La prostitution, marchandisation du corps ou service d’intérêt public ?
Le recours aux prostituées est un ersatz, un succédané de sexualité pour ceux qui ne peuvent avoir d’autre type de relation sexuelle avec une femme, car ils sont trop laids, trop stupides, trop timides ou trop égoïstes pour tenter une autre forme de relation. La prostitution est aussi délétère pour ceux qui ne voient en ces femmes qu’un moyen de se vider les glandes sans état d’âme et pour qui ces filles ne sont rien d’autre que des objets et des machines à jouir. Mais pour ceux qui ont toujours la capacité de séduire des femmes dites normales, mais qui se satisfont en parallèle des relations tarifées, les prostituées peuvent être de petites reines, des femmes émouvantes dignes d’intérêt, bien plus que les petites bourgeoises qui se dandinent en provoquant du bout des fesses, se la jouent canaille ou qui écartent les cuisses tout en pensant à leur chef de bureau, à leur loyer ou à leurs copines de soldes. Celui qui méprise les putes ne sait pas à côté de qui il passe et traduit par son dédain une piètre image de lui-même. Les prostituées que l’on rencontre sous toutes les latitudes peuvent se révéler comme des personnes respectables et dignes de considération quand on apprend à les connaître. Celui qui a la chance, l’intelligence ou l’intuition de passer plus de temps à discuter, à les regarder vivre plutôt que de baiser et remonter illico son pantalon après l’acte découvrira parmi les filles réprouvées et montrées du doigt des personnalités nettement plus intéressantes et attachantes que ces pseudos bourgeoises constipées qui vont les snober et quelquefois leur faire dépenser nettement plus qu’une professionnelle. L’homme devrait garder à l’esprit que ce sont toujours les femmes qui ne demandent rien qui coûtent le plus cher. Il faut cependant admettre que la relation humaine sera faible avec une fille pratiquant l’abattage, la pipe au bois ou montant avec le client montre en main dans un hôtel borgne en enlevant juste le bas. Mais dès que le temps n’est pas uniquement limité à celui de la passe, comme c’est le cas pour certaines call-girls ou les filles de bars des régions tropicales qui ont le temps de boire des bières et de rester la nuit, l’homme esseulé va découvrir un autre monde. Un monde où il ne faut pas rêver, ni chercher le grand amour, mais tout simplement une relation humaine non polluée par l’argent dépensé et accepté. Le paiement de l’acte sexuel est malheureusement trop souvent ressenti par le client comme une humiliation et une initiative avilissante dont il faut avoir honte, alors qu’il est capable sans sourcilier de rémunérer un Polonais ou un Pakistanais au noir pour lui poser ses papiers-peints ou lui biner son jardin. La prostitution est une sorte d’échange de bons procédés entre celui qui a et qui paye et celle qui a besoin et demande. Il faut se dire qu’au lieu d’offrir des fleurs on donne l’équivalent de celles-ci en numéraire et l’on a alors l’illusion passagère que le grand amour commence par un gros billet. Ce n’est donc pas la fille qui se dégrade en se prostituant, mais le client quand il se comporte mal avec elle. Et puis, un homme peut être gentil, apporter des toasts au lit à une fille qui s’y prélasse, payer un petit jouet à l’enfant d’une « pute », lui offrir un verre ou des fleurs un jour où elle a ses règles sans aller jusqu’à l’épouser ou vider pour elle son compte en banque en dépenses irraisonnées. On peut être à la fois attentionné et généreux sans se faire plumer et ratisser comme un cave. Il n’y a rien de déshonorant pour un homme à être pris pour un tiroir-caisse, encore faut-il que l’intéressée y mette la manière et de la bonne volonté sans dire « my money » en pleine réalisation de l’acte.
Une prostitution débarrassée du proxénétisme est possible. C’est l’interdiction et la répression qui crée ou du moins entretiennent la tutelle des maquereaux. Et plus la répression est grande, plus la clandestinité s’installe avec ses réseaux mafieux qui tiennent les filles en main. Le principal problème des états face à la prostitution n’est donc ni moral ni sanitaire, il est avant tout d’ordre fiscal. Comment encaisser des taxes sans tomber dans la répression et sans encourager les filières criminelles de domination. Si les prostituées pouvaient exercer en totale liberté, elles n’auraient pas besoin de souteneurs, tout juste d’agents de sécurité pour les protéger des sadiques, des malades mentaux et des détrousseurs. Un peu comme les boites de nuits utilisent des videurs déclarés et imposables. Il suffirait de réglementer cette nouvelle profession d’assistants techniques. Resterait le problème des mineur(e)s et de l’émigration illégale, mais il deviendrait marginal, surtout si les peines pour exploitation étaient sévères et exemplaires. Tant que la loi ne sera pas dissociée de la morale, les prostituées en feront les frais au nom d’un mélange d’hypocrisie et de pragmatisme qui veut cacher et officiellement interdire sans réellement supprimer. L’attitude prohibitionniste des états, même ceux qui se disent démocratiques comme la Suède est motivée par le désir de mettre la poussière sous le tapis et rien d’autre. Les Suédois en manque vont baiser en Finlande, dans les pays baltes ou dans les Eros Centers allemands ou tout simplement sur des bateaux off-shore. Une motivation plus récente vient des féministes absolues qui tentent de détruire toute forme de jouissance masculine par haine de la virilité et idéologie paritaire. La répression de la prostitution et non celle du proxénétisme entre dans la même ligne moralisatrice que celle du blasphème, de l’obscénité ou de l’injure. La prostitution regardée comme une transaction commerciale avec ses règles et sa tarification n’a rien de choquant. Pas plus que le travail à la mine ne l’est une fois assurée la sécurité physique et sanitaire des travailleurs du secteur.
