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La symbolique du Père, l’autorité, l’Insulte et la Gifle

Si le principe de précaution est louable, il ne peut à lui seul rendre caduc le principe de proportionnalité. Mais cet évènement médiatisé cache en réalité un problème beaucoup plus grave qui met en péril l’éducation et l’institution française qui est la base de notre République. Nous sommes en train de tomber de pédagogisme en juridisme...

Le 28 janvier 2008, pendant un cours, un élève refuse d’obéir à son professeur de technologie, qu’il traite de "connard" au moment où l’enseignant le plaque contre le mur. Le professeur gifle alors l’élève. Le père de cet insolent décide de porter plainte pour "violences aggravées".

Nous sommes dans un collège de France.

Le mercredi 25 juin 2008, le procureur de la République requière 800 euros d’amende à l’encontre du professeur, considérant qu’il ne s’agit pas "d’une gifle, mais d’un acte de violence" en faisant remarquer que "le collège n’est pas un collège difficile" et que l’élève n’est "pas un enfant à problème". Le professeur dit avoir agi "comme un père agirait face à son fils" et a ajouté, ne jamais avoir été insulté par un élève et n’avoir jamais été confronté à pareille situation durant sa carrière. La défense a insisté sur les difficultés du métier d’enseignant, les incivilités qu’ils subissent et les conditions de travail de l’enseignant, qui, dans ce cas précis a répondu à un acte "provocateur" de l’élève. Le collégien était absent à l’audience, mais représenté par l’avocat de son père. Celui-ci demande que l’enseignant reconnaisse que la violence n’est pas la solution adaptée, mais ne voulant pas que ce procès soit "celui des conditions de travail des enseignants".

Des enseignants et des syndicalistes soutiennent le professeur, mais à noter, que ce dernier a reçu aussi le soutien du Premier ministre, François Fillon. L’enseignant risque une peine maximale de cinq ans de prison et 75.000 euros d’amende. Le jugement sera mis en délibéré le 13 aout 2008.

S’il existe un principe de précaution, il ne saurait prendre le dessus sur le principe de proportionnalité. En l’occurence ce procès est un procès de principe tout court oubliant les deux compléments de nom. Il est aussi oublié dans l’affaire, qu’un professeur ne peut être insulté dans l’absolu, à moins que de voir fondre sa dignité, son autorité et sa mission. En aucun cas, l’élève ne peut refuser les directives que le professeur est amené à faire durant son cours. Il ne peut encore moins l’insulter, si le travail proposé ne lui convient pas. Il est à noter que maintenant les élèves refusent froidement de travailler.

Voila le résultat des méthodes inductives où l’élève, placé au centre de l’école à la place de la connaissance, du travail, de l’effort et de la discipline, est amené à "construire, lui-même, ses compétences dans une pseudo égalité avec son professeur", dogme sur lequel est bati tout le pédagogisme, et le socio-constructivisme. Une société où les mineurs insultent les éducateurs est une société qui devrait s’interroger sur le fond. Ce cas n’est pas un cas isolé, les enseignants qui se font insulter en cours ou dans leurs établissements sont maintenant légion.

La première question que l’on devrait se poser, est de savoir si cet insolent traite aussi, son père, de connard ? Il est fort à parier que se doit être le cas ! Donc ce procés renvoie aussi à la spère familiale, et il est parfaitement anormal que soient tolérés à l’école des comportements acceptés en famille. L’enfant maintenant a tous les droits et aucun devoir, et cela commence, dés le plus jeune âge, au sein de la famille.

Le véritable problème est alors celui de la confrontation de deux images du père incompatibles, ou brouillées et qui renvoient comme archétype à l’autorité du père (ou de la mère )...

On ne peut reprocher à l’enseignant humilié en pleine classe, d’avoir utilisé un réflexe, humain et vieux comme le monde, qui avait au moins l’avantage de laver immédiatement l’insulte et de remettre l’enfant à sa place, rendant la continuation de la mission du professeur possible.

Mais le véritable problème est celui du père qui a porté plainte. En effet si on peut reprocher au professeur d’avoir manqué de tempérance, le père, lui, a fait défaut de prudence. De la même façon, les décisions des conseils de classe et de jurys sont maintenant systématiquement contestés. Les parents prennent parti pour leurs enfants, des que se présente le moindre problème, à la façon des femelles, dans le règne animal, qui défendent bec et ongles leurs petits.

Dans un tel contexte, l’éducation n’est plus possible !

