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Accueil du site > Actualités > Société > Le travail à l’ordre du jour dans les têtes

Le travail à l’ordre du jour dans les têtes

Au moment où chacun va extrapoler sur le slogan frauduleux « travailler plus pour gagner plus » ; il faudrait peut-être faire un tour d’horizon « du travail ».

Au XVIIIe siècle il se travaillait jusqu’à 18 heures journalières. A ce régime certains vont être milliardaires. Sauf qu’un employeur anglais de l’époque dont j’ai oublié le nom s’est rendu compte qu’en faisant reposer ses ouvriers ceux-ci étaient plus productifs. Il a proposé 8 heures de repos et a failli se faire lyncher par ses pairs de l’époque.

Les pendus de Chicago l’ont été parce qu’ils réclamaient les trois huit, pendus le premier mai 1882 en reprenant la revendication de la « National Labor Union » qui réclamait les trois huit. Donc être libéral serait revenir au XVIIIe siècle ? Avant que des hommes meurent pour ne plus mourir au travail.

 

 

Nous pouvons donc dire que la relation affective des individus a contribué à créer des « filiations variables » dans une organisation domestico-économique sédentaire qui accommode la sociabilité des individus au travers d’un lien de dépendance à la réciprocité inégale. Le développement de la pensée humaine, favorisé par l’éducation, a conceptualisé les notions égalitaires et antinomiques de liberté individuelle et de droit de propriété. Le tout dans le cadre d’une prégnance historique de méritocratie, fondée sur l’exercice d’une discipline guidée par des échelles de valeurs subjectives établies par le fait majoritaire qui se reconnaît dans une culture judéo-helléno-chrétienne.

 

Les progrès de la pensée libérale n’en restent pas moins limités par la condition humaine qui peut conduire tout individu (suivant l’observation que nous avons pu en faire depuis plus de quatre mille ans) à la tyrannie s’il n’est pas borné par la pensée des autres. Ignorant de la « réalité » des raisons de leur condition, les hommes ont développé la socialisation qui organise l’intrication de leur existence dans celle des autres.

 

Notre aptitude à la créativité a produit une multitude de biens et de services dont l’accès n’est rendu possible que par une activité participative régulée par une appréciation subjective de nos relations. Ces dernières fixent à leur tour la valeur d’échange de ces biens et de ces services, avec pour objectif la recherche permanente d’un hédonisme à géométrie variable qui est fonction d’une désidérabilité sans limite.

Cette désidérabilité ne prend corps que grâce à l’usage de la raison qui en délimite les contours et concourt de ce fait à son accessibilité réelle ou imaginaire. Cette aptitude à la créativité, qu’elle soit intellectuelle ou physique, ou les deux à la fois, le plus souvent en la qualifiant et la quantifiant, nous l’appelons le travail.

 

L’histoire du travail apparaît à la suite des besoins biologiques nutritionnels de l’homme, mais sa définition sous notre regard hiérarchisant ou « méritocratique » commence à prendre forme lorsque, d’une appréciation qualitative de l’observation de l’exercice d’une activité économique humaine diversement organisée et désignée, s’élabore la quantification d’une valeur d’échange commune, après n’avoir été qu’une valeur d’usage liée à la fonctionnalité des productions. C’est avec l’œuvre de Petty William (1623-1687) que se situe la transition avec les mercantilistes et les libéraux. Sa théorie de la valeur corrèle une unité de monnaie avec une journée de travail et une acre de terre (elle valait en France 52 ares environ). Elle est à l’origine de la théorie de la « valeur/travail » qui ancrera définitivement ce mot comme la clé objectivée d’une mesure de référence universelle de l’activité productive de la civilisation industrielle permettant l’intégration d’un individu dans une société dite de « libre-échange ». Sa consécration se caractérise par le nombre de sciences particulières qui lui ont été consacrées, et desquelles sortent des modèles, comme les techniques de rationalisation qui sont appliquées dans d’autres domaines que ceux du travail, et notamment de nombreux secteurs de la vie sociale, certains services de l’État, le sport, et pour une bonne part la gestion du temps de notre existence. Ceci n’a été rendu possible que par une praxéologie mathématique au travers d’un raisonnement « logicomathématique » nécessitant une tactique et une stratégie d’acteur devant la nature de l’action industrielle qui appelle le calcul de procédures et la quantification des données.

 

Ainsi s’affine et s’affirme une virtuosité tactique dans une pensée stratégique d’anticipation qui vise à l’optimisation du choix des moyens qui sont devenus saisissables. Nous avons donc fini par parler de « sciences économiques » qui regroupent certes les progrès de la théorie économique, mais qui sont source d’une certaine illusion des vertus de la rationalité de l’action économique. Le travail, soumis à cette rationalisation, entraîne de fait la rationalisation de ses exécutants qui se la transmettent dans tous les lieux où ils agissent.

 

Ils ne se comptent plus que comme unité quantitative au service de laquelle ils mettent leurs qualités, et les individus s’étonnent d’avoir des exigences biologiques humaines coûteuses.

 

Ainsi le travail rationalisé oriente aujourd’hui notre société, la rend intelligible pour fixer une stratégie d’existence qui nous laisse imaginer que nous pouvons maîtriser toute notre histoire.

 

Pour ne pas être victime de cette illusion il faut prendre conscience, comme le note Dominique Méda, que le travail n’est pas une donnée anthropologique, il est devenu une valeur de référence. (Référence à Méda).

