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La question identitaire comme horizon multiple et essentiel à notre époque

Ces temps-ci, les réflexes identitaires, assortis de questions identitaires, hantent les préoccupations de bien des contemporains qui, à titre personnel ou collectif, se sont mis dans la tête que l’identité est une valeur importante, déterminante, fournissant un sens à l’action et à la conscience. Qui suis-je et comment puis-je l’affirmer, le montrer, le revendiquer, sur la base de ce que je sais de mon identité et de la valeur que je lui attribue ? Voilà une option offensive. L’autre option, défensive étant tout aussi évidente. L’altérité menace mon identité, comment lutter contre cette attaque et me préserver d’une différence mettant en péril le cours assuré de mon être ? Voilà une interrogation d’actualité. Entre ces luttes identitaires, quelques interstices laissent la place au doute et à l’agnosticisme qui, comme en religion, s’applique à l’identité au point qu’on se demande si l’identité n’est pas devenue l’objet d’un culte et d’une croyance. Je crois en une cause ou en une personne car elle défend les valeurs identitaires dont je me suis fait également le héraut. Quant aux agnostiques, ils sont en quête d’identité et se demandent qui ils sont, dans des contextes et des époques déterminées. Les observateurs parlent alors de crise identitaire et c’est un phénomène d’actualité. Mais pas nouveau. La vie moderne a déraciné d’un environnement leur conférant identité des tas de gens, et plus particulièrement les paysans. Le phénomène est bien connu et, semble-t-il, accompli chez nous, constaté du reste par de Gaulle qui en a pris acte, sachant que le processus ne pouvait être stoppé ; alors qu’il prend son essor dans la plupart des pays émergents.

Si l’on retourne trente ou quarante ans en arrière, les questions d’identité étaient moins présentes, excepté quelques revendications régionalistes. Le monde misait sur la nouveauté, la subversion, les avant-gardes, le métissage, le changement, l’avenir, la rupture avec les traditions du passé. Mais, maintenant, une sorte de crise identitaire semble gagner les sociétés à tous les échelons. Qui suis-je ? Voilà une question posée en filigrane par les nations, les entreprises, les associations, les communautés, les villes et les individus. Nous sommes parvenus aux frontières du narcissisme universel, phénomène du reste pointé par Lasch dans la société américaine des années 1980. Disons un travers observé sur les élites et maintenant sur les masses. Car le souci de l’identité ne doit pas être pris négativement. C’est même une nécessité que de savoir se représenter, de se connaître, pour agir et s’orienter dans l’existence. C’est l’obsession de l’identité qui pose problème et ce sont les crises d’identité qui troublent les individus et, notamment, ceux ayant la charge de représenter des ensembles plus ou moins vastes, nation, cités, institutions...

Le phénomène de la crise d’identité est devenu une tendance forte dans l’actualité. Nombre d’intellectuels, pas tous mélancoliques, ont récemment évoqué une Europe à la recherche de son identité. Alors que les origines chrétiennes de l’Occident ont suscité nombre de débats politiques, mettant au centre du questionnement une mention de ces origines religieuses dans les textes institutionnels. Le 19/02/08, Le Monde titrait sur la crise d’identité et les moyens de la justice financière, faisant notamment état des desseins de la ministre Dati. Ces crises sont plus ou moins récentes. En 2001, un article consacré aux projets urbains des villes européennes faisait état de cités en quête d’une identité, de valeurs, de questionnements sur la fonctionnalité urbaine et les architectures déployées. Actuellement, les villes sont en quête d’une identité vertement durable, cherchant leur agenda 21. Brice Hortefeux n’est-il pas ministre incluant dans son intitulé l’Identité nationale, suite aux propositions énoncées par le candidat Sarkozy et qui ont fait débat ? En vérité, les historiens le savent, la question nationale a toujours été présente, parfois avec passion, voir le tournant des années 1900, parfois en sourdine, comme dans les années 1970 où l’on rêvait d’un monde nouveau. Alors que la guerre froide opposait deux blocs campant sur des positions définies. Mais, maintenant, en Espagne (voir les débats pour les législatives), en Russie, au Kosovo, en Serbie ou ailleurs, les nations reviennent sur le devant de la scène avec selon les lieux des crispations nationalistes.