Le recours à la prostitution pour femmes joue dans un tout autre registre. Les « clientes » sont encore plus discrètes que les hommes quand elles ont recours à des prestations sexuelles rémunérées. En dehors d’un nombre restreint de personnes aisées ayant passé la cinquantaine qui ont recours à des escort-boys, les femmes rechignent bien souvent à cet artifice. La mentalité féminine ne peut se satisfaire d’hommes qui feraient les chandelles au pied d’hôtel de passes et avec lesquels elles pourraient monter pour un petit coup rapide. Elles rêvent de galants chevaliers qui paieraient l’addition de façon ostentatoire, offriraient des fleurs et ouvriraient les portes avec déférence, même s’il fallait signer un chèque ou sortir sa carte de crédit en fin de prestation. Et enfin, la censure morale et religieuse qui s’est imposée durant des siècles réfrène l’expression du désir féminin ; le sentiment de honte et de ridicule empêche le corps de s’exprimer quand la séduction naturelle ne suffit plus et que la femme refuse de se contenter de rogatons sur le retour. Par contre, le tourisme sexuel pour femmes matures en région tropicale tend à se développer, quelquefois il s’agit d’amours de vacances, d’autres fois, la femme s’attache et c’est alors que les ennuis et les désillusions commencent. La Schengen face européenne, ou son équivalent américain, la Green Card face est pitoyable, quand abusée et sous le charme, elle ramène dans ses bagages un beau mâle qui ne rêve que cadeaux, visa et titre de séjour. Malgré tout, quel que soit le sexe, l’âge ou la nationalité des partenaires occasionnels ou constants, on peut toujours se poser la question de la sincérité de celui ou celle qui est en situation d’infériorité économique. Mais là, c’est une autre histoire, comme aurait dit Kipling.
En dehors de la pédophilie qui est devenue un délit même quand elle est pratiquée hors du pays d’origine du délinquant, le tourisme sexuel pose avant tout des problèmes d’ordre économique avant de se placer dans le registre moral. Notons cependant que les pays réputés faciles d’accès pour ce genre d’activité sont le plus souvent ceux où il existe déjà une prostitution réservée aux ressortissants nationaux qui ne se comportent guère mieux, sinon pire que les étrangers avec les prostituées. Mis à part quelques bars et clubs asiatiques ou africains qui attirent les étrangers et sont répertoriés dans les guides touristiques, l’immense majorité des lieux de prostitutions officiels ou clandestins sont fréquentés avant tout par des citoyens du pays. Les prostituées sont par contre quelquefois des ressortissantes de pays limitrophes encore plus pauvres ; ainsi les fameuses Ghanéennes, Dominicaines, Cambodgiennes et Birmanes qui essaiment dans toutes leurs sous-régions (beaucoup de Thaïlandaises ayant désormais tendance à migrer dans les salons de massage européens). La rémunération outremer d’un acte sexuel avec un partenaire majeur libre de son choix n’est donc pas plus choquante que dans le pays d’origine du touriste. La relation richesse/pauvreté existe ailleurs que dans le domaine sexuel tant dans les nations développées que dans les pays du Tiers-monde. Dénoncer alors l’injustice sociale uniquement au niveau sexuel tient de la plus haute hypocrisie. Combien d’expatriés ont à leur disposition du personnel domestique qu’ils ne pourraient se permettre s’ils étaient restés chez eux. Et même, s’ils rétribuent ce personnel au dessus du cours du marché, cela leur revient nettement moins cher qu’en Europe. On comprend mieux alors que dans le domaine du sexe commercial, la relation économique soit de même type. Certains moralistes s’offusquent de cette marchandisation du corps, mais ils oublient qu’en Europe, la tentation est aussi importante de vendre ses charmes même occasionnellement et en y mettant les formes avec des hommes ayant des moyens financiers. La prostitution tant masculine que féminine dans les pays pauvres diminuera sans disparaître quand la rémunération du travail et le pouvoir d’achat global de la population augmenteront et qu’il existera des débouchés professionnels attractifs pour les jeunes femmes non qualifiées. En attendant, continuons à les regarder comme les femmes honnêtes décrites par Nietzsche ; le plus souvent, elles le sont bien plus que nombre de celles que l’on dit irréprochables.
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