Le management autrement : l’efficacité au féminin
Depuis quelques années maintenant, on assiste à un décloisonnement des fonctions managériales dans les entreprises. Auparavant, on considérait les femmes prédestinées à certaines fonctions comme la gestion des ressources humaines ou la communication. On présupposait peut-être, à juste titre, que leur instinct maternel et leur sens inné des relations humaines serait un gage d'efficacité dans la conduite de certaines tâches à dominante intuitive. Mais les femmes se heurtent encore à une idée reçue qui a la vie dure : la prise de décisions ou la direction d'activités techniques (R&D, finance...) sont une affaire d'hommes. Pourtant, de nombreuses femmes françaises on su faire voler en éclat ce déterminisme purement conceptuel, en remettant au goût du jour un aspect fondamental de notre société : l'entreprise est avant tout une aventure humaine. Le monde de l'entreprise évolue : des dirigeantes comme Anne Lauvergeon, Marie-Laure Pochon et Laurence Parisot comptent parmi les symboles les plus représentatifs du "management au féminin".
Carrière et vie de famille : concilier les responsabilités
Les Françaises sont les championnes européennes sachant conjuguer un taux d'emploi et un taux de fécondité élevés. Pourtant, l'environnement institutionnel joue plutôt en faveur d'une politique de fécondité que d'emploi des femmes : aides financières aux entreprises qui recrutent à temps partiel, extension du congé parental au deuxième enfant... Tandis que 98% des congés parentaux sont pris par les femmes ! Certes, les mœurs sont de moins en moins empreintes de la vision traditionnelle que l'on a du noyau familial, comme en témoigne l'apparition du congé de paternité. Mais force est de constater que les femmes, elles-mêmes, intègrent a priori dans leurs plans de carrière la difficulté que représente une double vie : concilier un emploi à temps plein avec une vie de famille très exigeante, au risque de compromettre des perspectives d'évolution, tant sur le plan personnel que professionnel. Selon une étude publiée par le GEF (Grandes Ecoles au Féminin), les femmes seraient d'ailleurs 40% à considérer que la "réussite" consiste à trouver un équilibre entre leur vie professionnelle et leur vie privée, contre 23% des hommes seulement.
Les deux tiers des femmes diplômées ont au moins un enfant (sondage IPSOS / GEF, février 2007). Et elles savent s'en accommoder : non seulement, elles accèdent de plus en plus à des fonctions d'encadrement, mais elles sont également plus nombreuses à créer leur entreprise. Le travail, pour elles, n'est plus forcément conçu comme une contrainte financière, toujours selon le même sondage. Deux tiers d'entre elles n'accepteraient pas d'arrêter de travailler si elles en avaient la possibilité matérielle : leur accomplissement passe aussi par le travail.
Le management au féminin est-il différent ?
Le monde de l'entreprise est de plus en plus séduit par le comportement "distinctif" des femmes, notamment dans les fonctions d'encadrement. On ne le soulignera jamais assez : l'humain est au cœur du management. Et les femmes n'y sont peut-être pas meilleures que les hommes, à chaque contexte correspond une exigence en terme de gestion des ressources humaines. Mais dans bien des cas, les femmes font montre d'une compétence spécifique acquise au gré des étapes de leur vie. L'INSEE révèle qu'en moyenne une femme active, outre son travail, assure 80% des tâches domestiques. Inutile, dès lors, de démontrer leur capacité à gérer en parallèle plusieurs emplois du temps bien chargés. Il en découle un pragmatisme, et un sens de l'organisation et de la planification à faire pâlir plus d'un PDG masculin ! Souvent dévouées à la cause de leurs responsabilités familiales, elles savent se montrer exigeantes, surtout envers elles-mêmes. D'ailleurs, éduquer des enfants conduit à comprendre mieux que quiconque les modes de construction de la personnalité, et ce qu'est l'apprentissage de la vie en groupe. Bien souvent, accompagner le "développement" de l'enfant est une prérogative déléguée aux femmes, quand bien même sont-elles actives ! Pas étonnant, dès lors, qu'on remarque dans les entreprises dirigées par les femmes une explosion des pratiques de management orientées vers le développement personnel et les démarches collaboratives : management participatif, formations à la carte, meilleur dialogue entre les services de l'entreprise et décentralisation des décisions et des responsabilités. L'expérience menée par deux sociologues belges le corrobore : les femmes seraient plus volontiers des "managers collaboratifs" que dirigistes.
