Le jardinier à nuque rose
Non ! L’homme n’est pas un loup pour l’homme….
… Enfin pas vingt quatre heures sur vingt quatre ni sept jours sur sept. Il lui arrive aussi d’être un jardinier à nuque rose. J’explique : Le jardinier à nuque rose ne pratique ni la tonte des pelouses, ni la taille des arbustes ni l’entretien des massifs à plantes annuelles, bisannuelles ou vivaces (ces dernières préférées par les villes soucieuses de développement durable et d’économies de personnel). Sa nuque rose ne doit rien aux coups de soleils répétés auxquels sont soumis les travailleurs de plein air quand ils négligent de se protéger la tête avec le couvre-chef de leur choix. Il ne s’agit pas non plus de mutants victimes d’une altération génique modifiant la pigmentation de la peau laquelle serait intervenue à la suite de la manipulation imprudente de produits phytosanitaires d’origine chimique et encore moins d’un groupe d’horticulteurs adhérents au PS.
Dans les faits le jardinier à nuque rose est un intéressant passereau australien. Mon journal local m’a appris qu’il est à la fois un séducteur (gros titre en rouge) et un maître de l’illusion (sous titre en noir). L’article qui suit confirme ces informations. On y découvre que, pour attirer les jardinières à nuque rose, les mâles fabriquent une espèce de garçonnière dont l’entrée est symbolisée par une arche de branchage et l’intérieur coquettement décoré d’os, coquillages, pierres et autres objets diversement colorés. Les scientifiques qui ont observé ce manège ont découvert que ces éléments ne sont pas disposés au hasard. Les plus gros sont situés plus loin de l’arche que les plus petits de façon à créer l’illusion d’optique dite « perspective forcée ». Ce fallacieux mirage fera apparaître monsieur jardinier à tête rose plus costaud qu’il ne l’est en réalité aux yeux de mademoiselle jardinière à tête rose lorsque l’innocente oiselle se pointera à l’entrée de la garçonnière. Cette astuce, note nos amis ornithologues est, le plus souvent,efficace « les femelles ayant tendance à choisir les mâles dont la décoration produit la meilleure illusion. » Il serait trop facile d’épiloguer sur de possibles similitudes entre les mœurs amoureuses du jardinier à tête rose et de l’homo sapiens sapiens. Je ne me livrerai donc pas aux considérations érotiques que pourrait inspirer l’article en question. Il m’est par contre tout à fait impossible de ne pas noter la ressemblance entre le manège décrit ci-dessus et les campagnes électorales de certains candidat(e)s à l’élection présidentielle. On peut, en effet, avoir le sentiment qu’à l’imitation du passereau australien avec ses os, ses coquillages et ses cailloux, ces aspirants au pouvoir suprême n’alignent leurs promesses, propositions ou engagements que pour donner l’illusion que, meilleurs en tout que leurs rivaux, ils seront plus aptes qu’eux à gouverner. Des expériences aussi malheureuses que répétées nous ont, hélas, montré que, du tournant de la rigueur, en passant par la réduction de la fracture sociale, jusqu’au travailler plus pour gagner plus, il n’y a pas que les jardiniers à tête rose pour utiliser la perspective forcée. Ne désespérons pas cependant. A la fin de leur rapport les scientifiques notent que « le rapport entre la qualité de l’illusion et le succès de l’accouplement n’est pas encore clair ». S’agissant de politique, on peut reprendre cette phrase presque à l’identique et se dire que si le rapport entre la qualité de l’illusion et le succès de la gouvernance n’est pas évident, citoyens et citoyennes sauront, en mai prochain choisir entre tous les jardiniers à tête rose, bleue, rouge ou verte celui qui ne confondra pas programme et attrape cons. Un seul souhait cependant, qu’ils évitent le jardinier à tête brune.
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