Une digression avec l’immunologie. Le système immunitaire sait distinguer les cellules de l’organisme des envahisseurs exogènes. Selon la thèse autopoïétique, la plus certaine, s’il en est ainsi c’est parce que le système génère des processus opérationnellement clos qui maintiennent l’intégrité et la stabilité du vivant. Cette thèse a permis d’échapper à des visions naïves de la mécanique vivante, mais se trouve limitée en ne sachant pas séparer un volet formel et un aspect dynamique hérité de la cybernétique. Autrement dit, l’homéostasie et l’identité. Il y a fort à parier que l’organisme intègre des éléments qui n’appartiennent pas à son identité, mais qui ne représentent pas de menace, alors qu’il se défend contre des cellules issues de son identité, mais qui ont échappé au contrôle (les souches cancérigènes). Digression achevée.

L’identité d’un groupe, d’une communauté, d’une nation, revêt des aspects multiples, le premier étant de faire fonctionner un ensemble de manière cohérente, en jouant sur la poursuite d’un même objectif par chacune des parties, des membres. C’est le cas d’un Etat nation ou d’une entreprise. Quand l’identité s’allie avec la puissance, elle sert des opérations offensives sur des différences, ou alors des opérations défensives. Les cas sont si triviaux qu’aucune référence historique ne sera citée. Mais, au présent, ces mécanismes d’offensives et de défenses identitaires sont largement présents et, semble-t-il, se sont amplifiés ces deux dernières décennies. Avec le paroxysme du génocide rwandais qui paraît être d’un autre âge, celui d’avant l’Antiquité. L’identité est une valeur qui s’instrumentalise assez facilement, et permet de lancer les masses dans des opérations plus ou moins coordonnées. Nous sommes ici dans la sphère du politique, du conflit, d’un pseudo-religieux par lequel l’identité devient un objet de culte et dévotion servant les intérêts de ceux qui savent en tirer profit. Bref, une identité aussi dévoyée que ne le fut la religion au temps des guerres de religions.

Une identité revêt aussi un aspect plus spirituel, cognitif, affectif, culturel, esthétique. Le film de Dany Boon est parfaitement emblématique de ce volet acceptable pour ne pas dire profitable, au sens de partage et d’éthique, de l’affirmation non agressive d’une identité. Une manière de dire qui on est et d’en tirer quelque fierté, au risque de virer au narcissisme. C’est valable pour une population régionale, le Nord en l’occurrence, mais on peut aussi être fier d’être Niçois, Marseillais, Breton, amateur de métal, pêcheur, modéliste ou amateur de vins classés. Les identités servent à donner du sens, fonctionnant dans un dispositif cognitif de reconnaissance, et permettant une orientation dans l’existence. Une identité se travaille, se forge, s’apprécie, possède une authentique saveur. Elle peut se partager. Elle peut aussi être un refuge dans un monde changeant, devenant incertain, déstabilisé par une profusion d’images et des comportements intempestifs exercés parfois pour le plaisir de nuire et, de ce fait, se donner une efficience quand on est dépourvu de contenu. Mais c’est de bonne guerre, un peu de provoc ne nuit pas à la société. Chacun ses moyens pour se donner une existence, car telle est la destinée de l’homme, se donner une existence en plus de la vie qui lui a été donnée par la Nature !

L’identité détermine la conscience tout en étant le produit de cette conscience, dans un processus dialectique assez évident. A notre époque où l’idéologie, le progrès, l’espérance n’ont plus trop la cote, la valeur identité, émargeant sur l’esthétique, le culturel, le religieux, le sens, prend un ascendant dont les avantages sont avérés, mais limités, car les identités engendrent des conflits, des troubles, tout en fermant les individus et les systèmes qui y trouvent quelque sécurisation bien dérisoire eu égard à la magie de la différence qui marque la puissance du temps constructeur et des transformations d’une psyché à la conscience s’enrichissant d’altérité.


