Les coulisses d’un échec et la guerre des services
La paix entre les services n’a pas résisté aux attentats du 13 novembre. Il faut dire que depuis l’affaire Merah, et en dépit du soutien officiel du pouvoir politique, la liste des échecs de nos espions est désormais insoutenable. Mais si l’anathème présidentiel n’est pas encore tombé sur eux, c’est parce que l’échec est d’abord politique.
Merah (Toulouse, mars 2012), Nzohabonayo (Joué-Lès-Tours, décembre 2014), les frères Kouachi et Coulibaly 1 (Paris, janvier 2015), Coulibaly 2 (Nice, janvier 2015), Ghlam (Villejuif, avril 2015), Salhi (Saint-Quentin-Fallavier, juin 2015), El Khazzani (Thalys), Abaaoud et comparses (Paris, novembre 2015)... La liste noire des attentats que n’ont pas anticipés les services de renseignement est désormais flagrante. Pourtant, le pouvoir exécutif et la représentation nationale continuent de soutenir officiellement la communauté du renseignement. Qu’à cela ne tienne, les fissures apparaissent en coulisses, par médias interposés.
C’est Roger Marion qui ouvre le bal sur Europe 1 au lendemain des attentats de Paris, accusant la DGSI de ne pas coopérer avec la SDAT. Puis on apprend par le Petit Journal de Canal Plus que la DGSE avait alerté la DGSI de l’interception, la veille des attentats, d’une conversation téléphonique entre Hasna Aït Boulahcen et un correspondant en Syrie. Bien entendu, Bernard Cazeneuve, ministre de l’intérieur, démenti formellement cette information, révélant au passage qu’ils avaient été informés par la Grèce de l’entrée de faux migrants. Puis c’est au tour de Médiapart qui révèle, de son côté, comment la DGSI a raté Ismaël Mostefaï, l'un des kamikazes du Bataclan. Le Parisien rapporte quant à lui qu’un jihadiste s’était confié en août à la DGSI au sujet de possibles attentats. Ce que confirmait déjà à demi-mots Marc Trévidic depuis septembre, avant de le dire ouvertement sur les plateaux TV après les attentats, un brin de colère dans la voix. Puis c’est au tour de France 24 de révéler qu’une alerte de « gros coups » en préparation à Paris n’a pas été transmise par le service de renseignement de la Préfecture de Paris à la DGSI.
Au terme de cette joute médiatique, Le Monde titre le 28 novembre : « l’antiterrorisme français en état de mort clinique ». Fin de chargeur.
Tandis que Manuel Valls, fier de sa loi sur le renseignement, continue de saluer « le travail exceptionnel de nos services de renseignement », en Belgique, on se penche sur les failles du système et on met en place une commission parlementaire. A chacun sa manière de traiter le problème : réalisme d’un côté, méthode Coué de l’autre.
Français, dormez en paix...
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