Disney voulait, pour fêter la sortie du film Ratatouille, commercialiser des bouteilles en édition limitée à l’effigie du film. Problème : le vin était français, un blanc du Château de Messey en Bourgogne. Sous la pression des associations américaines contre l’alcoolisme chez les jeunes (ces associations luttant contre le « underage drinking », nombreuses aux Etats-Unis, sont souvent contrôlées par les grands producteurs de spiritueux), Disney a donc dû mettre fin à ce coup marketing, qui collait parfaitement avec l’esprit du dessin animé, mais aussi avec la tendance de ses productions de ne plus s’adresser seulement aux enfants.
A la pointe de cette levée de boucliers aussi brève qu’efficace on trouve le Wine Institute, dont nous avons déjà ici
relaté les actions d’influence et de lobbying. Représentant les producteurs de vins californiens, le Wine Institute, dirigé par le beau-frère du président Bush, Robert Koch, a fait preuve d’une belle hypocrisie, en s’insurgeant contre le vin Disney, accusé de vouloir alcooliser les enfants !
Nancy Light, qui gère la communication du Wine Institute, a évidemment juré la main sur le coeur que la réaction aurait été identique si le vin produit avait été californien.
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On en doute et, après tout, le Wine Institute aurait eu tort de se priver de cette attaque. Il a invoqué le respect du code de conduite de marketing qui devait s’imposer, s’abritant derrière des principes éthiques que l’on peut discuter, mais qui relèvent ici d’un cynisme remarquable... On connait l’étiquette que Disney avait conçu pour la bouteille (voir ci-contre). L’image rappelle certes l’univers du film, sans reprendre tel quel l’apparence de son héros le rat Rémy. Compte tenu que ce vin était destiné à une édition vraiment limitée - cinq cents caisses - on peut dire que la polémique a été artificiellement gonflée.
Si Disney n’avait pas cédé, on avait tous les ingrédients d’une polémique. Une situation de départ insolite : Disney commercialise du vin. Problème moral et éthique : les enfants sont-ils susceptibles d’être la cible d’une telle opération marketing ? Si l’on ajoute à cela l’actualité liée à la sortie de Ratatouille et l’occasion, toujours bonne à prendre de critiquer la France, l’affaire aurait pu avoir une autre ampleur. Disney ne s’est pas engagé sur ce terrain de guerre de l’information, ou le poids et la force des arguments l’emportent sur leur véracité. Ca lui a peut-être évité d’être mis en cause pour le dessin animé lui-même, au cours duquel (horreur !) on voit du vin français sur de nombreux plans !