Le démographe hors-sol nous mène à la fosse commune

Je suis d’une autre planète que la vôtre, d’une autre solitude…
Écocentriste exécrant la suprématie de l’animal humain, je n’entends RIEN au discours dangereusement rassurant et hasardement comptable des démographes conventionnels qui se sont manifestés à l’occasion de l’évènement creux du passage au cap des 7 milliards d’humains capricieux, encombrant une planète aux écosystèmes déjà usés jusqu’à la corde. Ces démographes hors-sol me semblent hors-raison. Ils sont pour moi d’effrayants mutants, ni faits de chair, ni faits de sang. Robot sapiens synthétisés par les chiffres et uniformisés par la tenue cravatée d’envoyés spéciaux et sbires du système, ils sont formatés en conséquence.
Leur discours à l’unisson, exclusivement économique, me fait très peur, non seulement par empathie pour les trop nombreuses espèces végétales et animales en déclin, mais aussi pour les gens des pays appauvris par nous et dont l’existence est déjà errance, et enfin pour les enfants otages que nous engendrons à la légère, générations à venir qui auront peu à choisir et beaucoup à souffrir, dont héritage sera constitué des restes de notre scandaleux déshéritement.
Ma planète se veut Vivante, certes humaniste mais aussi biocentriste pour éviter l’anthropocentrisme contre-productif, la pensée est donc un peu rousseauiste et nietzschéenne. C’est trop !
Un tiers de la superficie des terres émergées du globe, soit 4 milliards d’hectares et l’équivalent de la surface forestière est menacé par la désertification, et plus de 250 millions de personnes sont directement affectées par ce problème. 24 milliards de tonnes de sols fertiles disparaissent chaque année.
Je suis infiniment triste de constater que toutes les autres espèces reculent au fur et à mesure que nous avançons, à tel point que les institutions et conventions chargées de veiller aux lambeaux nous rebattent les oreilles avec des listes rouges et de toutes les couleurs. Tu ne peux plus voir un docu animal sans que l’espèce présentée soit désignée comme en voie d’extinction. Cet état des lieux doit être plus qu’affligeant et démoralisateur pour une
jeunesse qui doit préparer son avenir dans une civilisation qui s’est acharnée à détruire le même avenir. Si cela n’affecte pas le commun des mortels, qu’il songe alors que les ressources, pour la plupart sont non-renouvelables puisque répondant à la finitude du monde, sont, elles-aussi, en voie de tarissement. Le goût de la tomate prouve que onsommer de la merde est déjà un acte citoyen.
Je croyais qu’il y avait une course contre la montre entre la détérioration et la préservation, illustrée par des milliers d’exemples, comme celui de l’Indonésie : 25 millions d’humains dont la plupart, asservis, ne peuvent se permettre de « philosopher » sur la déforestation au profit du palmier à huile, pour 5.000 derniers orangs-outans Tout au contraire, le démographe inhumain m’assure que l’Indonésie achève sa transition démographique. Tout en achevant notre frère l’orang.
Le chorus du démographe tapinant pour l’ultralibéralisme est une chanson connue : toujours plus, mais dans le partage et la lutte contre les disparités et les spéculateurs. Des évidences de catéchisme. Pas un mot sur l’égoïsme psychanalytique de l’humain. Pas un mot sur notre lien aux écosystèmes et notre dépendance aux ressources naturelles.
Moi qui croyais que nous étions entrés dans la sixième phase d’extinction massive des espèces, la première due à notre responsabilité parce que c’est la première fois que Gaïa supporte une telle surcharge humaine, plus que prédatrice parce que suréquipée d’un progrès redoutable et corrosif sur un mode de destruction irréversible…
Moi qui croyais qu’il y avait urgence parce que les ressources premières devenaient rares et fragiles…
Moi qui croyais qu’il fallait prendre l’homme éthologiquement tel qu’il était, c’est à dire mauvais et qu’il était devenu oiseux de l’exhorter encore et encore à l’altruisme et au partage, et donc qu’il fallait être pragmatique et moins se reproduire pour assurer à nos progénitures une vie vivable.
Moins procréer non seulement pour une croissance zéro, mais aussi et surtout pour nous réduire à un maximum de 3 milliards à l’horizon 2100, ainsi que nous l’étions en 1960 quand des visionnaires éclairés parce que hommes de terrain prévoyaient déjà le pire.
Le pire : nous y sommes, notre crise est écosystémique et les promesses politiques d’en sortir sont fallacieuses et strictement électorales. Les escrocs qui n’avaient pas vu venir ne peuvent maintenant prétendre énoncer le moyen d’en sortir, ni encore moins la date.
