Le système des franchises médicales sur les boîtes de médicaments
A l’occasion du passage à la nouvelle année, le système des franchises médicales sur les boîtes de médicaments (entre autres) entre en vigueur. Nous avions lu dans Le Monde, vu au JT de France 2, que les personnes en ALD (Affection Longue Durée) n’étaient pas concernées par ce système. Or, elles le sont, d’après un communiqué de presse du ministère de la Santé, qui semble préparer une réelle offensive dans le but de retourner l’opinion publique contre les ALD.
D’après un communiqué de presse du ministère de la Santé, daté du 26/12/07, les seuls exonérés du système de franchise médicale sont :
- les femmes enceintes
- les enfants
- les bénéficiaires de la CMU
Il faudra déjà que l’on m’explique en quoi cela « responsabilise » le patient : jusqu’à preuve du contraire, c’est le médecin qui établit l’ordonnance, c’est lui qui sait quel traitement est nécessaire. Si on doute qu’il le sache, c’est lui qu’il faut former, voire, puisque c’est l’esprit de cette loi, contraindre. Le patient n’est pas censé avoir les compétences médicales pour décider si tel ou tel traitement lui est nécessaire ou non, et ce ne sont pas 50 centimes payés en plus qui vont l’aider plus que 8 années d’étude de la médecine.
J’ai été très surpris par le dernier paragraphe du communiqué de presse sur les franchises médicales. En effet, j’avais entendu parler d’une réforme de l’ALD à venir pour 2008 ; je constate que plus qu’une réforme, c’est une casse que l’on prépare, car la rédaction du paragraphe que je vais vous soumettre ressemble furieusement à une tentative de lever l’opinion publique contre le scandale présumé que représenterait la prise en charge des personnes atteintes d’une ALD.
Le communiqué entier est consultable à l’adresse suivante (document pdf).
Le texte entre guillemets ".." est celui du communiqué, le texte entre crochets [..] est de moi.
"Annexe
Mieux comprendre la réalité des dépenses d’Assurance Maladie
En 2006 les dépenses d’assurance maladie du régime général, qui couvre 54 millions de personnes soit 85% de la population française, ont représenté 132,1 milliards d’euros. 60% de cette somme est consacrée aux remboursements des soins des 7,7 millions de patients atteints d’une affection de longue durée prise en charge à 100 %. L’Assurance Maladie rembourse d’autant mieux que la maladie est grave : 95% pour les soins hospitaliers, 100% pour les médicaments anticancéreux alors qu’une consultation pour un rhume est prise en charge à 65%. C’est donc l’assurance d’être soigné en cas de maladie longue et coûteuse. [Et là, monsieur Tout le Monde se dit : « pays de cons, il vaut mieux avoir un cancer qu’un rhume »... ben tiens ! C’est donc une situation anormale, qu’il faut changer, soit en remboursant le rhume à 100% soit en remboursant le cancer à 65%. Ah au fait... vous allez chez le médecin quand vous avez un rhume, vous ? Parce que moi, non !]
Quelques exemples de coûts pris en charge à 100% :
Le coût du traitement d’un patient atteint d’une insuffisance rénale, majoritairement traitée par dialyse, est de 28 800 euros par an. [Appréciez la différence de rédaction avec, par exemple : « un patient atteint d’une insuffisance rénale n’a donc pas à supporter la charge des 28 800 euros du coût de son traitement, puisque le système de solidarité français partage les coûts entre malades et bien-portants, partant du principe que tout bien-portant pourrait devenir malade à son tour (principe de l’assurance) ».]
Pour un diabétique, le traitement représente 6 000 euros par an et celui d’un patient sévèrement hypertendu est de 5 500 euros, mais lorsqu’il s’agit d’un accident vasculaire cérébral grave le montant est de 9 600 euros.
Le traitement de la mucoviscidose (médicaments, kinésithérapie...) revient à 21 500 euros par an par patient.
Le traitement d’un cancer est en moyenne de 17 800 euros la première année et la dernière année de traitement atteint 32 500 euros. Et certains nouveaux traitements sont particulièrement coûteux : utilisé dans le traitement de la leucémie, l’imatinib (GLIVEC®) représente plus de 110 millions d’euros pour 55 000 boîtes permettant de traiter environ 3 000 patients.
Les soins concernant la maladie d’Alzheimer se monte à environ 8 400 euros par an par personne.
Les soins d’une personne paraplégique représentent 17 800 euros par an.
Sur un autre registre :
les frais de maternité sont remboursés à 100% à partir du 6e mois, au total la prise en charge d’une maman et de son nouveau-né représente un coût de 8 900 euros par assurée sur 1 an. [Là franchement... je vois pas le rapport ! « Vous feriez mieux d’être enceinte, plutôt qu’handicapée, ça dure moins longtemps » ???]
L’Assurance Maladie estime qu’en 2015, dans moins de 10 ans, les dépenses de soins atteindront 210 milliards d’euros dont 70% seront consacrés aux affections graves et chroniques qui font l’objet d’un taux de prise en charge très élevé par l’Assurance Maladie.
[Remarquez l’astuce consistant à indiquer des coûts faramineux... mais on ne sait pas d’où l’on part !!! 200 milliards ? 180 ? 209,9 ? 450 ? Donc on n’a aucune idée de la progression, qui n’est peut-être pas jugée assez effrayante pour être mentionnée par le ministère de la Santé !]
En effet non seulement les coûts de traitement augmentent mais le nombre de personnes concernées progresse. C’est pourquoi, il est indispensable d’être de plus en plus vigilants sur l’utilisation de ces sommes [« vigilants », j’adore... « Dites, vous êtes sûr que c’est pas juste une bronchite, votre mucoviscidose ? »] et, en parallèle, de faire évoluer le système d’assurance maladie pour prendre en compte cette réalité si l’on veut conserver sa dimension solidaire. [Si vous voulez continuer à être remboursé pour votre rhume, va falloir que votre gouvernement se démerde pour diminuer le coût de ces salauds d’ALD !!!] Cela demande des efforts, c’est certain, [vous verserez quelques larmes au décès de Tata Simone, mais vous vous souviendrez vite du coût de son Alzheimer...] mais cela n’est pas sans effet : en France, l’espérance de vie augmente de 2 à 3 mois tous les ans. Celle des personnes atteintes d’une affection de longue durée a augmenté en moyenne de quatre ans entre 1994 et 2004, elle est aujourd’hui de 76 ans." [Et en plus, ces salauds sont comme les piles Duracell, ils durent plus longtemps ! Faites le calcul, 4 ans de plus à 28 800 euros ! Vous ne voudriez quand même pas qu’on soit obligé d’augmenter vos impôts pour payer ça !]
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