse de remboursement qui lui sera sans cesse rappelée, par la force s'il le faut, et qui sert de base à son exploitation dans la prostitution. Moyen de pression psychologique extrêmement puissant, cette cérémonie est souvent réitérée en France, au moment où la vérité du « travail » à fournir est révélée.
Trahies par leurs proches, logées à plusieurs dans de minuscules appartements sous la surveillance perpétuelle d'autoritaires « mamas » qui confient à leurs frères, compagnons ou maris le soin de les former, de les frapper ou de les violer, brutalement plongées dans l'enfer de la prostitution ou de la pornographie la plus dégradante, les jeunes femmes sont exploitées pendant des années pour venir à bout des milliers d'euros qu'a prétendument coûté leur venue en France.
Prisonnières de ce système de proxénétisme « matriarcal », certaines d'entre elles finiront à leur tour par devenir l'une de ces femmes à qui les familles confient leurs enfants en toute confiance. Selon l'Office central de répression de la traite des êtres humain (OCRTEH), 39% des proxénètes en France seraient des femmes. Après avoir été prostituées elles-mêmes, ces femmes perpétuent ainsi un cycle ininterrompu de violences et de contraintes…
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