Ce qui est pris n’est plus à prendre. Les Étatsuniens qui roulaient Buick, Plymouth et Cadillac quand j’étais enfant parce que le pétrole ne valait rien mettent aujourd’hui le Nigéria, l’Irak, la Libye et le monde à feu et à sang pour continuer à faire le plein de bagnoles monoplaces.
Attendre la mort des obèses va pendre du temps, ils ont tant dérobé sous toutes les latitudes qu’ils disposent de quelques longueurs d’avance et de quelques remèdes (souvent biopiratés chez les honorables peuples natifs) pour vivre encore plus gros et plus longtemps.
J’ai donc tout faux.
À nos escrocs, l’humanité reconnaissante
Écoutons-les… Notre feuille de route est induite par une sereine et certaine transition démographique. Attendre que ça passe, que ça se tasse, que la procréation lasse. Un jour viendra où tous les couples du monde auront deux salaires pour un seul enfant. Un jour. Le Vatican et le Coran n’y aident pas vraiment…
Entre-temps, gens pauvres, démunis, accaparés par de terribles urgences au quotidien : reproduisez-vous comme des brutes, puis indignez-vous avec Hessel, Ziegler, Joly… Si vos démocraties sont suffisamment avancées pour l’autoriser.
2000 ans de vœux pieux n’ont toujours rien changé. Tu casses un riche et un ex-pauvre prend sa place.
1,5 milliard de gens sont victimes d’une malnutrition par excès au Nord (4000 calories/jour, quelle gastronomie !), autant d’autres qui n’ont pas un dollar par jour souffrent de malnutrition par insuffisance au Sud, dont 900 millions en situation de famine, tous écoréfugiés potentiels dont personne ne veut.
Alors, on me reproche d’être un écologiste urgentiste, un fanatique de l’apocalypse.
Secouristes : avant de mettre le contact de votre ambulance, demandez si le blessé est un démographe. Si oui, prenez votre temps ! Même attitude désinvolte si l’accidenté se nomme Bruckner, Allègre, Ferry ou Rufin. Il faut laisser du temps au temps.
« J'ai beau regarder les hommes, soit avec un regard bienveillant, soit avec le mauvais œil, je les trouve toujours occupés, tous et chacun en particulier, à une même tâche : à faire ce qui est utile à la conservation de l'espèce. Et ce n'est certes pas à cause d'un sentiment d'amour pour cette espèce, mais simplement puisque, en eux, rien n'est plus ancien, plus fort, plus inexorable, plus invincible que cet instinct, - puisque cet instinct est précisément l'essence de notre espèce et de notre troupeau.
Quoique l'on arrive assez rapidement, avec la vue basse dont on est coutumier, à séparer nettement, selon l'usage, à une distance de cinq pas, ses prochains en hommes utiles et nuisibles, bons et méchants, lorsque l'on fait un décompte général, en réfléchissant plus longuement sur l'ensemble, on finit par se méfier de cette épuration et de cette distinction et l'on y renonce complètement.
L'homme le plus nuisible est peut-être encore le plus utile au point de vue de la conservation de l'espèce ; car il entretient chez lui, ou par son influence sur les autres, des instincts sans lesquels l'humanité serait amollie ou corrompue depuis longtemps. La haine, la joie méchante, le désir de rapine et de domination, et tout ce qui, pour le reste, s'appelle le mal cela fait partie de l'extraordinaire économie dans la conservation de l'espèce, une économie coûteuse, prodigue et, en somme, excessivement insensée : - mais qui, cela est prouvé, a conservé jusqu'à présent notre espèce.
Je ne sais plus, mon cher frère en humanité, si, en somme, tu peux vivre au détriment de l'espèce, c'est-à-dire d'une façon « déraisonnable » et « mauvaise » ; ce qui aurait pu nuire à l'espèce s'est peut-être éteint déjà depuis des milliers d'années et fait maintenant partie de ces choses qui, même auprès de Dieu, ne sont plus possibles. Suis tes meilleurs ou tes plus mauvais penchants et, avant tout, va à ta perte ! - dans les deux cas tu seras probablement encore, d'une façon ou d'une autre, le bienfaiteur qui encourage l'humanité, et, à cause de cela, tu pourras avoir tes louangeurs - et de même tes railleurs ! »
Friedrich Nietzsche, livre premier, la Gaya scienza, traduction de l'édition de 1887 par Henri Albert.
Notre modèle
http://www.dailymotion.com/video/xam529_chic-chick-chicken
Le rêve déchu
http://www.dailymotion.com/video/x9xdh9_nietzsche-la-souffrance-et-la-vie
Eh bien ! Dansez maintenant ?http://www.dailymotion.com/video/kJ11hY6IkjKpOepOUT?start=29
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