La parité en politique : un cache-sexe !
Si elle part d’une idée humaniste, la parité des sexes en politique détourne l’attention : elle nous éloigne des problèmes de fond qui plombent la société et la démocratie.
"La parité en politique est une connerie".
Ce propos lâché par une de mes amies m’a fait réfléchir.
L’égalité entre hommes et femmes reste à conquérir dans bien des domaines. Pourtant, cette société, qui a souvent peur d’elle-même, a choisi de favoriser prioritairement la parité en politique. Vrai combat ? Pas sûr. Je ne veux pas dire qu’il faille dénigrer certaines actions, par exemple le travail de proposition de la députée de Moselle Marie-Jo Zimmermann. Mais la réalité sociale laisse apparaître d’autres priorités, y compris, d’abord, du point de vue de l’égalité des sexes. Si nous commencions plutôt par imposer aux entreprises de donner le même salaire aux personnes (femme ou homme), à compétences égales ? Et si nous laissions les femmes diriger des sociétés, des missions, des services lorsqu’elles en ont tout simplement les capacités ? A compétences égales, les différences restent énormes dans le monde du travail : chez les cadres et les professions intellectuelles dites « supérieures », il y a seulement 36% de femmes. En ce qui concerne les salaires, chez les moins de trente ans, les femmes gagnent en moyenne 19% de moins que les hommes. Après quarante ans, l’écart se creuse pour atteindre 24%.
Parité = cache-sexe
Alors, pourquoi imposer la parité en politique ? Posons-nous la question du point de vue du mâle au pouvoir. Lorsque dans les autres domaines l’égalité des sexes n’est pas acquise, la parité des candidats et des élus de la démocratie n’est peut-être qu’un cache-sexe, une idée de mec, un alibi macho. Bien sûr, les féministes y voient un progrès de l’égalité citoyenne. C’est vrai sur le principe. Mais en réalité, depuis plus de soixante ans que les femmes ont le droit de vote, pourquoi n’ont-elles pas plus largement occupé le champ politique, les coulisses et les appareils du pouvoir ? Si peu de femmes rejoignent les partis politiques pour y militer et y prendre des postes, que c’est aussi peut-être parce qu’elles méprisent le pouvoir, qui n’a souvent rien à voir avec le service du citoyen. C’est aussi peut-être parce que le système politique ne les intéresse pas, ou qu’elles en ont compris - mieux que les hommes - les méfaits et les blocages. Un député comme Christian Blanc le sait bien et le dit : l’action politique à l’Assemblée nationale est verrouillée par le régime des partis. En matière de parité hommes-femmes, les mouvements politiques ont réussi à conserver leur pré carré (très masculin). Si un parti ne présente pas 50% de femmes aux élections législatives - comme le veut la loi - il s’en sort simplement avec des pénalités financières retenues sur l’aide publique destinée aux mouvements politiques. La loi a donc créé ses propres contournements, au profit des mêmes, toujours et encore : les partis qui ont de l’argent ! Autrement dit, les appareils traditionnels, tenus pas les hommes, n’ont guère de raison de s’inquiéter.
A quoi bon revendiquer des idées et des convictions dans un système verrouillé ? A quoi sert aux femmes de se mettre en avant, ou de présenter des identités singulières et une certaine indépendance d’esprit, lorsque les appareils politiques ne supportent pas la contestation sur les bancs des assemblées que les partis ont eux-mêmes façonnées ?
Finalement, les femmes paient donc les méfaits du système en place. Et puis nos épouses, nos mères et nos amies sont peut-être plus pragmatiques que les hommes : elles ont mieux à faire que de patauger dans un marigot.
Au fond, placer autant de femmes que d’hommes sur les listes électorales, ce n’est peut-être qu’une caution de bonne conduite pour les hommes au pouvoir. La domination masculine du pouvoir reste préservée : « elles » ont eu leur siège à l’élection, et le système est bien gardé. Personnellement, j’avance une hypothèse : la relative faiblesse de l’implication féminine dans les partis et le débat politique est peut-être la meilleure preuve que la parité est une vraie connerie. Et l’on comprend que des milliers de femmes préfèrent agir concrètement dans des associations utiles.
La parité imposée en politique ne règle pas les problèmes de fond qui comptent aujourd’hui : la redistribution de la démocratie vers la France d’en bas, l’ouverture des idées en dehors du champ des partis, et la fin de ce centralisme qui pousse au conformisme ou - pire - au populisme.
Pour aller plus loin : le site de l’observatoire de la parité
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