La rumeur de Toulon, Mains Basses sur l’université
Certes des enquêtes ont été menées par le Parquet, la Police judiciaire et Madame Pécresse qui avait envoyé à Toulon des inspecteurs de l’IGAENR. La conclusion des inspecteurs de l’IGAENR mérite, ici, d’être rappelée : il n’y a pas de trafic de diplômes mais de « graves irrégularités ». Mais pourquoi l’enquête des inspecteurs, détournée de son premier objectif, s’est-elle concentrée alors sur les « irrégularités » ? « Au terme d’une seconde enquête menée tambour battant avec une équipe d’inspecteurs renouvelée, sur la foi d’un rapport uniformément à charge, la ministre suspend de leurs fonctions le président Oueslati et deux de ses vice-présidents ». Le président est d’origine tunisienne, il est élu, (est-ce un hasard ?), au conseil de la Région PACA sur la liste de gauche de Michel Vauzelle.
André Joly met en évidence des enchaînements « diaboliques » d’actions menées en un temps record ! Il raconte de manière saisissante comment on peut faire d’une pierre, trois coups ou comment le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche a passé l’Université de Toulon et sa Présidence par les armes. C’est terrible ! On découvre alors comment le président de cette université et ses deux vice-présidents vont être condamnés avant même d’avoir été entendus et jugés, comme si la présomption d’innocence n’existait pas.
En 2009, des milliers d’étudiants sont en grève, ils protestent contre la loi LRU. Madame Pécresse « très malmenée pendant les grèves et au bord de la démission, récupère la catastrophe qui frappe l’université de Toulon pour la faire servir à la construction de l’enseignement supérieur selon ses plans, une sorte de laboratoire expérimental. Elle avait dit à qui voulait l’entendre qu’elle irait jusqu’à suspendre des présidents. Et elle l’a fait ! En virant le président, elle peut aussi, d’une part, placer à la tête de l’université un « administrateur provisoire » d’autre part expérimenter le nouveau style de « gouvernance » (nouveau terme à la mode) qu’elle appelle de ses vœux dans le cadre de ce qu’ils ont le culot d’appeler l’« autonomie » ».
André Joly, nous prend à témoin et l’histoire qu’il nous raconte tient à la fois du roman comique, du roman-feuilleton, du roman policier, du roman de guerre, du théâtre existentialiste, du théâtre de l’absurde et du vaudeville. Un sacré mélange. Un vrai polar universitaire, avec des pistes à suivre… Mais surtout, André Joly nous fait part de son inquiétude : « L’équipe présidentielle a été immédiatement remplacée par un « administrateur provisoire » qui, après une prise de pouvoir d’une rare inélégance, a déclaré d’emblée qu’il était là pour beaucoup plus longtemps que prévu, car l’université était « malade... très malade ». Il s’est auto- proclamé « chef d’établissement ». Divers appels à élection ayant été rejetés par l’administrateur provisoire et par le ministère lui-même, tout cela prenait les allures d’un putsch, ce que corroboraient le comportement et les propos de l’administrateur. »
"C’est très inquiétant non seulement pour la démocratie universitaire, à Toulon et ailleurs en France, mais pour la démocratie tout court".
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