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Le Midem, Aurélie Filippetti, la mission Lescure et Fleur Pellerin…

Le Midem est l’occasion de faire le point sur le marché de la musique, la ministre de la culture en est l’invitée et le témoin obligé dont la parole est très écoutée et particulièrement décryptée en ces temps troublés du numérique. Tout cela sous couvert des travaux de la mission Lescure devenue l’Alpha et l’Omega de toutes évolutions législatives et réglementaire. Les acteurs d’Internet sont aussi de passage directement ou indirectement, Google, dont le chiffre d’affaire a dépassé en 2012 les 40 milliards de dollars, a été sollicité par les producteurs phonographiques.

Un constat alarmant qui perdure pour la musique.

Cannes, c’est le moment de faire ses comptes et le Syndicat national des éditions phonographiques (SNEP) ne rate pas l’occasion de dresser un constat sévère de sa situation. 2012, c’est 10 années de baisses consécutives des revenus de la musique : -4,4% pour les ventes de gros (589,7 M€) et -8 % pour les ventes de détail (749 M€). A l’autre bout de la chaine le téléchargement et le streaming sont en hausse de +13% à 125 M€. Mais si pour la première fois les ventes en ligne font plus que compenser les pertes du marché physique, les producteurs sur une tendance baissière de dix années n’y retrouvent pas leur compte. Les représentants du SNEP continuent donc à afficher leurs mines déconfites dans les allées du Midem.

Aurélie Filippetti.

JPEGLa ministre de la culture a profité de l’occasion pour faire quelques annonces, tout en se défaussant pour l’essentiel sur les rendus à venir de la mission Lescure. Néanmoins elle a annoncé la mise en place au sein de son ministère d’une « mission Musique », transversale aux deux grandes directions que sont celle de Michel Orier de la création artistique et de Laurence Franceschini des médias et industries culturelles. Le sujet porte sur la suite à donner au défunt Centre National de la Musique (CNM) dont la Ministre a tenu à rappeler que s’il avait été créé, elle aurait sur les bras un établissement public de plus et surtout sans budget de fonctionnement. Il convient, malgré tout, de tirer profit d’une partie des enseignements de la mission Didier Selles sur le CNM semble-t-il....

Par ailleurs, elle a rappelé que la renégociation de la taxe sur les services de télévisions (TST) finançant le cinéma est toujours sur la sellette à Bruxelles. Et que par la même, la possibilité de l’étendre au bénéfice de la musique se trouve stoppée.

Des professionnels sur leurs défensives.

Face aux propos de la Ministre, les professionnels du disque restent vent debout pour défendre l’HADOPI et sa mission civilisatrice de défense du droit d’auteur. Le SNEP défend bec et ongle la stratégie de la riposte graduée tout en restant vigilant sur les retombées très attendues de la mission Lescure le moment venu. Pour occuper l’attente, ils se sont manifestés bruyamment auprès de la ministre afin d’exiger une contribution des géants du Net (Google etc..) à la filière musicale, en compensation de la « valeur » qu’ils auraient captée à leur profit.

Dernière nouveauté qui aurait trouvée appui auprès de la Sacem, remplacer la procédure actuelle Hadopi par une amende directe de 140€. Il se murmure, ici et là, que la mission Lescure pourrait bien prendre à son compte cette dernière proposition.

La mission Lescure.

Pas de signal particulier, ni de fuites conséquentes, la mission a achevé fin décembre ses auditions. Elle est rentrée en conclave pour délibérer et rédiger son rapport. « La redéfinition des instruments de l’exception culturelle à l’ère numérique, » c’est pour fin mars au mieux, avril, voir mai au pire. Donc tout projet de loi sur le sujet ne saurait arriver sur le bureau du parlement avant la fin de l’année. En attendant le ministère de la culture s’abrite au mieux de la tempête en attendant ce qui va sortir du chapeau de Lescure et de ses collaborateurs.

Fleur Pellerin.

JPEGLa ministre en charge du numérique, Fleur Pellerin, a croisé Aurèlie Filippetti dans les allées du Midem où elle a été un peu plus loquace sur le sujet. "Nous sommes en train d'évoluer vers des modèles plus stables, plus fiables, qui vont redonner de la valeur aux contenus, que ce soit la musique, le cinéma, la BD » a-t-elle déclaré au journal le Monde, « Il nous appartient de trouver des outils qui monétisent les contenus. Ainsi, il est important de travailler sur tout le domaine de la relation au public, au marketing et aux liens avec les fans."

Elle a affirmé haut et fort la nécessité d’aider et d’accompagner le secteur de la musique vers sa transformation plutôt que de la cantonner dans une sphère de subventions.

