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Accueil du site > Actualités > Société > Le handicap, une histoire de RER

Le handicap, une histoire de RER

Juste un billet d’humeur contre quelques passagers d’un RER bondé. Un petit incident de voyage qui a fait rejaillir une page d’enfance.

Je n’ai pas été éduqué dans une crèche ni dans une maternelle. En fait, j’ai été gardé dans mon village campagnard par une femme qui s’occupait d’handicapés mentaux et parfois moteurs. Aussi, dès mon plus jeune âge, ai-je été en contact avec eux, qu’ils soient trisomiques, autistes ou souffrant d’autres pathologies. Enfant donc, pour moi, le handicap était quelque chose de naturel. Cela faisait partie de mon environnement. Ils étaient des enfants sociaux comme moi, et jouaient de la même manière, avec quelques gestes brusques parfois. Ils avaient aussi une gourmandise aussi extraordinaire que la mienne pour le chocolat... Ainsi était le regard d’enfant, que j’ai gardé.

J’ai brutalement découvert la bêtise humaine des années plus tard, quand j’ai vu le regard des gens sur les handicapés mentaux ou moteurs. Certains tombent dans des mines compassées, d’autres se cachent derrière une indifférence feinte ou une inattention plus subtile. L’autre devient aveugle, sourd ou insensible face à la différence.

Mais parfois, la bêtise se manifeste... et je l’ai lue ce matin dans Le Parisien que j’ai récupéré. Dans un billet, on mentionnait un "chariot", qui était bloqué dans un RER et qui avait imposé une attente à la rame... le temps de résoudre le problème de cet handicapé désemparé... qui voulait descendre aux Invalides.
L’incident témoigne des signes d’impatience de ces Parisiens pressés. Des noms d’oiseaux ont commencé à pleuvoir sur le temps que l’handicapé faisait perdre. Celui-ci crie sa douleur devant l’humiliation qu’une foule dans un RER peut faire subir à un homme qui a voulu "vivre" comme tout le monde...
Quand j’ai lu cela, toute mon indignation et ce creuset de sentiment que j’ai forgé dans mon enfance ont rejailli en moi... Il y a des handicapés mentaux, des handicapés moteurs, et il y a les handicapés du sentiment et de l’humanité.


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10 réactions à cet article    


  • alberto (---.---.243.194) 28 décembre 2006 13:11

    Joli billet, Yannick.

    Vous avez mille fois raison : ce sont les handicapés du sentiment qui retardent le train de l’Hmanité.

    Merci.


    • pingouin perplexe (---.---.92.169) 28 décembre 2006 14:42

      Article intéressant, par ce qu’il suggère en matière de leçon d’humanité. Dans ce court témoignage, l’auteur laisse percevoir en quoi le contact de personnes handicapés l’a enrichi, et éloigné de la bêtise. Une juste critique de l’indifférence et des incivilités.


      • zofi (---.---.70.48) 28 décembre 2006 15:04

        comme quoi, il vaut mieux éviter de lire le Parisien...

        Plus sérieusement, belle éducation que vous avez recue là.


        • Vincent (---.---.194.154) 28 décembre 2006 15:57

          Je me rappelle avoir lu cet article du Parisien, et aussi avoir été choqué en le lisant.

          Ce passager n’a certainement pas une vie facile. Les infrastructures ne sont pas toujours adaptées, comme ce RER. Il a donc été obligé de prévenir la SNCF pour que des agents l’aident à monter, ce qui fut le cas. Et aussi pour descendre, mais les agents n’étaient pas présents à l’arrêt du RER. Pourtant, il a effectué sa demande un mois avant l’incident !

          Déjà dans l’embarras, le voilà qu’il se fait insulter. Ces personnes auraient mieux fait de l’aider à descendre. La bêtise et la cruauté humaine m’étonnera toujours.

          C’est bien beau de donner au Téléthon et autres chaque année, mais ça serait bien aussi d’aider les handicapés dans la vie de tous les jours.


