Quelque chose en nous de Sarkozy (et des autres) :
Qui ne s’est pas servi, sans mal y voir, dans le patrimoine de l’entreprise ? Du stylo glissé dans le sac à la voiture de service pour amener les gosses à l’école, de la perceuse empruntée le weekend à la pièce de bœuf planquée sous le pull pour dimanche, qui ? D’échelon en échelon ce désir naturel (?) de gratuité s’adapte à ce que les conditions climatiques sociales offrent dans une sorte de vieux réflexe probablement issu de la période la plus longue qu’ait connu l’humanité : la cueillette.
Qui peut jurer qu’il respecte tous les panneaux sur le bord de nos routes ? Qui n’est donc jamais saisi d’un petit pincement à la vue des uniformes bleus ? Qui ne cherche à payer moins d’impôts ? Qui n’a pas dit un jour, avec un brin de fierté « Je connais bien le député Machin, le Maire est un ami, je sais des choses sur le Sénateur, cet écrivain, ce savant est un proche » ?
Pourquoi voudriez-vous qu’il soit différent ?
Il s’est fait des amis, des relations, des connaissances qui lui accordent le permis de se construire et attendent l’ascenseur en retour comme nous voterons pour le maire qui nous a donné l’autorisation de, ou la carte pour, ou les droits à…
Leurs « petites » faiblesses, leurs filouteries, finalement ce sont aussi les nôtres et nous sommes prêts à les leur pardonner car ils nous offrent, quand « l’Actualité » le réclame, une belle image d’eux qui efface celle de l’actualité passée de leurs forfaitures d’alors.
L’actualité contre l’actuel ?
L’actualité serait tel le harcèlement moral. Elle vous conduit sur un lieu (psychologique, moral, politique) où vous n’aviez aucunement prévu de vous rendre. Elle vous oblige à répondre à des questions que vous ne vous seriez jamais posées : suis je mauvais, suis je coupable, suis je Français ?
Regardons « Agoravox ». Comment expliquer que les sujets qui emportent le plus d’interventions soient ceux servis en pâture par les grands médias (la grippe ; le fiston, l’Islam, Mitterrand) à raison d’un environ par semaine ?
L’Actualité, nous dit : « Parlons de ça ». Et, ce disant, elle évacue tout autre thème et vous convoque, tel le harcelé, à vous exprimer sur ce que vous n’aviez pas envisagé. Elle est changeante et, à ce titre, vous engage sur de l’éphémère quand « l’Actuel » lui, concerne ce qui est là depuis toujours, la vie, l’amour, la mort.
L’actualité revêt les habits de lumière pour cacher le corps nu de l’actuel. Et même si l’on ne met jamais deux fois les pieds dans le même fleuve de l’actualité on le nourrit d’affluents rive gauche, rive droite. Il nous entraîne dans son lit vers son delta.
Les épaves de l’Actuel dorment au fond de la mer de l’Actualité pleines de mousses et de trésors. Seuls quelques philosophes se plaisent à les visiter et parfois en remontent des écus d’or,
Il était Ministre de l’intérieur décrié, avait trahi Chirac, l’actualité médiatique en a fait un Président qui nous ressemble un peu dans ses faiblesses…Il sera réélu par les promesses si elles sont d’actualité.
Moi, je voterai Nietzsche au premier et Camus au second. Ou le contraire.