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10 réactions à cet article    


  • Leila Leila 11 mars 2008 12:28

    Compliqué comme article !

     

    Beaucoup de Français de la France profonde ont une identité régionale qui ne leur pose pas de problèmes. Ils vivent dans la région où ils sont nés, ils y ont leur famille et leurs amis. D’autres n’en ont pas. Le résultat est que partout où ils vont, on les regarde comme des nouveaux venus, même si on les aime bien.

     

    Je préfère les seconds aux premiers. Ils ont l’esprit plus ouvert.


    • GRL GRL 11 mars 2008 14:26

      Salut Bernard !

      Bon , avec celui ci , tun’y es pas vraiment allé de main morte ... Mais enfin , tu te doutes , le point d’accroche pour moi , c’est ta petite digression à laquelle j’ai envie de remettre une couche.

      On a effectivement une notion d’antigenes, d’anticorps , de marqueurs, on a en nous même le code barre sur chacune de nos pieces, la marque de fabrique , de l’atelier . L’identité peut etre définie grace à la moindre de nos cellules , mais aussi , grace à une entélechie , un ensemble de cellules , comme celles définissant le tissu de la peau qui compose nos empreintes digitales , ou encore notre les tissus , les ensembles de cellules distinguant nos analyses rétiniennes . De même , et j’en suis certain , deux coeurs ne peuvent se trouver identiques , deux organes ne peuvent se trouver identiques . Génôme , cellules , tissus , organes , êtres vivants , par milliards , se trouvent etre singuliers ...

      Paris de la nature , multiplication des chances , qu’en dire , le monde du vivant n’est qu’unicité et pourtant , chaque superorganisme englobant ce que j’appellerai " ses bases libres " est un marqueur identitaire de ces mêmes bases .... Qu’en est il , je reviens avec celà , de nos sociétés ?

      contiennent elles un génôme , des cellules , des tissus , des organes , une limite semblable à une peau ? n’est ce pas troublant. Une idée , une idéologie , est comparable à un capital génétique , de par sa faculté autoréplicante. Elle bondit de cerveau en cerveau et à la maniere d’un rétrovirus , recode une partie de la " vérité individuelle , modifie la physiologie du noveau croyant qui connait l’enthousiasme lui permettant de tenter de convaincre ses congénères , de propager ce nouveau marqueur identitaire pour former rapidement , une nouvelle entelechie , un groupe identitaire , ceux qui pensent comme ci , ceux qui croient en tel Dieu , ceux qui écoutent Tokyo Hotel , et c’est incroyable comme la nourriture est à double emploi selon le réferentiel sur lequel on se place . Prends la religion par exemple , celle ci est une source de paix et de bonheur à l’échelle individuelle de la pensée et des angoisses des hommes , elle procure l’illusion de contrôle , sans laquelle l’etre humain mourrait d’inquietude , notament en regard de la mort certaine. Celle ci permet de surmonter des situations , de risquer sa vie dans d’autres , de .... déplacer des montagnes , oui , parfois . Mais la même religion est une nourriture toute autre pour le superorganisme. En effet , la foule s’empare du mème religieux comme l’on lève un drapeau . Le superorganisme ainsi reveillé n’a alors qu’un seul but , assimiler des bases libres et grossir , augmenter le nombre de ses croyants , et lorsqu’il rencontre un autre superorganisme ayant un marqueur identitaire différent , une autre religion , ils se confrontent et tentent de se phagocyter , quitte à éliminer les inconvertibles en un bain de sang. Pour celà , il a fallu au préalable , au niveau des chaque composant du superorganisme , des êtres humains , diaboliser la religion ennemie , définir le bien , le mal , les frontieres entre eux ... et nous , la peau tissulaire , et il en va de même en face . .... Je m’arrête ici , car il est incroyable de voir à quel point l’observation des tenants et aboutissant du phénomène identitaire d’un superorganisme montre à quel point la bête sociale se meut dans des attitudes proches de celles d’une amibe . Pourtant , chaque individu semble unique et retient lui aussi ses composants , défend son unicité avec férocité .