          • bb (---.---.134.117) 28 décembre 2006 17:43

            Regarde un handicapé et si en lui tu ne te reconnais pas tu es alors aussi handicapé... bb


            • bb (---.---.134.117) 28 décembre 2006 18:33

              Tout le monde est pressé et personne ne voit que nous avons une limite que l’on ne pourra dépasser. Des pressés il y en a plein les cimetieres et des indispensables aussi........ Ce faisant ; passer à coté de tout et ne rien voir est une hérésie de la vie car la limite est là à chaque instant qui passe un peu plus près..... L’échéance existe et tout le monde se croit immortel et ne respecte plus les siens sous des pretextes que la vie est ainsi. Elle n’est ainsi que pour ceux qui veulent qu’elle soit ainsi mais ne pas voir ne pas regarder ou ne plus voir et ne plus regarder font que la vie nous a deja quitté. bb


              • bb (---.---.134.117) 28 décembre 2006 20:51

                j’oubliais : l’auteur nous dit d’une certaine manière on ne regarde pas les handicapés comme il le faudrait. Mais il faut savoir à la décharge de beaucoup de gens qu’ils ne regardent pas parce que ils ont peur de mal regarder et de blesser la personne. Ce phénomène m’est deja arrivé et j’ai détourné mon regard non par méchanceté mais par peur sur le moment de surprise de ne pas savoir regarder et de faire du mal à cette personne. Je ne pense pas qu’on puisse aussi facilement mettre les gens dans le même panier et que parfois la maladresse d’un regard vis à vis d’une personne handicapée ne revêt forcement pas une quelconque hostilité. bb


              • sherpy (---.---.193.133) 10 janvier 2007 15:17

                Le handicap fait peur parce qu’il est méconnu et qu’il renvoie cette image d’exclusion. Il me semble que la démarche naturelle serait de s’approcher et de comprendre la demande de la personne à ce moment, quitte à être quelques minutes mal à l’aise.Ce temps là durera sûrement moins longtemps que le handicap vécu par cette personne. Arrêtons de compliquer les rapports, d’interpréter les comportements mais apprenons à les identifier. Ne secouons pas la tête envoyant quelqu’un qui se met à émettre des bruits, en pensant qu’il s’agit d’un déséquilibré. Le handicap peut tous nous toucher un jour ou l’autre. L’ignorance, l’indifférence, la moquerie, tout ces comportements sont à bannir. Un rappel également pour dire que tous les handicaps ne sont pas forcément visibles. Merci de votre lecture.


              • lyago2003 (---.---.65.168) 29 décembre 2006 21:59

                Bonjour, Nous avons une seule vie à vivre

                En autant que nous le savons, nous ne passons sur cette terre qu’une seule fois et si nos vies sont frustrées, nos espoirs déraillées et nos rêves rendus impossibles, alors nous faisons face à une tragédie. Il faut sourire à la Vie et la Vie nous sourira.

                Il y a une chose pire que la solitude et c’est de ne plus avoir le désir de vivre et avoir perdu l’espoir dans la Vie. Il serait peut-être important de savoir ce qu’on fuit, ce qui nous fait peur et vers quoi nous courrons. Il faut être conscient de nos actes et de notre façon de penser pour devenir responsable de sa vie. Dans la vie, nous ne sommes pas coupable mais bien responsable de sa vie.

                Pour y parvenir, il faut être maître de sa vie, il faut se connaître intérieurement. C’est-à-dire dans sa vie personnelle et changer sa façon de voir la vie pour rétablir un meilleur contact avec la vie qui est là pour nous. Devant les épreuves, les difficultés, il faut toujours se référer à soi pour trouver la cause et les moyens de s’en sortir.

                Il serait important de se poser des questions :

                Qu’est-ce que je fais moi ici maintenant pour continuer ma route sur la terre ? Qu’est-ce que je fais pour enlever les barrières qui m’empêchent de trouver mon droit de passage ? Qu’est-ce qui m’empêche d’être une personne heureuse et de sourire à la vie ?

                Il serait bon de penser que chaque journée est un privilège et une journée importante pour la vie qui m’appartient. Il faut toujours être ravi à la perspective d’une journée nouvelle, un nouveau départ et un nouvel effort. Avec un peu de magie et d’imagination nous parvenons à découvrir des joies nouvelles.

                Mais que c’est parfois difficile, non la vie n’est pas un long fleuve tranquille, il y à des personnes à qui on repasse le plat plusieurs fois !

                e suis Handicapée à 95% suite à une SEP (sclérose en Plaques) que j’ai eu à 25 ans (aujourd’hui 56).