Il va falloir maintenant que l’on ait le courage de regarder le problème en face au lieu de tomber de pédagogisme en juridisme.

Eric de Trévarez


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14 réactions à cet article    


  • Gazi BORAT 4 juillet 2008 18:14

    Les articles commentant les faits divers tombent tous dans les mêmes travers..

    Ils essayent de prendre la forme d’une analyse d’un fait qui fait l’objet d’une procédure juridique alors qu’en réalité ils développent une pensée déjà construite à l’avance et sur laquelle ils plaquent le fait divers à titre d’illustration du propos.

    Pour celà, rien de mieux que d’éluder certains éléments de l’affaire qui ne rentreraient pas dans le cadre de la démonstration.

    Ici manquent par exemple : l’alcoolémie du professeur avérée par les policiers lors de la mise en garde à vue de l’enseignant, la cure de sevrage alcoolique qu’il suivait, des antécédents de violence enregistrés par lea police.

    Celà ne retire rien à l’expression de l’opinion exprimée par l’auteur et qui peut, comme toute opinion, être débattue.

    Mais le propos aurait gagné en dignité à s’abstenir de convoquer à son secours des informations tronquées.

    gAZi bORAt


    • TEO TEO 5 juillet 2008 03:28

      Pardonnez-moi, mais voter article n’est qu’un salmigondi d’évanescentes supputations, de corporatistes jérémiades et de blablabla similipsychanalytiques. Les faits tels qu’ils sont établis dans leur chronologie et reconnus par l’enseignant ne militent pas en sa faveur... Pour le reste, on verra bien.
      Sortons un peu :

      • des partis-pris par principe :"gentifs professeurs vs méchants élèves ou l’inverse) et
      • des débats d’un autre âge : "laxistes pédagogos vs néocons voire réactionnaires thuriféraires de l’école à papa.
      Des questions autrement actuelles méritent le débat ; celles soulevées par exemple par l’article de HappyPeng ci-après : http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=41685

      • Lisa SION 2 Lisa SION 5 juillet 2008 17:22

         Bonjour,

        Ce professeur fait preuve d’alcoolémie notable. Il est le témoin du grave fardeau qui pèse sur ce degré dans l’échelle de la hiérarchie de la fonction publique dans l’éducation nationale que sont les acteurs de terrain. Un autre fait divers éloquent relate très bien d’où vient le problème.

        Au début du siècle dernier, l’instituteur, le professeur, étaient le sommet de la pyramide, Ils étaient supérieurs en nombre et respectés par tous. Les enfants entraient chez lui, il était reconnu par les parents d’élèves, aidé et protégé par sa hiérarchie présente dans ce premier devoir envers eux. Quand l’instituteur faisait part à un parent d’élève qu’il méritait une correction, ses parents lui infligeaient immédiatement sans discussion.

        Aujourd’hui, il en va tout autrement. Non seulement l’instituteur ne trouve plus grande écoute auprès de sa hiérarchie qui craint le plus les vagues soulevées nuisant au bien être de leur fauteuil confortable. Non seulement ils ne trouvent plus la reconnaissance des parents qui abandonnent leurs progénitures jusqu’au soir, les larguant devant le poste de télé...Non seulement ils sont les seuls à travailler toute la journée pour mettre sur les rails des enfants azi-mutants... Mais en plus, ces derniers sont devenus les rois, les maitres du jeu, ils ont pris l’autorité sur bien des adultes et certains d’entre eux, à dix ou douze ans, ne se sont encore jamais vus refuser quoique ce soit !
         

        Un enfant de ce genre avait fait l’actualité. La première fois que sa mère lui avait refusé quelque chose...il l’avait tuée !


        • aml 5 juillet 2008 18:05

          Vous avez raison, il est du rôle des parents de faire comprendre aux enfants que d’obtenir ce que le veut n’est pas une source d’épanouissement...

          Par contre, étant enfant, les adultes que j’ai respectés n’étaient pas ceux qui se montraient autoritaires, c’étaient ceux qui me faisaient éprouver de l’admiration et qui inspiraient ma volonté de les égaler en m’inscitant à prendre de la maturité pour intégrer la Société d’adultes...

          J’ai apprécié tous les adultes qui voyaient en moi le futur et non un fardeau que l’on est obligé de supporter, mais j’ai surtout apprécié tous ceux qui me faisaient penser que c’était bien d’être un adulte et qu’on pouvait se sentir mieux en grandissant :

          Pouvoir accomplir de grandes choses en acquérant la connaissance...
          Un jour on est un enfant qui se sent frustré et un jour on devient quelqu’un qui a un but dans la vie...