      Paradoxe : Toute cellule possede l’appareil respiratoire , reproductif , et nutritif pour survivre dans un milieu viable. Et pourtant , isoles une cellule , toute seule dans un milieu de culture favorable et constate qu’elle dépérit et meurt. Elle semble avoir absolument besoin de partager la chose identitaire avec ses congéneres , sous peine de s’autodétruire.

      En societé , le non-partage identitaire, l’isolement , est un mal ultime. Car l’illusion de contrôle qu’amène le partage du phénomène identitaire s’y trouve impossible. Autrement dit , une croyance , n’est valable que si elle est partagée , sinon , elle conduit à la folie. L’identité est cette sorte de liant , de drapeau qui fait de nous des gens aux multiples facettes, de droite , de gauche, chrétiens , juifs , musulmans , sans qu’aucun de nous adopte completement les préceptes complexes des textes religieux , ni une attitude integre de gauche ou de droite. L’essentiel est d’en etre , d’avoir sur soi un marqueur. Et nous en avons tous plusieurs ... car celà est vital . L’enfant sauvage est une fiction ... Dans la réalité , il serait mort , car il etait seul et n’avait aucun marqueur identitaire.

      GRL.


      • Bernard Dugué Bernard Dugué 11 mars 2008 20:46

        Je serais assez prudent sur le désir de sens universel que tu exprimes en cherchant un Graal ou un paradigme reliant les processus naturels du vivant et les processus existentiels. A un moment, la logique humaine se détache et transgresse la logique du vivant, bien qu’elle reprenne certaines déterminations naturelles quand il est question d’organisation collective du social. Mais l’homme est incommensurable face au social qui pourtant, le détermine.


      • GRL GRL 12 mars 2008 10:42

        Bernard , même si je n’en ai pas l’air , je suis entierement d’accord avec toi en ce qui concerne la prudence. Mes interventions sont un angle de vue que je sais posé au milieu de plusieurs autres . je ne cherche pas à etre celui qui aura raison au prix d’un compromis d’opinion. Je m’engage sachant que d’autres s’engagent et que le résultat d’un débat public est cette pluralité qui donnera au lecteur , des points de vues différents. La " vérité " n’est donc pas en jeu dans mes propos mais l’ensemble de tout ce que nous disons à propos de ce sujet est en lui même un petit bout de vérité qui se situe peut etre au croisement de toutes nos opinions. J’espere que tu comprends ici ma démarche. Pas vraiment d’enjeu personnel en somme.

        Cependant mes convictions ne sont pas ici que simples spéculations . Je vais tenter de te donner un exemple tres concret , un exemple qui me touche , parce que c’est l’histoire récente de ce qui se passe chez nous. Cette histoire se situe dans les années 90 et parle de la jeunesse de quartiers ayant jadis acceuilli le contingent migratoire mobilisé pour la reconstruction de notre pays. Ces quartiers , dans les années 90 , ont vu la brutale mutation qui a accompagnée l’isolement social. La jeunesse , et notament , la jeunesse d’origine nord africaine, était rejetée culturellement et socialement , le front national faisait recette , les cités commençaient à sentir l’étau de l’isolement social, les vrais enfants du béton , ceux qui terrorisent le français moyen aujourd’hui ( ils ont un peu grandi de fait ) , étaient enfants à cette époque.

        Mon exemple parle de la période ou le buisness , ou la France " blanche , correcte , et polie " , s’est attaquée à la tentative de ceux , qui , isolée socialement des autres dans des cités circonscrites culturellement et , n’avaient pour survivre socialement qu’une seule chose à faire : Créer un mouvement identitaire, un mème , qui ne serait pas celui des autres Français, mais celui d’une masse sociale isolée du reste de la France , de culture mixte. Le hip hop français s’est vu exploser à cette époque. Les textes y étaient unificateurs , autour de la revendication , de la description d’une condition , les textes vehiculaient l’identité de ceux de culture plurielle que l’histoire avaient réuni ici , et qui sentaient l’oppression grandir. Ces jeunes n’ont pas tapé ni fait la guerre armée , ils ont composé au départ dans notre langue , les textes fédérateurs. La bete sociale à développé son génôme , son mème , et celui ci allait se répandre comme une trainée de poudre dans toute la France en voyant emmerger un bon rap français .

