La tartufferie de la votation citoyenne lycéenne
Après la votation citoyenne sur la Poste, les organisations lycéennes de gauche et d’extrême gauche veulent lancer une autre votation parmi les lycéens.
Quand il ne copie-colle pas depuis Internet en travestissant le sens de l’article, Luc Chatel dit parfois des choses sensées. Ainsi, qualifier la "votation citoyenne sur La Poste" de tartuferie était parfaitement adapté, cette dernière n’étant en effet que pure imposture. Rien de différent avec la "votation citoyenne" organisée à partir d’aujourd’hui dans les lycées et relayée largement par les médias alors que rien n’a encore eu lieu. Prompts à relayer la communication d’un [mouvement organisé par des syndicats (UNL et Fidl), les jeunesses ouvrières communistes, le mouvement des jeunes communistes, le mouvement des jeunes socialistes et d’autres organisations d’une neutralité légendaire, les médias se gardent bien de parler de la parodie de démocratie que ces votations représentent. Les mêmes manipulations sont présentes dans ces deux votations. Ainsi, la formulation de la ou des questions posées est toujours claire, sans parti pris, neutre. Enfin, presque... Il faut donc choisir entre "un lycée qui s’adapte uniquement aux besoins du marché" et "un lycée où c’est toi qui choisis ta filière", "la concurrence entre lycées d’élites et lycées ghettos" et "une carte scolaire qui garantit l’égalité", "des profs à la sauce Sarko, moins nombreux, moins formés" et "les moyens d’obtenir un diplôme qui permet de s’en sortir" (fautes d’orthographes d’origine). Où l’on apprend que la carte scolaire garantit l’égalité alors qu’elle ne fait que ghettoïser, ou que les diplômes actuels permettent de s’en sortir, comme en témoignent les milliers de diplômés sous employés à la sortie de l’université. Miracle de la novlangue. Sur La Poste, là où le gouvernement avait exclu l’hypothèse de la privatisation, la question était : « le gouvernement veut changer le statut de La Poste pour la privatiser, êtes-vous d’accord ? ». Dans les deux cas, ces votations sont organisées pour prouver quelque chose, avant même que le vote ait lieu. Ainsi d’Antoine Evennou, président de l’UNL (6 000 adhérents revendiqués, combien dans la réalité ? [1]) qui du haut de ses 17 ans nous annonce qu’il va « montrer au gouvernement qu’il a tort dans le domaine de l’éducation » avec cette "votation". Les organisateurs font un vote avec pour but un résultat bien précis, mais vu l’intitulé de leurs questions, prennent-ils un risque en en annonçant le résultat avant même que la parodie de vote ait eu lieu ? Au final, voter dans une telle parodie de vote ne serait que cautionner la démarche profondément antidémocratique d’une telle votation lycéenne. Le véritable échec d’une telle "votation" se mesurera au faible nombre de votants, et non aux résultats, sachant que, dans tous les cas, c’est à des bourrages d’urnes en masse qu’il faut s’attendre. En opposition à ces critiques lycéennes, on pourra lire plutôt un entretien avec le philosophe Philippe Nemo.
[1] Vincent Vantighem dans 20 Minutes ne s’embarrasse même pas de préciser que 6 000 est le nombre d’adhérents revendiqués dans la plaquette publicitaire qu’il consacre à cette "votation"
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