          J’ai ressenti des aspirations qui m’ont été inspirées à cette époque. Peu importe où cela m’a menée.

          Qu’est-ce qui est inspiré de nos jours ?
          Qu’est-ce qui pourrait bien faire rêver les jeunes ?

          Les adultes sont démystifiés, la grandeur humaine se perd dans la banalité humaine, les enfants sont submergés par le trop d’information brute ou manipulée, par la tentative de récupération du potentiel consommateur qui s’exerce sur eux...
           
          Il faut quand même admettre que même si le personnel enseignant a de très grandes circonstances atténuantes, on trouve de tout et de pas grand chose chez les enseignants. La vocation d’enseignement si elle a poussé certains dans cette orientation, ne dure pas toujours... Ceci combiné avec le changement du public : les élèves, ce n’est pas très étonnant que cela ne fonctionne pas trop.

          J’ai déjà commenté dans un autre article qu’il ne faut pas se limiter à incriminer les parents. La gifle qui fait polémique n’est que la partie visible d’un iceberg. Le malaise est bien plus profond et cette anecdote se résoud par la justice puisqu’il faut en arriver là, mais ce n’est pas le vif du sujet à mon avis.


        • Eric 6 juillet 2008 01:07

          Les archétypes de la pensée, depuis la nuit des temps, les valeurs symboliques qu’ils ont véhiculées, et la psychanalyse, ont toujours révélé que le rôle du père, est de freiner puis de canaliser par l’éducation et la loi, le désir de l’enfant. Si la grossesse de la mère est visible, et si son lien avec l’enfant est évident, aussi bien que total, c’est-à-dire fusionnel, en revanche le père et son lien avec l’enfant, relèvent du « verbe » c’est-à-dire de la reconnaissance de son acte sexuel et de sa conséquence, du domaine de la parole et du crédit qu’il accorde à la mère, et à son affirmation qu’il est le père. Le Père est le contrat originel, à la base de toute l’organisation de la société, il est le premier « savoir dire non », et le premier « savoir dire oui », extérieurs à la mère, qui engagent et sans lequel aucun développement n’est possible… Avec le père commence la vie en société et la lente sortie de l’état fusionnel avec la mère. Le père représente la toute première ascèse, nécessaire à l’apprentissage de la « vie ».

          Pour ceux qui disent que ce rôle peut être tenu par la mère, car en fait c’est à ce niveau que se situe la grande innovation de la société actuelle, il faudrait revenir sur les archétypes et le rôle du Phallus symbolique en tant qu’élément déterminant. Les déboires de notre système éducatif ne sont, peut-être pas, à chercher ailleurs.
          S’il s’avère, comme cela semble être le cas, que ce rôle symbolique ne peut être tenu par la mère, notre système actuel d’éducation est voué à l’échec et son résultat sur toute une génération n’est pas prévisible pour l’instant.…

          Comment c’est mis en place le paradigme moderne ? Les féministes pensent qu’il s’agit d’une évolution, fruit de la pensée et de l’analyse, d’un refus d’une hiérarchisation obsolète, source de discrimination.

          Cette vision est probablement idéaliste. Ne s’agit-il pas plutôt d’une nécessité d’un système économique qui favorise à outrance la consommation ? Tout désir, dans notre société doit se concrétiser par un acte d’achat ! Il ne s’agit plus d’éduquer le désir, démarche qui a été un formidable moteur de civilisation et de hiérarchisation des valeurs, mais plutôt de laisser libre cours à son expression, car les enfants, et le niveau de conscience et de besoins qui caractérisent cet état, sont un élément déterminant et moteur de la consommation et de tout notre système. L’enfant et l’infantilisation de l’adulte et des foules, sont avec la mère érigée en principe absolu et non dépassable, les trois piliers de la consommation. Savoir dire non au désir peut se révéler couteux en termes de demande en économie marchande. Toute forme d’ascèse est actuellement bannie de l’éducation, le mot étude est lui-même rangé au rayon du ringard en raison de l’effort qu’il suggère. Tout apprentissage se doit d’être ludique parce que le ludique est rentable économiquement et qu’il peut se vendre car sa demande est spontanée, mais surtout, et c’est ce qui doit être noté et souligné, parce qu’il n’éduque pas la volonté….

          La société actuelle semble ignorer, dans sa superbe et son mépris des enseignements du passé, que le mot éducation que nous employons, maintenant à tord, signifie « conduire hors de… » . C’est vrai que pour l’heure nous allons tout droit dedans !

