Le bracelet électronique pour les détenus : un pied dans la liberté ?

Depuis 2000, le principe de placement sous surveillance électronique (PSE), avait été proposé en France. Inspiré du modèle américain, le PSE n’a pas su s’attirer les bonnes grâces de notre système judiciaire et encore moins des associations de défense des victimes. Les griefs qu’on lui faisait étaient nombreux :
- impossible de localiser la personne si elle sort de chez elle, et donc, risque de récidive non contrôlée ;
- a priori sur cette méthode de surveillance qui pose la question de l’atteinte à la dignité de la personne...
Avec le PSEM (placement sous surveillance électronique mobile), les déplacements sont repérables grâce à un GPS. Ce système peut être proposé à des délinquants arrivant à la fin d’une longue peine. Il permet une réinsertion dans la vie active avec un fort système de surveillance.
Libre en apparence, le détenu est soumis à de nombreuses contraintes : il doit en outre s’occuper de recharger tous les soirs la batterie de son boîtier ; tous ses trajets sont calculés et ses heures de sortie lui sont comptées. De plus, certaines zones lui sont interdites d’accès, en fonction des faits pour lesquels il a été condamné. Ainsi, on peut interdire à un porteur de bracelet électronique de se rendre autour des lieux de travail et d’habitation de ses anciennes victimes. Un pédophile se verra interdire l’approche des écoles. En cas de non-respect de cette interdiction, un voyant rouge s’allume sur l’écran de contrôle du surveillant et le détenu est interpellé. On voit donc que les possibilités sont multiples avec se système de surveillance.
Outre les bénéfices apportés au détenu, qui se voit libéré plus tôt et surtout bien encadré pour reprendre sa place dans la société, ce procédé permet de limiter le coût financier : une journée pour un détenu muni d’un bracelet coûte environ 30 euros aux finances publiques contre 60 euros en prison.
Actuellement, ce dispositif ne concerne qu’une dizaine de prisonniers en France. Il devrait se généraliser en 2008. Mais le PSEM a ses limites : si on s’en tient à une simple surveillance sur un écran, les "cyberprisonniers" risquent de rater leur réinsertion. Le PSEM devrait donc être accompagné d’un suivi psychologique et social. Tout dépendra des juges : un juge plus "répressif" pourra ajouter un PSEM en plus d’une longue peine. Le détenu se verra donc à nouveau emprisonné, en quelque sorte, bien qu’ayant déjà purgé sa peine. D’autres, au contraire, pourront alléger une peine lourde en instaurant en contrepartie un suivi post-carcéral avec bracelet.
Dans tous les cas, la mise en place des PSEM en France inaugure une nouvelle façon d’envisager les peines d’emprisonnement et la place des anciens détenus au coeur de notre société.
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