Trois femmes, trois réussites exceptionnelles, trois styles différents
Anne Lauvergeon (PDG d'AREVA) : détermination et charisme
Anne Lauvergeon est l'une des femmes les plus influentes de la planète. Patronne de la première entreprise nucléaire mondiale, elle se distingue par une intelligence relationnelle qui la rend sympathique auprès des journalistes, mais aussi auprès de ses salariés avec lesquels elle n'hésite pas à danser lors des soirées corporate. "Les gens ont besoin de fun dans leur vie professionnelle. Ici, on réussit mieux car il y a une niaque collective !" s'exclamait-elle un jour... Mais elle n'est pas seulement une dirigeante enthousiaste. Elle a également montré qu'elle savait tenir tête lorsque les circonstances l'exigeaient, et lorsque son ordre des priorités s'en trouvait contrarié. Le Président de la République n'avait d'ailleurs guère apprécié qu'elle refuse un portefeuille ministériel, ce qu'elle justifia en ces termes : "je suis au moins autant utile en tant que présidente d'Areva que comme ministre" !
Marie-Laure Pochon (PDG de Lundbeck France) : équilibre, éthique et performance
Cette mère de deux enfants, mariée depuis vingt-cinq ans, a fait un pari risqué : celui de réussir une carrière brillante, tout en acceptant de faire des sacrifices professionnels au nom de sa vie de famille. Marie-Laure Pochon croit aux bénéfices que peuvent apporter au travail une vie de famille épanouie, et elle le prouve : "J'ai refusé de prendre la direction d'une filiale de Pfizer hors de France. Un départ aurait cassé trop de vies". Ce qui ne l'a pas empêchée de prendre la tête de la filiale française de Lundbeck, l'un des grands laboratoires pharmaceutiques européens. Elle a été, à ce titre, élue meilleur dirigeant du groupe en 2008. Mais Marie-Laure Pochon sait aussi que cette performance est le fruit d'un effort collectif, qu'elle a su mobiliser dans un contexte difficile. La justice sociale trouve sa place chez Lundbeck : attentive au bien-être de ses collaborateurs (elle fait par exemple installer une salle de gym dans le nouveau site de l'entreprise), Marie-Laure Pochon a décidé une augmentation salariale de 4% en 2009, et pris les mesures pour que la participation double en 2009. Par ailleurs Présidente du Cercle de Réflexion de l'Industrie Pharmaceutique, elle vient d'engager une tentative de concertation avec les autorités de santé, destinée à favoriser la valorisation du progrès incrémental (en un mot, le progrès qui vise notamment à ce que la qualité de vie des patients soit améliorée).
Laurence Parisot (Présidente du MEDEF) : diplomatie et sang froid
Qui eut cru, il y a encore quelques années, que le patron des patrons porterait un jour des talons ? Laurence Parisot a profondément contribué à refonder les relations quelque peu érodées qu'entretenait le MEDEF avec les pouvoirs publics et les autres partenaires sociaux. Pour preuve, à son élection, sa première visite fut réservée au ministre délégué à la cohésion sociale de l'époque, Catherine Vautrin. Si Laurence Parisot sait faire preuve de rigueur et de détermination, elle a également à coeur de promouvoir une image plus humaine de l'entreprise, partant du constat que celle-ci était largement perçue en France comme un espace d'exacerbation du conflit social. Elle a donc engagé le MEDEF dans une ambition stratégique qui exige patience et implication forte sur le long terme : réconcilier les français avec le monde de l'entreprise. Ce qui laisse entrevoir chez Laurence Parisot une faculté de concertation à toute épreuve, tout comme elle su faire preuve de sang-froid et de tactique dans la désormais célèbre "affaire des caisses noires" !
Quelques références :
Anne lauvergeon :
http://www.lejdd.fr/cmc/
http://fr.wikipedia.org/wiki/
Marie-Laure Pochon
http://www.gazettelabo.fr/
http://www.destinationsante.com/Qu-est-ce-qui-fait-vraiment-l-efficacite-d-un-medicament.html
Laurence Parisot
http://www.medefparis.fr/
http://www.neteco.com/51575-
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