          Eric de Trévarez


        • Eric 6 juillet 2008 01:29

          Les archétypes de la pensée, depuis la nuit des temps, les valeurs symboliques qu’ils ont véhiculées, et la psychanalyse, ont toujours révélé que le rôle du père, est de freiner puis de canaliser par l’éducation et la loi, le désir de l’enfant. Si la grossesse de la mère est visible, et si son lien avec l’enfant est évident, aussi bien que total, c’est-à-dire fusionnel, en revanche le père et son lien avec l’enfant, relèvent du « verbe » c’est-à-dire de la reconnaissance de son acte sexuel et de sa conséquence, du domaine de la parole et du crédit qu’il accorde à la mère, et à son affirmation qu’il est le père. Le Père est le contrat originel, à la base de toute l’organisation de la société, il est le premier « savoir dire non », et le premier « savoir dire oui », extérieurs à la mère, qui engagent et sans lequel aucun développement n’est possible… Avec le père commence la vie en société et la lente sortie de l’état fusionnel avec la mère. Le père représente la toute première ascèse, nécessaire à l’apprentissage de la « vie ».

          Pour ceux qui disent que ce rôle peut être tenu par la mère, car en fait c’est à ce niveau que se situe la grande innovation de la société actuelle, il faudrait revenir sur les archétypes et le rôle du Phallus symbolique en tant qu’élément déterminant. Les déboires de notre système éducatif ne sont, peut-être pas, à chercher ailleurs.
          S’il s’avère, comme cela semble être le cas, que ce rôle symbolique ne peut être tenu par la mère, notre système actuel d’éducation est voué à l’échec et son résultat sur toute une génération n’est pas prévisible pour l’instant.…

          Comment c’est mis en place le paradigme moderne ? Les féministes pensent qu’il s’agit d’une évolution, fruit de la pensée et de l’analyse, d’un refus d’une hiérarchisation obsolète, source de discrimination.

          Cette vision est probablement idéaliste. Ne s’agit-il pas plutôt d’une nécessité d’un système économique qui favorise à outrance la consommation ? Tout désir, dans notre société doit se concrétiser par un acte d’achat ! Il ne s’agit plus d’éduquer le désir, démarche qui a été un formidable moteur de civilisation et de hiérarchisation des valeurs, mais plutôt de laisser libre cours à son expression, car les enfants, et le niveau de conscience et de besoins qui caractérisent cet état, sont un élément déterminant et moteur de la consommation et de tout notre système. L’enfant et l’infantilisation de l’adulte et des foules, sont avec la mère érigée en principe absolu et non dépassable, les trois piliers de la consommation. Savoir dire non au désir peut se révéler couteux en termes de demande en économie marchande. Toute forme d’ascèse est actuellement bannie de l’éducation, le mot étude est lui-même rangé au rayon du ringard en raison de l’effort qu’il suggère. Tout apprentissage se doit d’être ludique parce que le ludique est rentable économiquement et qu’il peut se vendre car sa demande est spontanée, mais surtout, et c’est ce qui doit être noté et souligné, parce qu’il n’éduque pas la volonté….

          La société actuelle semble ignorer, dans sa superbe et son mépris des enseignements du passé, que le mot éducation que nous employons, maintenant à tord, signifie « conduire hors de… » . C’est vrai que pour l’heure nous allons tout droit dedans !

          Eric de Trévarez


        • alceste 6 juillet 2008 09:54

          @ Eric de Tévarez,

          Je ne vous ferais pas l’injure de vous demander si vous connaissez le personnage de Cassandre, la prêtresse troyenne dont personne ne voulut entendre les avertissements. Sachez donc que si vous persévérez dans la critique de l’âge d’or pédagogique qui nous attend - fût-ce en termes mesurés- vous serez traité en hérétique ( en effet, il ne s’agit plus , en matière d’enseignement, d’une réflexion raisonnable sur des principes et de méthodes, mais d’une foi ardente et peu encline à la tolérance).
          Si vous êtes un ancien, retirez- vous et cultivez votre jardin * ; si vous êtes jeune, convertissez-vous au plus vite à l’idéologie dominante. Je prierai Saint Bégaudeau qu’il vous éclaire.
          * Version décomplexée : "Foutez-tous les vieux cons qui font chier dehors".


          • Eric 6 juillet 2008 14:10

            La place de l’enfant au sein de la famille a affecté l’école, devenue elle aussi maternante.