        Réaction du mème opposé , celui de la " France blanche ( une image ) ? Comment la bete sociale qui tentait d’isoler les indésirables a t elle réagi à cette tentative , à ce sursaut identitaire ?

        Ecrasement culturel , et bientôt médiatique , qui allait voir en quelques années , le hip hop des poètes laisser place à celui des marchands, la culture urbaine , produit de la rencontre , liant possible d’une entente espoir , tuée , les rappeurs intelligents se voyant dévalorisés au profit des plus idiots , la culture Gangsta tuant le formidable élan old school revival , tuant le travail des monstres de culture que l’on rencontre dans les cités, de ceux qui ont contribué à sauver le vinyl , tuant les références du parler vrai , du parler fort , de la poésie acrobatique, et surtout du message originel , de la revendication politique , du mème qui gagnait peu à peu le pays. La solution ? L’industrie du disque et le circuit de la promotion faisant alors une vraie campagne d’assassinat culturel, favorisant progressivement l’image du bandit plutôt que les messages vrais émanant des quartiers sous la carotte de la reconnaissance sociale. Ils furent même précédés , je ne sais , par les vendeurs de fringues de sport , qui observaient déjà les manies vestimentaires pour adapter des collections " branded " , faisant alors des jeunes , de vrais panneaux publicitaires ambulant pour Nike , Addidas et la clique. Récupération et buisness , tuant le produit culturel de nos rencontres déjà complexes à réaliser , tuant le lien et les mots qui travaillaient à ce que l’on se rencontre et à ce que l’on s’accepte en paix , tuant l’espoir , le message , le sursaut identitaire, et touchant de plein fouet , les plus jeunes, les jeunes ados.

        Criminels ont été les marchés du disques et leur choix de l’époque , criminels , et à mon avis , volontaires. Le bandit était soudain respectable , le caïd valorisé , la grosse chaine et le flingue aussi , la grosse caisse et le cul , bref , tout ceci , ils l’on vu dans la télé les jeunes , ceux de la derniere génération, lorsqu’ils ont vu les premieres personnes issues de leur milieu dans la télé , c’était pour représenter çà, ... alors qu’il y avait tant d’autres choses , tant d’autres belles choses à montrer ...

        Le mème de la France blanche a gagné , pernicieusement , c’est l’industrie qui a donné le Vuitton en casquette , le Nike en baskets , le clip chaine en or et fligue , le culte du bandit , aux yeux de la France entiere qui maintenant , a ces images bien dans la tete et accuse un mouvement de repli , et de differenciation identitaire. Ces jeunes eux , ne demandaient qu’à se faire aimer , accepter dans le giron d’une culture qui , parce qu’elle ne voulait pas d’eux , a détourné le message identitaire au moment ou celui ci risquait de séduire la jeunesse de la nation .

        Résultat ? Plus rien de ce qu’ils sont ne leur appartient , et l’on a la jeunesse dans un état de désespoir , de nervosité et de violence que l’on connait . Pourquoi ? Parce qu’ils sont proches de la mort sociale , parce qu’ils n’ont plus aucune identité . Ils ne sont plus arabes , ils sont nés ici comme leur parents , ils ne sont pas français , parce que la France ne les veut pas et le signifie , ils ne sont pas de la culture issue de leur propre histoire , parce que celle ci a été tuée dans l’oeuf , ils ne sont pour certains que des âmes errantes, avec un taux d’affections psy sérieuses incroyable , déstabilisés , violents pour beaucoup , sans structure , et pour les plus fragile , dans l’abandon sanitaire ....