 


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4 réactions à cet article    


  • tvargentine.com lerma 7 juin 2007 13:46

    Vous commencez par :« sur le slogan frauduleux « travailler plus pour gagner plus. »

    Déjà ,on comprend que vous n’avez pas voté comme la majorité des français.

    C’est le droit de tout citoyen,mais,évitez d’employer des arguments comme cela,alors que les nouvelles lois ne sont pas encore votées !

    Vous êtes fonctionnaire à la retraite ?


    • ddacoudre ddacoudre 7 juin 2007 22:46

      bonjour. tu as faux sur tous les tableaux. cordialement


    • Ceri Ceri 2 octobre 2007 00:47

      je n’aurais pas pu formuler aussi bien les choses !

      effectivement, toute cette propagande est tactique, comme vous dites.....on s’en aperçoit en comprenant que ce système sociétal (libéralisme débridé et pseudo liberté du citoyen) a été fait par les tenants du pouvoir économique, pour les tenants du pouvoir économique. La politique n’est là que pour rajouter quelques fioritures à un système somme toute inhumain (à mon sens du moins)...

      Mais quand on voit ce qu’est et surtout ce que va devenir l’éducation, il y a de quoi faire vraiment peur, on va créer des gens sans aucune conscience propre, sans « nourritures intellectuelles », donc sans esprit critique, surs des « certitudes » qu’on leur a inculquées.


      • ddacoudre ddacoudre 4 octobre 2007 23:20

        Bonjour ceri. merci de ta réponse je te joins un commentaire que j’ai écris il n’y a pas longtemps pour Forest.

        Cela ne saute pas aux yeux si l’on n’a pas toute l’information et la capacité d’analyse qui est la tienne. Les autodafés ne sont pas le fruit du « hasard ».

        Aujourd’hui elles se pratiquent d’une manière moins brûlante par la régression du savoir alors qu’il n’y a jamais eu autant de disponible. Sauf qu’il fut une époque ou l’émancipation de la classe dite ouvrière était un objectif, former la population à assumer sa citoyenneté, ce qui exige d’en connaître la complexité de ses mécanismes, de ses systèmes avec toutes les dichotomies qu’il en ressort, garante de notre humanité dans un monde de cruauté.

        Mais voila nous avons une nature, nous dirons un inné hérité du cueilleur que nous étions, qui par soucis d’économie d’énergie recherche la facilité. Or s’instruire demande un effort que ne ferait personne si nous n’y étions pas contraint, si bien que même quand il s’agit d’apprendre nous apprenons ce qui demande le moins d’effort, ou alors il faut une émotion forte pour retenir facilement une difficulté ou se souvenir durablement d’un événement. (L’actualité des faits divers s’appuie largement sur ce processus, en plus de la répétition Pavlovienne)

        Donc ce qui c’est développé est la lecture, la connaissance mercantile, qui pour être vendu utilise nos innés.

        La connaissance au sens du savoir qui apporte les moyens de comprendre son être et le monde dans lequel nous vivons, tout comme les mécanismes ou systèmes qui nous organisent et que nous contribuons à ériger consciemment ou non, celle là qui est difficile qui demande un effort n’est l’apanage que de quelque uns, d‘une élite que nous formons pour cela et de ceux qui croient à l’émancipation par le Savoir.

        J’ai le souvenir de ma première mission mettre en place un plan de formation fin 1969 dans la droite ligne de l’éducation permanente cheval de bataille de la nouvelle société voulu par Delors et Chaban avant qu’il se fassent bouter, et bien personne n’en voulait ni les employeur ni les salariés. Son essor n’a pu se développer que grâce aux grandes entreprises, mais tout le contenu devait n’être que professionnel dépouillé de toute formation générale.

        J’ai participé aux premiers stages de communication dirigés vers les chefs du personnel qui allaient devenir les DRH (directeur des relations humaines) eux avaient droit à une formation générale sur les comportements humains pour y approprier au mieux la communication.

        Nous sommes toujours sous ce rapport seul ceux qui ont vocation à diriger les autres ont accès à ce savoir, je dirais d’initié, en faisant une comparaison avec les séculaires mésopotamiens qui disaient « l’initié doit instruire l’initié, l’ignorant ne doit pas savoir »

        Si bien qu’aujourd’hui le savoir émancipateur (certains diraient citoyens) existe mais il est, pas brûlé comme par le passé, mais étouffé sous la masse énorme d’informations narcissiques, informatives, ludiques et mercantilistes. Il n’est plus utile d’allumer des brassiers il suffit d’inonder l’espace informatif.

        C’est pour que la connaissance et le savoir collectif ne se construisent pas plus dans des kiosques à journaux et magazines, que dans les fractions informatives radio ou télévision (la culture populaire).

        Ceci, même s’ils y contribuent ou donnent envie de savoir, et même si le développement du savoir a commencé par-là (la communication orale, puis écrite et leurs supports), même si la culture populaire a servi, et sert de creuset, de foyer dont sont sorties toutes les émancipations. Et ce n’est pas la contester que de reconnaître aujourd’hui, que la diffusion du savoir et de la connaissance ne peuvent exister pleinement que par une structure d’enseignement permanent le long de l’existence compte tenu de sa quantité, et de la qualité nécessaire quelle exige.

        Alors bien entendu tous ceux qui croient que notre existence est comptable vont aller vers des déconvenues en ayant élu pour ne m’en tenir qu’a cela le représentant des grands argentiers. Le grand pas vers le totalitarisme l’avenir proche va nous en informer, et à mon sens il n’est pas le fait d’un homme mais celui d’une évolution des comportements de la population qui élise un homme qui correspond à leur aspiration. Cordialement.

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