            La fonction paternelle, source symbolique de l’autorité, a définitivement disparu. Le père, réduit à son rôle de géniteur, a été amené à devenir une "mère bis". Ce qui le conduit à se lancer avec la mère dans un concours de maternité, toxique pour l’enfant. Les valeurs maternelles, conjointes à un enfant devenu roi, ont envahi les structures de nos sociétés, qui sont devenues maternantes. Plus aucun tarissement du lait maternel, même si celui-ci est servi en boîte et même si maman travaille. La féminisation de la société a contribué à brouiller un peu plus le problème par une surimpression de la femme sur la mère, bien entendu en l’absence de tout symbolisme du masculin et du père... L’enfant doit être un consommateur et rien d’autre. Pas d’altérité et pas d’effort non plus, qui pourraient contrarier son potentiel à consommer. Le besoin infini de l’enfant et la consommation, sont les modèles référant de notre société. Ils soutendent notre système tout entier.

            Cette vague déferlante a atteint le système scolaire. Les enseignants sont censés devoir combler le déficit éducationnel, derrière lequel se cache, en réalité, le déficit du père, ils sont invités "à accompagner l’enfant dans la découverte de son savoir", comme la mère et la fonction maternelle l’avait accompagné dans ses premiers besoins et comme si l’enfant avait un génie inné, à la façon de son besoin infini. Il n’est plus question de délivrer un savoir ou d’éduquer ! L’enfant est au centre de l’école a la place du savoir, comme il est au centre de la famille à la place de l’éducation. Derrière ce système maternel, ce cache en réalité le consumérisme érigé en système absolu et non dépassable. Le monde de la mère, non dépassé, c’est la satisfaction du besoin materiel, érigé en finalité absolue.

            Le résultat est préoccupant. Car, si les milieux cultivés parviennent avec leur progéniture au minimum requis, il n’en va pas de même pour les autres. Le système actuel fabrique tous les ans 60 000 enfants qui finissent leur parcours scolaire avec moins de 400 mots de vocabulaire et qui confondent Napoléon et Louis XIV. Ces jeunes parlent pratiquement par onomatopées et slogans comme les spots publicitaires. Le déficit lexical entraine un déficit analytique. Mais ceux sont surtout les besoins insatisfaits qui se transforment en frustration parce que l’apprentissage de la limite n’a pas été effectué. Toutes ces frustrations se transforment en violence. On a de quoi s’inquiéter.

            On comprend maintenant pourquoi le mot éducation n’a plus la cote... Il signifie "conduire hors de", on lui préfère dans les milieux autorisés le mot formation qui est le substantif de " formater". On a compris effectivement le complément circonstanciel.

            Eric de Trévarez


          • alceste 6 juillet 2008 15:34

            @ E. de Trévarez,
            je vous remercie pour votre réponse, qui prolonge l’analyse de votre article avec un élément que j’ai toujours trouvé fort important dans le phénomène de l’Avènement de l’Enfant : l’intérêt commercial. Du moment où l’Enfant entre comme support publicitaire, puis comme cible et enfin comme prescripteur de consommation, le marché ne peut que fructifier. Là où l’adulte veut bien se priver - faute par exemple d’un travail et d’un salaire décent - il est hors de question que l’enfant souffre d’un manque, d’une frustration.
            En raccourci, tout ce qui dans l’éducation "antique" était du ressort de l’attente, du mérite, de la récompense et du blâme est ressenti comme une atteinte à l’équilibre mental du petit. Il n’y a rien d’étonnant que l’école traditionnelle apparaisse comme un lieu de mortification et d’ennui mortel, puisqu’elle ne proposait pas de produit et n’avait rien à vendre ; jusqu’au moment où ces termes étranges ont commencé à résonner aux oreilles des enseignants, mais aussi, dans la foulée, des médecins hospitaliers. Une école plus ludique et plus branchée où les technologies modernes - y compris avec leurs messages publicitaires - sont omniprésentes correspond mieux aux temps présents. Je ne sais si c’est un petit pas pour l’homme, mais c’est un grand pas pour le système libéral et consumériste.


          • alceste 6 juillet 2008 15:40

            @ l’auteur,
            j’ai oublié de mentionner que votre analyse de la perte du "père" en tant que figure d’autorité, me semble fort juste. Elle me fait repenser à ce récit contre utopiste de Boris Vian où l’ont voit une mère qui, pour mieux protéger ses enfants, finit par les enfermer dans une cage. ( il me semble qu’il s’agit de "L’Arrache-Coeur") . C’est une métaphore à méditer.


