La pression de la rue
Si pour les uns, la rue est et doit rester un lieu public et non un lieu de culte, pour d’autres, l’occupation de la rue comme lieu de culte est justifiée par le manque de mosquées dans certaines villes et renvoient les Pouvoirs publics à leurs responsabilités.
En France, au nom de la liberté de religion, il ne peut y avoir de statistiques officielles émanant d’informations concernant les appartenances ou opinions religieuses des citoyens. Il en résulte que le moyen de connaître statistiquement les convictions religieuses de chacun est le sondage d'opinion, sur un échantillon représentatif de la population, ce qui donne une large fourchette d’évaluation de 3 à 9% de la population française, sur lesquels l’estimation de musulmans pratiquants s’élèverait à dix pour cent. La question relative aux lieux de culte est donc un sujet primordial de réflexion entre la communauté musulmane et les Pouvoirs Publics.
Mais une grande majorité des réactions exprimées sur ce sujet, dont celles de musulmans pratiquants ou non, manifestent surtout la crainte d’une mise en cause des valeurs de la République, notamment, du respect de la séparation des Eglises et de l’Etat et de la laïcité.
Sur ce dernier point, le Parti Socialiste a corrigé sa position initiale, après les déclarations de membres du Conseil national du Parti socialiste qui estimaient que la vice-présidente du FN "s'attaque directement à la laïcité qui garantit la liberté du culte à toutes les religions, et aux principes constitutionnels qui établissent l'égalité absolue de tous les citoyens et fondent la République".
Le porte-parole du PS, Benoît Hamon, a estimé le surlendemain sur RMC et BFM-TV, que les prières de musulmans dans la rue constituaient « des situations qui ne sont pas tolérables beaucoup plus longtemps (…) Il faut arriver à une discussion, à une négociation avec un calendrier, un échéancier pour trouver des solutions en termes d'espaces dans lesquels les fidèles peuvent exercer leur culte mais pour libérer aussi l'espace public".
Après avoir mêlée sa voix à la vindicte des partis politiques contre les propos de Marine Le Pen sur les prières de rue, le Parti Socialiste reconnait implicitement que « l’occupation » de la rue comme lieu de prières est inacceptable et justifie de « libérer l’espace public », par les déclarations de Benoît Hamon.
La lucidité électorale du Parti Socialiste l’emporte sur l’aveuglement d’une opposition idéologique au Front National. Car, avec le changement des cadres dirigeants du F.N, la classe politique va devoir corriger son angle de tir pour atteindre une cible qui a bougé, au risque de provoquer un phénomène de ricochets et d’être touchée en plein…chœur de ses contradictions !
Gérard Bellec
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