Elle a insisté sur la chaine de valeur et ses effets : "Avec le développement du numérique, s'est produit une déformation de la captation de la valeur, au détriment des créateurs de contenu". Elle a affirmé la nécessité de préserver l’écosystème de la création et que plutôt de chercher à imposer une nouvelle taxe à Google, il vaudrait mieux l’amener à payer ses impôts en France. Le rapport Colin et Collin sur la fiscalité dans le numérique émet des suggestions en la matière : « Taxer la ressource essentielle de l’économie numérique, les données utilisateurs. »

Mais rien n’est encore arrêté, Fleur Pellerin a indiqué que les conclusions du rapport serait soumis au nouveau Conseil national du Numérique.

Le sujet Création et numérique continue donc, comme aux beaux jours de la campagne de François Hollande, à balancer entre ces deux égéries que sont Fleur Pellerin et Aurélie Filippetti et entre le ministère de la culture et celui de l’industrie. Rien de nouveau sous le soleil en attendant l’été…

 


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1 réactions à cet article    


  • Nashda 31 janvier 2013 12:45

    Merci de publier un article concernant la gestion de la production artistique.

    Je suis créateur de musique. Je fais ce que je peux entre le travail et le temps qui me reste pour faire vivre mon projet et ce n’est pas simple. Et ce n’est pas l’envie, la motivation ni même l’entraînement qui manquent.

    Aujourd’hui, voilà ce qu’on peut constater :

    Une très grande partie des artistes qui sont diffusés le sont par collusion ou relation. Il n’y a pas mise en concurrence réelle des créateurs. Le fils d’untel sera diffusé grâce à Papa, par exemple. Ou le copain d’untel. Ou celui qui paye grassement les programmateurs de Fun Radio ou NRJ par exemple verront leur bouse diffusée assurément. Les maisons de disque cirent les pompes des programmateurs radio car ce sont ces derniers qui aujourd’hui font la pluie et le beau temps pour les artistes « mainstream » (je peux vous le certifier pour avoir discuté avec des gens du milieu). Je vous rappelle que Bob Marley, qui en avait marre d’être censuré, a fini par envoyer 2 « bad guys », armés de gros flingues pour faire passer sa musique sur les ondes jamaïquaines. Faut-il en passer par là ? (Je dis pas çà pour moi car j’ai encore pas d’oeuvre finie pour être diffusée). A méditer

    Ou encore, le succès de C2C, artistes nantais, que j’aime beaucoup, serait une vraie succes story si Hocus Pocus ne comprenait pas DJ Grimm, aussi membre de C2C. çà aide un peu et je suis très content pour eux car je les apprécie pour les avoir connus avant leur succès national. Tant mieux
    Mais les chances sont rares.

    La qualité des artistes inconnus, notamment sur la scène nantaise (que je connais mieux), devrait faire vraiment réfléchir par rapport à la soupe FM de très bas étage qu’on diffuse aux gens. Il y a quantité phénoménale de pousses artistiques qui mériteraient une diffusion, une promotion, un soutien, (C2C en est la démonstration de ce qui pourrait se passer plus souvent), qui permettraient de proposer des choses différentes, peut-être moins FM mais qui s’en plaindrait en toute franchise. Une musique de qualité, format FM ou non, c’est une musique de qualité, point. Alors qu’il devient de plus en plus compliqué ne serait-ce que de jouer dans un bar. (vous savez, la musique çà réveille les morts). La qualité aujourd’hui est dans l’UNDERGROUND. Et quand cet underground va-t-il enfin exister au grand jour pour ceux qui le souhaitent ? Et ouvrir les sphères spirituelles des gens ?

    Ensuite, les artistes sont la viande du système commercial de la culture. Ce sont les seuls qu’on pille de façon quasi institutionnelle et tout le monde ferme sa gueule parce que tout le monde en profite (je n’ai pas appris à télécharger). Résultat, un appauvrissement massif de la qualité, un découragement des vocations. En effet, tu dis aujourd’hui, je veux vivre de la musique. On te regarde avec la tendresse du mec qui va pas te contredire mais tu ressens tellement que, même si on sait pas ce que tu fais, tu demandes bien sûr l’impossible ou le très très improbable. Et le plus douloureux, c’est qu’il y a du vrai là-dedans. Et çà n’a rien à voir avec le talent. Juste à voir avec le pognon.

    Alors, il faut à tout prix légaliser le système de téléchargement, trouver une solution innovante qui intègre tous les acteurs du domaine et qui permette une ouverture du milieu. Quand on voit la merde qui passe sur les ondes (excusez-moi), mais ce n’est pas possible de laisser faire çà. Une majorité des gens trouve çà merdique et on continue quand même !

    SVP, changeons ce putain de milieu musical faisandé et laissons l’art aux artistes et non aux businessmen !!!

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