          • Eric 6 juillet 2008 16:11

            Les archétypes de la pensée, depuis la nuit des temps, les valeurs symboliques qu’ils ont véhiculées, et la psychanalyse, ont toujours révélé que le rôle du père, est de freiner puis de canaliser par l’éducation et la loi, le désir de l’enfant. Si la grossesse de la mère est visible, et si son lien avec l’enfant est évident, aussi bien que total, c’est-à-dire fusionnel, en revanche le père et son lien avec l’enfant, relèvent du « verbe » c’est-à-dire de la reconnaissance de son acte sexuel et de sa conséquence, du domaine de la parole et du crédit qu’il accorde à la mère, et à son affirmation qu’il est le père. Le Père est le contrat originel, à la base de toute l’organisation de la société, il est le premier « savoir dire non », et le premier « savoir dire oui », extérieurs à la mère, qui engagent et sans lequel aucun développement n’est possible… Avec le père commence la vie en société et la lente sortie de l’état fusionnel avec la mère. Le père représente la toute première ascèse, nécessaire à l’apprentissage de la « vie ».

            Pour ceux qui disent que ce rôle peut être tenu par la mère, car en fait c’est à ce niveau que se situe la grande mutation de la société actuelle, il faudrait revenir sur les archétypes et le rôle du Phallus symbolique en tant qu’élément déterminant. Les déboires de notre système éducatif ne sont, peut-être pas, à chercher ailleurs.
            S’il s’avère, comme cela semble être le cas, que ce rôle symbolique ne peut être tenu par la mère, notre système actuel d’éducation est voué à l’échec et son résultat sur toute une génération n’est pas prévisible pour l’instant.…

            Comment c’est mis en place le paradigme moderne ? Les féministes pensent qu’il s’agit d’une évolution, fruit de la pensée et de l’analyse, d’un refus d’une hiérarchisation obsolète, source de discrimination.

            Cette vision est probablement idéaliste. Ne s’agit-il pas plutôt d’une nécessité d’un système économique qui favorise à outrance la consommation ? Tout désir, dans notre société doit se concrétiser par un acte d’achat ! Il ne s’agit plus d’éduquer le désir, démarche qui a été un formidable moteur de civilisation et de hiérarchisation des valeurs, mais plutôt de laisser libre cours à son expression, car les enfants, et le niveau de conscience et de besoins qui caractérise cet état, sont un élément déterminant et moteur de la consommation et de tout notre système. L’enfant et l’infantilisation de l’adulte et des foules, sont avec la mère érigée en principe absolu et non dépassable, les trois piliers de la consommation. Savoir dire non au désir peut se révéler couteux en termes de demande en économie marchande. Toute forme d’ascèse est actuellement bannie de l’éducation, le mot étude est lui-même rangé au rayon du ringard en raison de l’effort qu’il suggère. Tout apprentissage se doit d’être ludique parce que le ludique est rentable économiquement et qu’il peut se vendre car sa demande est spontanée, mais surtout, et c’est ce qui doit être noté et souligné, parce qu’il n’éduque pas la volonté….

            La société actuelle semble ignorer, dans sa superbe et son mépris des enseignements du passé, que le mot éducation que nous employons, maintenant à tord, signifie « conduire hors de… » . C’est vrai que pour l’heure nous allons tout droit dedans !

            Eric de Trévarez


          • Eric 6 juillet 2008 16:21

            Les archétypes du Père

            Les archétypes de la pensée, depuis la nuit des temps, les valeurs symboliques qu’ils ont véhiculées, et la psychanalyse, ont toujours révélé que le rôle du père, est de freiner puis de canaliser par l’éducation et la loi, le désir de l’enfant. Si la grossesse de la mère est visible, et si son lien avec l’enfant est évident, aussi bien que total, c’est-à-dire fusionnel, en revanche le père et son lien avec l’enfant, relèvent du « verbe » c’est-à-dire de la reconnaissance de son acte sexuel et de sa conséquence, du domaine de la parole et du crédit qu’il accorde à la mère, et à son affirmation qu’il est le père. Le Père est le contrat originel, à la base de toute l’organisation de la société, il est le premier « savoir dire non », et le premier « savoir dire oui », extérieurs à la mère, qui engagent et sans lequel aucun développement n’est possible… Avec le père commence la vie en société et la lente sortie de l’état fusionnel avec la mère. Le père représente la toute première ascèse, nécessaire à l’apprentissage de la « vie ».