        Sans identité Bernard , quand les mèmes s’affrontent , lorsqu’on tue une culture , tu ne le vois pas toi , tu ne le comprendrais pas , toi mon exemple ? J’y étais Bernard pendant les années de leur 6 - 11 ans , on les a tous vu arriver à l’adolescence , et toute la culture urbaine de leur parents était en train de se faire bouffer, Les clips , le cul , le flingue , ont été la nourriture que les amis de notre bon président ont donné à cette jeunesse à coup de superproductions médiatiques , à coup de milliards . Et l’enjeu était .... Qu’ils n’entrent pas.

        Voilà donc comment les faits peuvent rencontrer mes spéculations théoriques. C’est ici , chez nous , et tout le monde connait cette histoire.

        Amicalement , GRL.


      • foufouille foufouille 11 mars 2008 18:42

        l ’identite

        la france profonde

        ca depend des endroits

        du cote de chez moi, la "france profonde" ne ne me hait pas. a semur en auxois on ne ragarde pas de la meme maniere qu’a dijon ou je suis un monstre. c’est sur a semur, la croix celte est bien vut. donc ca depend des endroits.


        • Le péripate Le péripate 11 mars 2008 18:58

          Un de tes articles parmi les plus intéressants ! Et, comme de juste, pas d’identitaires dans les parages.

          Cependant, je crois que Serres a raison sur ce point : il est nécessaire de distinguer identité et appartenance (ou sentiment d’appartenance. Sans ce distingo, on s’interdit (à mon sens) de comprendre ce qui se joue dans la revendication identitaire (en fait ce que Serres appelle la libido d’appartenance).

          Il a quelques phrases magnifiques à ce propos, notamment sur Paul qui dit « Il n’y a plus de romains, de juifs ou de grecs » (de mémoire).

          Une fois ce distingo fait, l’identité est une déclaration fondatrice du "je, et le problème devient nettement plus simple.


          • Bernard Dugué Bernard Dugué 11 mars 2008 20:43

            Un article en effet assez travaillé, bien qu’il ait été écrit presque en automatique

            Appartenance dis-tu, en citant Serres. Je préfère opter pour Maslow, (Serres aurait-il pioché) pour lequel il existe un besoin d’appartenance où on est en harmonie dans un ensemble d’individus de même identité et le besoin de reconnaissance (thymos platonicien) où on est reconnu pour ce qu’on est, comme identité et comme différence, avec les jeux dialectiques que l’on soupçonne


          • Dalziel 12 mars 2008 00:30

            Paul qui dit "Il n’y a plus de romains, de juifs ou de grecs"

            Ce n’est que le voeu pieux et imbécile, d’un mondialiste avant la lettre et qui, avant la lettre, prenait déjà ses désirs pour des réalités !

            Deux mille ans plus tard, il y a toujours des Romains, des Grecs et des Juifs et ils disent bien des choses aux utopistes qui prétendent gommer leurs spécificités.

            "...il existe un besoin d’appartenance où on est en harmonie dans un ensemble d’individus de même identité et le besoin de reconnaissance (thymos platonicien) où on est reconnu pour ce qu’on est, comme identité et comme différence, avec les jeux dialectiques que l’on soupçonne."

            Tout ça pour signifier que nous nous divisons en NOUS et en EUX, et que les EUX ne seront jamais des NOUS. Surtout s’ils ont des TETES DE EUX très typées

             


            • Nobody knows me Nobody knows me 17 mars 2008 16:15

              ^^ Qqn pourrait-il nettoyer la flaque de crasse ci-dessus svp ? ^^


            • poetiste poetiste 15 mars 2008 23:16

               

              Cogito ergo sum.

