Le mot de l’année 2008 est... Crise !
L’année n’est pas encore achevée mais nous pouvons d’ores et déjà suggérer un bilan à travers le choix du mot de l’année. Après une rapide réflexion, mes neurones ont voté en faveur du mot « crise ». Et les derniers événements au PS vont dans ce sens sans épuiser pour autant, loin s’en faut, les phénomènes que les observateurs décrètent comme étant critiques.
Une recherche rapide sur Google. Une requête sur le mot crise, couvrant les dernières 24 heures. Et une flopée de liens avec deux dominantes, l’une sur la crise financière et l’autre sur la crise du PS. Ces deux crises n’ont évidemment rien à voir dans leur ressort. Ainsi que leurs conséquences. La crise du PS n’aura guère d’incidence que dans une petite région du monde qu’on appelle la France, dans un microcosme qu’on appelle la politique. Remarquons que cette crise a commencé il y a longtemps, s’étant accentuée en 2004 avec le coup d’éclat de Fabius sur le TCE. A cette époque, la finance de connaissait pas la crise. Et si le PS est en si piteux état, il ne le doit qu’à lui-même. Inutile d’accuser le taux de CO2, le froid, le Sarkozy, la finance américaine. Le PS est en crise par sa propre faute et rien d’extérieur ne peut lui offrir de salut. La rédemption sera socialiste ou ne sera pas. La conjuration sera militante ou ne sera pas. La crise du PS traduit aussi un manque d’adaptabilité et de connivence avec la société. Mais c’est un autre sujet, plus profond. Ici, nous parlons des crises.
Et le 21ème siècle, à défaut d’être authentiquement spirituel, sera en crise. Poursuivons notre requête. S’agissant de la crise financière, on trouve de multiples occurrences dans le monde entier. Pas un seul pays qui ne s’interroge sur l’impact de la crise financière. Avec également, pour corser l’affaire, la crise dans des secteurs industriels essentiels à l’économie moderne, l’automobile notamment. Et même à Dubaï, les effets de la crise se font sentir. Sur le Web, on trouvera des tonnes de commentaires et analyses, dont une qui mérite le détour, bien qu’elle soit un peu trop lapidaire. La crise serait due à l’avidité de l’humain pour l’argent. Et pour le pouvoir également. Je me permets d’ajouter à cette courte liste la crise d’identité qui elle, relève du spirituel.
Ce triptyque nous renvoie à la tripartition de Dumézil sur les trois genres humains, le cultivateur, le guerrier et le prêtre. Actuellement, le monde matériel financier et industriel représente ce qu’aime cultiver l’homo economicus. Les jeux de pouvoir, internes à un parti, une institution, une association, une entreprise, ou mettant en jeu des pays, sont omniprésents dans le monde. Où qu’on aille, il y a de la crise et s’il y a de la crise, c’est que des pouvoirs se combattent, parfois avec les armes. Exemple, en Géorgie cet été et ça ne fait que durer avec l’incident récent ayant visé un cortège présidentiel. En Afrique, quelque part vers le Congo mais plus haut aussi, en Côte d’Ivoire, chez Gbagbo. Des armées plus ou moins régulières, des milices, des combattants, des talibans, des mercenaires et un gros merdier, on ne sait plus très bien où se situent les crises liées à l’argent et celles liées au pouvoir. Mais dans le monde, il y a de la crise.
En Italie, l’atmosphère est paraît-il pesante. Mais en Belgique, est-ce mieux ? Le politique a toute sa responsabilité dans ces deux pays. Et en France ? Eh bien, le marasme social démultiplie les crises. Avec le politique dont on ne sait si en voulant solutionner les crises n’en rajoute pas. Toujours est-il que la plupart des institutions sont en crise. L’école, l’université, le CNRS et la recherche, le monde de la santé, l’audiovisuel, et pas plus tard que ce lundi matin, France Inter évoquait la crise de la culture, à l’occasion d’une conférence de presse donnée par des directeurs de théâtre. Le plus souvent, la question des moyens est invoquée pour expliquer toutes ces crises mais la sagesse philosophique et l’exigence de vérité en politique devraient quand même s’ouvrir car toutes ces crises ont aussi des origines personnelles, liées à des enjeux de direction, de gestion, de carrière, des petits arrangements, des gaspillages, des histoires de commensaux ponctionnant des crédits, des emplois plus ou moins fictifs. Encore un sacré mélange entre les dominations et les envies matérielles. Mais au PS, les questions matérielles semblent bien loin aussi ce parti présente-t-il un intérêt, celui de servir d’objet d’étude pour analyser une crise de personnes, quitte ensuite à diligenter un médecin légiste pour faire une autopsie. En règle générale, chaque institution serait bien inspirée de voir à l’intérieur pour sonder sa propre crise au lieu de sans cesse en appeler à des moyens car les caisses sont vides. Et donc la plupart des solutions ne peuvent venir que d’un apport d’un ingrédient qu’on a copieusement oublié, l’intelligence humaine !
Pour la fin, gardons ce qui paraît constituer le volet le plus intéressant. La crise d’identité. Ici, nous sommes dans le troisième volet de la tripartition anthropologique, le spirituel. Beaucoup de personnes, d’institutions et de pays sont en proie à une crise qu’on dira identitaire. Qui suis-je au juste, quelle est ma mission sur cette planète, pourquoi vivre, s’activer ? Ce type de crise est important. Il est question du doublet empirico-transcendantal qui n’a pas fini d’interroger la philosophie (l’action et le sens, la matière et l’esprit, le corps et la pensée). Les Etats-Unis vivent une crise d’identité consécutive à trente ans de conservatisme et d’affairisme. L’Italie n’en parlons pas. En France, les exemples ne manquent pas. L’école, en crise car elle ne sait plus quelle est sa mission, se raccordant aux vieux principes de Jules Ferry mais se perdant dans d’interminables querelles sur la pédagogie, les programmes, les volumes, avec des mômes souvent déglingués par un abus de télévision.
Justement, une transition pour évoquer TF1 et NRJ, deux industriels de l’audience qui se sont déclarés en crise. Pourquoi ? Eh bien devinez. Trop d’avidité ? Nous y sommes sans doute. Crise rime avec concurrence et antagonisme. Tout autant qu’avec les excès. Crise de foie, trop de bouffe ingérée, crise financière, trop de fric mal géré et ingéré.
La conclusion de cette trop brève analyse de la crise ne sera pas livrée sauf sous forme d’un précepte adressé à l’encontre des politiques. Sachez messieurs qu’une action gouvernementale peut résoudre la crise ou bien l’aggraver. Alors, bon choix mesdames et bon choix messieurs !
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