            Pour ceux qui disent que ce rôle peut être tenu par la mère, car en fait c’est à ce niveau que se situe la grande mutation de la société actuelle, il faudrait revenir sur les archétypes et le rôle du Phallus symbolique en tant qu’élément déterminant. Les déboires de notre système éducatif ne sont, peut-être pas, à chercher ailleurs.
            S’il s’avère, comme cela semble être le cas, que ce rôle symbolique ne peut être tenu par la mère, notre système actuel d’éducation est voué à l’échec et son résultat sur toute une génération n’est pas prévisible pour l’instant.…

            Comment c’est mis en place le paradigme moderne ? Les féministes pensent qu’il s’agit d’une évolution, fruit de la pensée et de l’analyse, d’un refus d’une hiérarchisation obsolète, source de discrimination.

            Cette vision est probablement idéaliste. Ne s’agit-il pas plutôt d’une nécessité d’un système économique qui favorise à outrance la consommation ? Tout désir, dans notre société doit se concrétiser par un acte d’achat ! Il ne s’agit plus d’éduquer le désir, démarche qui a été un formidable moteur de civilisation et de hiérarchisation des valeurs, mais plutôt de laisser libre cours à son expression, car les enfants, et le niveau de conscience et de besoins qui caractérisent cet état, sont un élément déterminant et moteur de la consommation et de tout notre système. L’enfant et l’infantilisation de l’adulte et des foules, sont avec la mère érigée en principe absolu et non dé passable, les trois piliers de la consommation. Savoir dire non au désir peut se révéler couteux en termes de demande en économie marchande. Toute forme d’ascèse est actuellement bannie de l’éducation, le mot étude est lui-même rangé au rayon du ringard en raison de l’effort qu’il suggère. Tout apprentissage se doit d’être ludique parce que le ludique est rentable économiquement et qu’il peut se vendre car sa demande est spontanée, mais surtout, et c’est ce qui doit être noté et souligné, parce qu’il n’éduque pas la volonté….

            La société actuelle semble ignorer, dans sa superbe et son mépris des enseignements du passé, que le mot éducation que nous employons, maintenant à tord, signifie « conduire hors de… » . C’est vrai que pour l’heure nous allons tout droit dedans !

             

            Eric de Trévarez


          • Eric 6 juillet 2008 17:05

            Les archétypes du Père
             
            Les archétypes de la pensée, depuis la nuit des temps, les valeurs symboliques qu’ils ont véhiculées, et la psychanalyse, ont toujours révélé que le rôle du père, est de freiner puis de canaliser par l’éducation et la loi, le désir de l’enfant. Si la grossesse de la mère est visible, et si son lien avec l’enfant est évident, aussi bien que total, c’est-à-dire fusionnel, en revanche le père et son lien avec l’enfant, relèvent du « verbe » c’est-à-dire de la reconnaissance de son acte sexuel et de sa conséquence, du domaine de la parole et du crédit qu’il accorde à la mère, et à son affirmation qu’il est le père. Le Père est le contrat originel, à la base de toute l’organisation de la société, il est le premier « savoir dire non », et le premier « savoir dire oui », extérieurs à la mère, qui engagent et sans lequel aucun développement n’est possible.
            Avec le père commence la vie en société et la lente sortie de l’état fusionnel avec la mère. Le père représente la toute première ascèse, nécessaire à l’apprentissage de la « vie ». 
             
            Pour ceux qui disent que ce rôle peut être tenu par la mère, car en fait c’est à ce niveau que se situe la grande mutation de la société actuelle, il faudrait revenir sur les archétypes et le rôle du Phallus symbolique en tant qu’élément déterminant. Les déboires de notre système éducatif ne sont, peut-être pas, à chercher ailleurs.
             
            S’il s’avère, comme cela semble être le cas, que ce rôle symbolique ne peut être tenu par la mère, notre système actuel d’éducation est voué à l’échec et son résultat sur toute une génération n’est pas prévisible pour l’instant.
             
            Comment c’est mis en place le paradigme moderne ? Les féministes pensent qu’il s’agit d’une évolution, fruit de la pensée et de l’analyse, d’un refus d’une hiérarchisation obsolète, source de discrimination. 
             
