Copie d’un témoignage adressée au Président de la République, au 1er Ministre, au Ministre du Travail et au Haut Commissaire aux Solidarités Actives
Messieurs le Président de la République, le 1er Ministre, le Ministre du Travail, le Haut-Commissaire aux Solidarités Actives,
Je tiens à vous faire part d’un témoignage personnel qui, hélas, doit concerner un nombre important de citoyens au jour d’aujourd’hui et qui concerne ma compagne. Celle-ci étant en cours de création d’entreprise n’a guère le temps de dépenser de l’énergie à ces problèmes. Etant moi-même Entrepreneur de Travaux Forestiers, sans activité actuellement en raison de la conjoncture, je tiens à profiter de ce temps libre subi pour vous interpeller, ainsi que la Présidence, le Ministère du travail et le Haut Commissariat aux Solidarités Actives.
Je comprends parfaitement que vos responsabilités et les affres de la vie politique puissent vous rendre abstraits la réalité pourtant concrète d’une part importante de la population. Puisse ce courrier vous éclairer.
Ma compagne, après 18 mois de travail en contrat d’avenir, décide de créer son activité à l’issue de son contrat. Contrat qui prévoit un suivi de la part de l’ANPE, comme elle l’a appris de l’assistante sociale en charge de son dossier RMI. Ce suivi n’a pas eu lieu. Je pense, ayant suivi les discours du Président, en avoir saisi l’idéologie sous-jacente, même si cette idéologie par la magie de la réthorique prend tour à tour le nom de « pragmatisme » ou de « bon sens » :
30 ans de chômage de masse seraient le fruit d’un « assistanat » déresponsabilisant « aux frais du contribuable ». Ce discours, traduit dans le langage de l’électeur lambda, à votre insu sans doute, se traduit ainsi :
« 3 millions de chômeurs, 3 millions de fainéants », d’où la nécessité de suivi/contrôle. Je vous laisse mesurer combien ce discours peut-être culpabilisant. Ce rappel me paraît important afin de mieux vous faire saisir la suite de ce témoignage.
En l’absence de ce suivi, ma compagne prend les devants et se lance dans une série de démarches que résume ce courrier adressé par ses soins au Pôle Emploi en date du 6 avril 2009 :
Bonjour,
mon contrat d’avenir a pris fin le 09 03 09. je suis inscrite comme demandeuse d’emploi depuis le 10. j’ai anticipé un rendez-vous avec mon conseiller ANPE avant la fin de mon contrat : je n’ai eu ce rendez-vous que le 27 03 09. J’ai fait au plus vite toutes les démarches concernant mon inscription et l’étude de mes droits. je n’ai toujours pas de réponse de votre part concernant mon indemnisation, et j’ai besoin d’une réponse urgente : - je suis sans revenu depuis le 09 03 2009 ; - justificatif demandé par l’assurance maladie ; -justificatif demandé par la caf ; - je suis en formation professionnelle PROFOREA depuis le 10 03 2009.
mon conseiller ANPE vous a contacté pour vous faire part de l’urgence de mon dossier ; je vous ai contacté par téléphone pour vous faire part de l’urgence de mon dossier... ... TOUJOURS PAS DE REPONSE. Cela va faire 1 mois que je suis inscrite, sans revenu, en formation professionnelle sans que l’étude de mes indemnités formation puissent être calculées. la CAF ne peut pas calculer également le montant de mes aides au logement... ... la colère monte car comprenez que ma situation commence à être difficile ; sûrement comme des milliers d’autres... ...
En vous remerciant d’avance de votre attention, de vos efforts et de votre réponse, je vous prie d’agréer l’expression de mes salutations distinguées.
Ce matin, suite à un nouveau courrier de la CPAM demandant en urgence la notification ASSEDIC (ou Pôle Emploi, je m’y perds) pour la mise à jour de son dossier CMU, elle contacte la CPAM pour tenter de leur expliquer la situation. Son interlocutrice se retranche derrière le règlement qui exige cette notification pour faire valoir les droits à la CMU. Mais comme cette notification est toujours à ce jour, l’Arlésienne….
Imaginez la situation d’une personne vivant avec 750 euros par mois et ses possibilités d’épargne. Vous comprendrez aisément ce que le moindre retard de traitement de dossier peut entraîner comme difficultés de trésorerie, avec les risques de rejet de chèque ou de prélèvement (et donc les frais afférents). Ce genre de difficultés sont typiquement celles qui peuvent conduire les gens dans la spirale du sur-endettement, dont la crise actuelle nous montre les dangers.
Vous remerciant par avance pour votre attention, je vous prie d’agréer, Messieurs le Président de la République, le 1er Ministre, le Ministre du Travail, le Haut-Commissaire aux Solidarités Actives, mes salutations distinguées.
Yoann MASUYER