Léa
Léa est une grande jeune femme brune, très mince avec des yeux couleur du désert.
Et un sourire éclatant. Léa est non seulement jolie mais c’est surtout une femme d’exception. Mais elle est triste.
Léa est harcelée. Depuis quatre ans.
Elle a un job de haut niveau, bras droit d’un patron qu’elle s’accorde à dire brillant. Elle doit anticiper, prévoir, prévenir, conseiller… Etre présente, pour lui, à sa disposition, dans son ombre.
Elle ne refuse rien, son boss est exigeant. Elle fait des horaires démentiels. La première fois qu’il s’est mis à hurler, elle n’a pas compris. Elle s’est fait jeter hors du bureau comme une malpropre. Elle est revenue, a demandé des explications. Il s’est excusé.
Léa est perfectionniste, presque éternellement insatisfaite. Sa soif d’avancer et d’apprendre lui fait oublier cette première incartade. Et Léa veut garder ce job. C’est important pour ses trois enfants, après son divorce. Elle aime son patron, sa vivacité, sa façon de prendre des risques, son charisme.
Quelques mois plus tard, nouveau dérapage, elle prend un dossier dans la figure et une menace de licenciement.
Elle n’y est pourtant pour rien. Là pas d’excuse. Léa revient, dit qu’elle ne comprend pas. Mais étrangement elle rempile.
La même scène se reproduit, parfois même devant des clients. Mais Léa, si forte, s’enfonce. Elle ne dit plus rien. Elle travaille, toujours plus. Elle est compétente, éclectique, pertinente et son patron a besoin d’elle. Cela ne l’empêche pas de subir, blessée, chaque tourment de celui qu’elle admirait tant. Elle proteste pourtant, menace de partir aussi. En vain. Le mélange de fascination et de peur se transforme en une gluante persécution.
Léa est malheureuse. Elle pleure parfois, sans trop savoir pourquoi. Ou si, elle ne le sait que trop.
En quatre ans les choses n’ont fait qu’empirer, mais elle tient le coup revient à chaque fois, comme si les choses allaient changer, comme s’il allait changer. Elle perd petit à petit son âme. Elle se dit toujours que la prochaine fois sera la dernière.
Et quand elle se décide à partir, il revient pour la rattraper. Charmeur, presque miséricordieux, promettant la lumière. Et Léa craque à nouveau, comme dans un éternel recommencement.
Un beau jour, un homme de passage bienveillant la dévisage, fasciné et comprend. Léa est en train de plonger. Il lui tend une main solide… C’est sa seule chance…
Léa le sait.
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