Les filles de la marine
Brunes, blondes ou rousses, elles se sont embarquées sur l’un des fleurons de la Marine française. A bord, elles assument les mêmes fonctions que leurs homologues masculins.
©JPPorcher – Equipage et officiers
Corinne, 23 ans, mécanicien, second maître diesel alternateur, selon la terminologie en vigueur, a été une des toutes premières embarquées à bord du « Jean de Vienne ». Elle se souvient encore de son arrivée : « Les hommes me regardaient bizarrement…ils croyaient sûrement à un gag. » Trois ans plus tard, et même si elle pense avoir fait ses preuves tant au niveau de la technicité que de l’efficacité, Corinne continue de croire qu’elle n’est pas vraiment acceptée. Sa timidité et sa réserve ne l’y ont certes peut-être pas aidé.
©JPPorcher- Second maître mécanicien
A bord du « Jean de Vienne », la galanterie n’a pas sa place et comme tous ses collègues, Corinne doit subir le cynisme des troupes. C’est le mot d’ordre à bord, les hommes et les femmes sont à la même enseigne : Egalité de traitement pour tous, pour l’emploi comme le service. Les femmes doivent comme les hommes, pouvoir remplir toutes les fonctions techniques et militaires. Elles ont prouvé qu’elles en étaient parfaitement capables.
©JPPorcher – Second maître navigation
Après 5 ans dans la marine, Estelle vit sa deuxième affectation à bord d’un bateau. Sa spécialité : la navigation, son poste : chef de quart, 55 kg de chair maîtrisant 46.000 tonnes de métal. Lorsque le Pacha quitte la passerelle, c’est à elle qu’il confie la conduite du navire. Et ce n’est pas ça qui l’impressionne, ni d’ailleurs la pléiade d’hommes qu’elle dirige. Du haut de ses 24 ans, cet officier marinier maîtrise parfaitement le job. « Aujourd’hui leur regard est différent, mais peut-être plus que n’importe quel nouveau arrivant, une femme doit faire ses preuves. Ce n’est pas un métier facile et pour nous les places sont chères ».
©JPPorcher- Second maître mécanicien aviation
En 20 ans, l’institution s’est ouverte au personnel féminin. Après l’instauration de la mixité à bord des bâtiments de surface, d’autres unités ont su s’adapter comme les fusiliers commandos ou encore les équipages d’avions embarqués.
©JPPorcher- Quartier maître marin pompier
Représentant généralement 10% des effectifs d’un bâtiment, elles sont 23 femmes à bord du « Jean de Vienne » frégate de lutte anti-sous-marine, pour un équipage total de 235 marins.
"Avec et son hélicoptère Lynx embarqués, le Jean de Vienne remplit depuis 30 ans l’ensemble des missions dévolues à une frégate de premier rang", indique la Marine nationale. Cet effectif féminin, réparti dans tous les grades, constitue une pyramide professionnelle qui contribue à l’intégration des femmes.
©JPPorcher – Lieutenant de vaisseau commissaire de bord
Susana, lieutenant de vaisseau en est un bon exemple. Jeune, charmante, on ne s’attendrait pas à la voir au poste de Commissaire de 1ère classe (en charge de la gestion administrative et financière de la frégate). Diplômée de Sciences politiques et polyglotte (elle parle Allemand, finlandais, hollandais et anglais), Susana est entée un peu par hasard dans la marine… Un peu perdue à la fin de ses études, on lui propose un poste à l’arsenal. Par défi, elle se pique au jeu et s’engage. Son intégration est une réussite puisqu’elle a intégré le petit monde des gradés : Susana est commandant, elles ne sont que six actuellement dans la marine.
©JPPorcher – Les filles en leur zone de vie féminine
Pour les filles de la marine, il a fallu aménager des locaux de vie qui respectent une stricte séparation entre hommes et femmes. Aucun homme ne peut pénétrer le poste « Juliette », baptisée ainsi à cause du découpage du navire en tranches alphabétiques. Même le commandant doit, pour ses tournées d’inspection, y montrer patte blanche. Trois douches et deux toilettes pour vingt trois filles. L’antre des dames… Leur espace vital et convivial où elles ont établi leurs règles . Un principe auquel l’armée française tient…
©JPPorcher – Second maître navigation
Peu à peu, l’idée que les femmes sont des marins comme les autres a fait son chemin, et les réticences des premiers jours s’estompent. « Les filles bossent dur, elles en veulent… Et finalement, leur enthousiasme et leur persévérance stimule tout l’équipage » souligne le commandant.
©JPPorcher - Second maître armement
Dans un milieu assez macho, il est aisé d’imaginer le grand chamboulement des mentalités que cela a créé. Fondée sur un régime totalement identique de traitement, la politique de féminisation de la Marine vise à établir une égalité certaine des sexes.
De plus en plus nombreuses, les femmes sont attirées par les métiers de la Marine. Elles sont plus de 5.000 à ce jour au service de la nation.
Source : Marine Nationale
Le Jean de Vienne est une frégate spécialisée dans la lutte anti-sous-marine, mais dont la polyvalence lui permet de remplir des missions de défense des approches maritimes, de présence et d'escorte en haute mer. Basé à Toulon, et il est intégré à la Force d’Action Navale .il a ainsi participé au contrôle des mers, et pris part à la protection rapprochée du porte-avions Charles de Gaule.
Jean de Vienne, né en 1322 en Bourgogne, Devenu Amiral de France en 1373
- Type : Frégate anti-sous-marine F70
- Numéro de coque : D 643
- Mise sur cale le 29 décembre 1979
- Entrée en service le 24 avril 1984
Les Filles en chiffres :
5.565 Femmes servent dans la Marine (soit 13,6% de l’effectif total). Elles représentent 32% des volontaires, 16% des quartiers-maîtres et matelots, 13% des officiers mariniers, et 11% des officiers. Elles sont 8,5 % à embarquer à bord des bâtiments de surface.
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