                Juste pour dire que la france est certainement inadaptée aux « fauteuils roulants » dans ces batiments, mais c’est vous tous, mes cher(e)s comptariotes qui l’êtes aussi... Il a fallu que « ça m’arrive » pour réaliser à quel point ce sont les « méchants habituels » (employeurs, propriétaire de logement, banques, assurances etc...) mais aussi énormément la population elle-même qui refuse la visibilité et la coexistence avec des handicapés (moteur, mais aussi, sourd, aveugle, tordus et boiteux en tout genre). Beaucoup de gens ont un ou une amie handicapée, ça permet d’en parler pour s’indigner...d’aller rendre une visite à l’occasion ...Mais où sont les handicapés le soir dans vos fêtes ou vos soirées ?? où sont les handicapés dans votre immeuble ou votre quartier ? où sont les handicapés dans vos loisirs ? où sont les handicapés dans vos vies courantes ? ou se cachent-ils ???

                Je me permets d’être sans doute exagéremment accusateur, mais parceque j’ai découvert un véritable monde parrallèle d’inexistence et d’évitement, une patate chaude qui circule d’hôpitaux en CCAS et en CAT...

                Sur certaines questions sociales ou sociétales, il y a des responsables ou des coupables identifiables...

                Sur celle des handicapés en France, il n’y a surtout pas d’innocents...gauche ou droite, riche ou pauvre...

                La France est à la traîne en ce qui concerne l’insertion des handicapés mais aussi la réinsertion des détenus (sans parler de leurs conditions de vie en taule),le combat contre le chômage,le combat contre l’échec scolaire (entre autres la dyslexie), l’aide au troisème âge et on pourrait multiplier les exemples. Tout se passe comme si que sous le vernis de notre sacro-sainte égalité républicaine,on ne voulait pas voir qu’ il y a aux marges de notre société beaucoup de gens qui peinent à trouver leur place au sein de cette même société.Mais qui s’en soucie réellement ? Il est tellement plus intéressant de savoir si Buffet va cocufier Besancenot ou l’inverse, quand Royale va faire son premier vrai faux pas, si Alliot -Marie va réussir à ce que Sarozy fasse vraiment cocotte-minute, si Chirac fêtera son centenaire à l’Elysée... Le peu d’’interventions sur ce forum témoigne suffisament de cette indifférence....

                Faut voyager pour se rendre compte à quel point on doit encore progresser en France. Ou être handicapé.

                Mais c’est comme tout, c’est une question de choix et tant que le personnel politique a sa carrière comme priorité des priorités, le handicapé attendra. Un an de plus ou de moins ... on n’est plus à ça près :

                Certains handicaps ne sont pas visibles. L’image du handicapé reste figée dans celle d’une personne en fauteuil roulant. En sus des « handicapés mentaux »qui semblent classés au bas de la hierarchie parmi les handicaps, il existe des handicaps physiques très lourds invisibles à l’oeil . Les campagnes pour l’insertion des handicapés présentent toujours la même image, le handicapé en fauteuil roulant. La plupart des améliorations urbaines visent ce public et peuvent géner d’autres handicaps . Pourquoi abaisser les trottoirs aux coins des rues, tandis que l’on multiplie au meme endroit bornes et installations diverses très génantes pour la circulation de personnes à mobilité difficile. Les bancs de rue disparaissent (plus de pause repos possible à l’extérieur) ainsi que les chaises des magasins (il n’y en n’a plus que dans les pharmacies). Ne parlons pas des laisses de chiens extensibles capable d’en envoyer plus d’un à l’hopital. Pense t-on aux mal voyants en multipliant les codes d’acces à chiffres qui sont en train de devenir le sesame pour une multitude d’actes.


                • Claudine (---.---.14.20) 8 janvier 2007 12:23

                  J’ai un frère handicapé mental et comme vous, j’ai toujours cotoyé des handicapés. Lorsque je vois des personnes parfaitement valides occupées les places de stationnement prévues pour les handicapés, je ne me gêne pas pour leur demander si par hasard elles ne sont pas handicapées du cerveau. Evidemment, vous aurez compris que je me fais régulièrement copieusement insultée...Il ne me reste plus à ce moment qu’à leur souhaiter qu’un accident ( de voiture.. le plus souvent) les rende handicapés à leur tour pour qu’ils comprennent enfin de quoi je parle ! La France, pour ceci et beaucoup d’autres choses, a une fois de plus un très long train de retard sur ses voisins.

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