              Qui pourrait se targuer d’avoir une identité qui ne serait pas l’accumulation de diverses fictions ? L’identité n’a aucune consistance, elle n’est que l’idée que l’on se fait de soi-même par rapport à un environnement, un individu n’étant rien sans la culture qui l’a vu naître. Rechercher une identité, c’est la quête du graal, d’un vase vide. L’âme du canon est la partie vide, le trou par lequel passe l’obus. L’âme de l’homme est aussi le vide par lequel passent toutes sortes d’images qui vont définir ce qu’il appelle à tort son identité. L’ambigüité du mot dit bien la confusion de l’identique et du particulier. Le bouquet est défini par un groupe de fleurs. On donnera une identité à ce bouquet pour une légère différence, ne serait-ce que la couleur d’une seule fleur. L’évocation d’un bouquet peut donc avoir une infinité d’interprétations selon des différences multiples. Il existe cependant des bouquets identiques, des bouquets clonés par la volonté de l’homme. Ces bouquets n’ont donc pas une identité propre mais collective. Ce clonage n’est pas bien conséquent s’il s’agit de fleurs mais quand des hommes veulent se donner une identité collective, c’est qu’ils oublient qu’ils pourraient choisir la liberté d’offrir une image unique d’eux- mêmes au regard des autres. C’est une restriction de la largesse d’esprit que de se fondre en un quelconque mimétisme. Il va sans dire que ce mimétisme est exalté en qualité morale dans l’armée, la police, partout où le pouvoir s’exerce. La soumission inconditionnelle à une religion, un parti, une armée, est toujours aliénante. Le « bouquet humain » se rassure de se réduire à quelques fleurs. Est-ce que notre liberté serait à ce point inquiétante et une épreuve trop responsable pour que nous la refusions de cette manière ? L’homme vit dans l’angoisse d’être seul face au groupe qui le contient ; il ne peut se définir seul ; il n’est pas prêt de mettre la carte de sa vie sur la table pour sa liberté de penser. Une définition universelle de l’identité, dans le sens où chacun serait volontairement différent tout en reconnaissant appartenir au « bouquet » abstrait que l’on appelle l’humanité ; cette définition n’a pas encore été reconnue. On constate partout des clonages qui vont à l’encontre de cette universalité. Les certitudes religieuses sont à la base de l’adoption d’une identité de groupe qui ne vient démontrer que l’instinct grégaire ? Et le grégaire est la préparation à la guerre. L’histoire témoigne de cela. « Dis-moi qui tu hantes, je te dirai qui tu es », ou « je te dirai qui tuer », on peut faire ce jeu de mots à propos de l’extrémisme religieux. L’animal vit son instinct sans se poser de question et l’homme déguise son instinct en se bardant de certitudes, pour ne pas se poser de questions au sujet de celui-ci. Si l’on considère que sa seule supériorité sur la bête soit justement de contrôler ses reflexes instinctifs et que ce soit là une démarche propre à une religion honnête, que dire d’une religion qui prône la guerre ou la soutient ? Comment une religion peut-elle parler d’universalité et prétendre séduire avec des arguments expansionnistes ? La liberté individuelle a plus que jamais intérêt à être défendue et c’est au nom de l’universalité qu’il nous faut endiguer les extrémismes qui s’étendent comme des maladies contagieuses. Pour combattre l’expansionnisme religieux, il faux convaincre l’extrémiste de revoir ses certitudes à la baisse, lui faire comprendre qu’il a été programmé dans le contexte d’une culture bien particulière. Il faut ouvrir les débats sur cette détermination culturelle, mais qui fera un effort pour revoir l’identité qu’il s’est forgée au sein de cette culture ? L’âme de l’homme est le vide, le rien, le bouquet aux fleurs indéfinies et son identité ne dépend que des fleurs qui viennent le composer. Gare aux identités clonées qui entraînent le monde dans un délire paranoïaque ! Rien n’est solide ni concret qui sorte du néant et point n’est besoin de vouloir le rechercher en une quelconque identité. C’est de prendre conscience de notre inanité que l’esprit universel nous vient. La spiritualité n’est pas une affaire de religion tribale, c’est une affaire individuelle qui ne sauve que soi. S’il y a royaume des cieux, il est déjà parmi nous. Les hommes de paix comprennent cela, ils sont des alliés de la vie, ils ne la détruisent pas.

              A.C

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