            Cette vision est probablement idéaliste. Ne s’agit-il pas plutôt d’une nécessité d’un système économique qui favorise à outrance la consommation ? Tout désir, dans notre société doit se concrétiser par un acte d’achat ! Il ne s’agit plus d’éduquer le désir, démarche qui a été un formidable moteur de civilisation et de hiérarchisation des valeurs, mais plutôt de laisser libre cours à son expression, car les enfants, et le niveau de conscience et de besoins qui caractérise cet état, sont un élément déterminant et moteur de la consommation et de tout notre système. L’enfant et l’infantilisation de l’adulte et des foules, sont avec la mère érigée en principe absolu et non dé passable, les trois piliers de la consommation. Savoir dire non au désir peut se révéler couteux en termes de demande en économie marchande. Toute forme d’ascèse est actuellement bannie de l’éducation, le mot étude est lui-même rangé au rayon du ringard en raison de l’effort qu’il suggère. Tout apprentissage se doit d’être ludique parce que le ludique est rentable économiquement et qu’il peut se vendre car sa demande est spontanée, mais surtout, et c’est ce qui doit être noté et souligné, parce qu’il n’éduque pas la volonté. 
             
            La société actuelle semble ignorer, dans sa superbe et son mépris des enseignements du passé, que le mot éducation que nous employons, maintenant à tord, signifie « conduire hors de » .C’est vrai que pour
            l’heure nous allons tout droit dedans !
             
             
            Eric de Trévarez


          • Eric 6 juillet 2008 17:29

            Les archétypes du Père

            Les archétypes de la pensée, depuis la nuit des temps, les valeurs symboliques qu’ils ont véhiculées, et la psychanalyse, ont toujours révélé que le rôle du père, est de freiner puis de canaliser par l’éducation et la loi, le désir de l’enfant. Si la grossesse de la mère est visible, et si son lien avec l’enfant est évident, aussi bien que total, c’est-à-dire fusionnel, en revanche le père et son lien avec l’enfant, relèvent du « verbe » c’est-à-dire de la reconnaissance de son acte sexuel et de sa conséquence, du domaine de la parole et du crédit qu’il accorde à la mère, et à son affirmation qu’il est le père. Le Père est le contrat originel, à la base de toute l’organisation de la société, il est le premier « savoir dire non », et le premier « savoir dire oui », extérieurs à la mère, qui engagent et sans lequel aucun développement n’est possible… Avec le père commence la vie en société et la lente sortie de l’état fusionnel avec la mère. Le père représente la toute première ascèse, nécessaire à l’apprentissage de la « vie ».

            Pour ceux qui disent que ce rôle peut être tenu par la mère, car en fait c’est à ce niveau que se situe la grande mutation de la société actuelle, il faudrait revenir sur les archétypes et le rôle du Phallus symbolique en tant qu’élément déterminant. Les déboires de notre système éducatif ne sont, peut-être pas, à chercher ailleurs.

             S’il s’avère, comme cela semble être le cas, que ce rôle symbolique ne peut être tenu par la mère, notre système actuel d’éducation est voué à l’échec et son résultat sur toute une génération n’est pas prévisible pour l’instant.…

            Comment c’est mis en place le paradigme moderne ? Les féministes pensent qu’il s’agit d’une évolution, fruit de la pensée et de l’analyse, d’un refus d’une hiérarchisation obsolète, source de discrimination.

             Cette vision est probablement idéaliste. Ne s’agit-il pas plutôt d’une nécessité d’un système économique qui favorise à outrance la consommation ? Tout désir, dans notre société doit se concrétiser par un acte d’achat ! Il ne s’agit plus d’éduquer le désir, démarche qui a été un formidable moteur de civilisation et de hiérarchisation des valeurs, mais plutôt de laisser libre cours à son expression, car les enfants, et le niveau de conscience et de besoins qui caractérisent cet état,  sont un élément déterminant et moteur de la consommation et de tout notre système. L’enfant et l’infantilisation de l’adulte et des foules, sont avec la mère érigée en principe absolu et non dépassable, les trois piliers de la consommation. Savoir dire non au désir peut se révéler couteux en termes de demande en économie marchande. Toute forme d’ascèse est actuellement bannie de l’éducation, le mot étude est lui-même rangé au rayon du ringard en raison de l’effort qu’il suggère. Tout apprentissage se doit d’être ludique parce que le ludique est rentable économiquement et qu’il peut se vendre car sa demande est spontanée, mais surtout, et c’est ce qui doit être noté et souligné, parce qu’il n’éduque pas la volonté….

             La société actuelle semble ignorer, dans sa superbe et son mépris des enseignements du passé, que le mot éducation que nous employons, maintenant à tord, signifie « conduire hors de… » . C’est vrai que pour l’heure nous allons tout droit dedans ! 

             

            Eric de Trevarez

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