La parité des sexes dans les conseils d’administration : un gain en matière d’efficacité
Les avancées législatives installent progressivement une culture de la parité au niveau de la direction des entreprises. De nombreuses études, comme celle de l’Apec, et la plupart des dirigeants concernés, à l’exemple de Laurence Danon, considèrent que cette évolution ne se fait pas au détriment de l’efficacité, bien au contraire...
En janvier 2011 a été promulguée la loi Copé-Zimmermann. Celle-ci prévoit d'instaurer des quotas obligatoires, afin d'assurer une féminisation progressive des conseils d'administration, et semble apparaître comme l'aboutissement d'une longue série de décrets. C'est en effet dès 1983 que la loi Roudy, première loi concrète en matière d'égalité professionnelle entre hommes et femmes, avait été ratifiée. Celle-ci avait eu pour enjeu la modification du code du travail, ainsi que du code pénal : toute discrimination sexiste en milieu professionnel allait désormais être passible de sanctions. En 2001, la loi Génisson venait renforcer ces mesures, en définissant plus précisément les axes de mise en œuvre. Enfin, en 2004 et 2006, deux lois viennent encore appuyer la parité, en encourageant par l'apport de moyens financiers et humains la conciliation de l'activité professionnelle et de la vie familiale, principal frein sociétal à l'évolution des carrières féminines en entreprise.
Pour autant, le « plafond de verre », s'il peut apparaître moins étanche, n'est sans doute pas brisé pour autant. Et pour cause, la loi votée au début de l'année passée continue de faire débat. D'aucun diront que la réussite des femmes doit être désormais, au même titre que celle des hommes, assurée par des critères de mérite. D'autres pensent au contraire que la loi doit continuer d'accompagner un changement des mentalités qui ne peut, à terme, qu'être bénéfique pour les entreprises.
En effet, selon une étude menée par l'Apec rendue publique en février 2012, la position des entreprises sur cette question est pour le moins complexe, d'autant que s'observe souvent un décalage conséquent entre le dire et le faire. Marie-François Leflon, présidente de l'association, n'hésite d'ailleurs pas à user de termes sévères. Selon elle, de nombreux dirigeants restent figés dans des postures de déni, car si 69 % des entreprises françaises de plus de 1000 salariés considèrent que la parité est envisageable, 64 % reconnaissent pourtant que les postes à responsabilité sont majoritairement occupés par des hommes. Par ailleurs, les entreprises tendent à percevoir leur propre situation comme égalitaire, ou en voie de normalisation, alors qu'elles émettent un jugement plus sévère concernant l'ensemble du secteur.
Enfin, lorsque les entreprises doivent formuler une hiérarchisation de leur priorité RH, l'égalité des sexes arrive plus que rarement en tête du classement, et souvent bien après le développement des compétences ou la question des parcours professionnels, voire celle des seniors. De fait, 40 % des entreprises françaises interrogées jugent la dernière loi sur la parité « contraignante », puisqu'elle leur impose des restructurations profondes, alors même qu'elles doivent faire face à d'autres problèmes jugés prioritaires en terme de rendement et d'efficacité.
Néanmoins, cette position semble de moins en moins tenable. En effet, l’étude de l’Apec révèle, et elle n'est pas la seule (une autre de l'OCDE menée en 2009 aboutissait aux mêmes conclusions), que la présence de femmes dans les conseils d'administration permet non seulement d'enrichir le bassin des talents à exploiter par l'entreprise, mais également d'assurer de meilleures relations humaines entre les employés, et de favoriser une atmosphère de travail propre à maximiser l'efficacité des diverses activités de l'entreprise. Les expériences dont font état les hommes et femmes eux-mêmes siégeant au sein de directoires paritaires confirment unanimement le résultat de ces études, voir ainsi cette interview toute récente, publiée par Ekonomico, de Laurence Danon, ex-PDG du Printemps, qui dirigeait la branche Corporate Finance de la banque Edmond de Rothschild avant d'être nommée à la direction de la banque Leonardo & co :
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