Les funérailles de Clocheman

Aprés 39 jours de grève de la faim pour protester contre une délocalisation dans sa région, le député UDF Jean Lassalle a obtenu gain de cause. Si, pour se faire entendre, un député doit se laisser mourir d’inanition, c’est certainement que le politique s’est éloigné de sa mission et a atteint le point de non-retour... Si l’absurde fait sens, pourquoi se déranger ? Qu’en est-il de cet autre, qui s’appelle en réalité Jean-Paul Fantou, et que l’on appelle "Clocheman" ? 29e journée de grève de la faim au 30 mars 2006 (pas d’infos supplémentaires depuis, sur son blog).

Il demeure que l’indifférence en ce qui le concerne est son lot quotidien, précisément parce qu’il est un exclu, et parce qu’il a le malheur d’être de ces personnes que la société appelle SDF, sans domicile fixe... Comment peut-on accepter, concevoir, qu’un seul de nos semblables soit exclu de la société, soumis à la précarité, réduit à la misère ? Sans doute est-ce que nous nous y sommes habitués, tout comme nous nous sommes habitués à la désolation, à l’impuissance... Pourtant, dixit Romain Rolland, dans Au-dessus de la mêlée : " La fatalité, c’est ce que nous voulons"...

En l’occurence, nous avons oublié que les Droits humains sont les Droits de tous, de tous ou bien d’aucun. Quel ministre se déplacera, viendra sous l’abribus devant l’Opéra, à Bastille, se soucier, s’inquiéter, de son état, de sa santé ? Quel journaliste se déplacera pour savoir ce qu’il a à dire ? Qui s’inquiétera de sa mort et de son action politique ?

Sur son Blog on peut lire ceci :

"Clocheman, l’histoire d’un homme qui, seul, se dresse contre un système, contre la fatalité." L’enfance massacrée, il a passé 30 ans dans la rue, y a tout connu : drogue, prison, alcool. Il a fait deux grèves de la faim contre l’exclusion. Pour ses frères et soeurs de misère, il a écrit un livre : Clocheman, de Jean-Paul Fantou, édité aux Presses de la Renaissance. Ne se sentant toujours pas écouté par les décideurs, le 17 mars 2006, il a engagé une grève de la faim devant l’Opéra de la Bastille, sous l’abribus. CET HOMME A DES PROPOSITIONS CONCRETES pour soulager la misère de ses frères et soeurs de rue. On ne semble pas l’écouter ; si vous voulez l’aider, le soutenir, venez le rencontrer à Bastille, voir ce qu’il propose. Faites connaître sa cause en harcelant les médias par e-mails, appels téléphoniques, fax. Jean-Paul, qui a 53 ans, fatigue, cette remise en jeu de sa vie peut lui être fatale. C’est un homme qui voue son restant de vie à la cause des exclus. Son combat est le vôtre, son témoignage, dans son livre, est bouleversant. Les derniers mots de son livre sont : "Humanité, Egalité, Dignité, que les plus forts encadrent les plus faibles, bannissons l’exclusion."