Les infirmières en colère contre France 2
Polémique grandissante concernant un reportage diffusé au 20 heures de France 2 le lundi 18 février 2008 concernant « la vérité sur le salaire des fonctionnaires ».
Quel ne fut pas l’émoi de la communauté infirmière de découvrir le reportage de Jean-Paul Chapel intitulé : "Fonctionnaires qui gagne quoi ?"
C’est le lundi 18 février 2008 à 20 h 17 qu’un grand nombre de fonctionnaires se sont étranglés devant leur poste de télévision.
Le reportage est introduit par David Pujadas par ces mots : "Voici le plus précisément possible la vérité sur le salaire des fonctionnaires".
Premier exemple, celui des instituteurs (terme déjà désuet), puis vient celui des gardiens de la paix et enfin celui des infirmières.
Des chiffres absurdes ! Selon le reportage, un gardien de la paix débute à 2 133 euros alors qu’en réalité c’est plutôt 1 500 euros, et concernant le sujet qui nous intéresse, JP Chapel annonce qu’une infirmière débute à 1 802 euros net, primes comprises (!) alors qu’en réalité une infirmière débute à l’indice 322 correspondant à 1 396 euros avant primes et retenues qui bien souvent s’annulent.
Il est impossible, en ajoutant toutes les primes imaginables de la fonction publique hospitalière (travail de nuit (+ 1,06 euros/h), prime de dimanche/férié (45 euros), NBI (...) d’arriver à un résultat de 1 800 euros (qui correspond au salaire d’une infirmière après douze années d’ancienneté minimum, primes comprises).
Comment une erreur aussi grotesque a pu se glisser à une heure de si grande écoute ?
Quel journaliste ne vérifie pas ses sources ? Apparemment Jean-Paul Chapel.
Les grilles indiciaires connues de tous, disponibles sur une multitude de sites institutionnels et syndicaux, ont-elles échappées à ce "journaliste" ?
Le standard de France 2 saute, les forums internet sont pris d’assaut
Les professionnels infirmiers exigent un rectificatif pour les plus modérés, des excuses publiques, voire la démission du journaliste pour les plus blessés.
En effet, à l’heure actuelle, les luttes de la communauté infirmières peinent à se faire connaître du grand public, notre droit de grève étant sans cesse bafoué par les réquisitions abusives, une formation de 37 mois temps plein à laquelle on refuse la reconnaissance bac +3 (L dans le schéma LMD), des salaires misérables au vu des responsabilités exercées quotidiennement, des conditions de travail de plus en plus exaspérantes, un abandon de la profession pour toutes ces raisons. Rappelons que la durée moyenne d’exercice d’une infirmière est de douze années (!)
Il a suffit d’un simple reportage bâclé pour effectuer ce travail de sape auprès du plus grand nombre.
Malgré la multitude de messages transmis, la rédaction refuse toujours d’admettre son erreur et ne fait aucun rectificatif !
Pire, la rédaction se défend en disant que ses sources sont gouvernementales, donc apparemment du pain béni. Le ministère recontacté par France 2 se cacherait derrière son devoir de réserve pour ne pas répondre à la polémique.
Pire, Agnès Molinier, responsable du service économique et social à la rédaction, use d’une mauvaise foi déconcertante en expliquant que les chiffres énoncés sont une moyenne, alors que les grilles indiciaires et les primes sont communes à tous les agents de la fonction publique hospitalière : preuves à l’appui les bulletins de salaire des infirmières débutantes des quatre coins de la France transmises par fax à leur rédaction. On comprend par sa réponse qu’elle aussi est bien loin de maîtriser son sujet !
Nous attendions tous l’émission hebdomadaire du médiateur de l’information (Christian Marie Monnot) qui, à la fin de son émission, diffusa un droit de réponse de JP Chapel actuellement en vacances ("il a bien travaillé, il les a méritées ses vacances à courch’", ironiseront certains).
Celui-ci ne fait que répéter les arguments de sa rédaction : "source gouvernementale", "moyenne".
"Les personnes qui râlent se trouvent dans la partie inférieure de la moyenne, c’est pour cela qu’ils ne se retrouvent pas dans les chiffres !" Apparemment, il n’a toujours pas compris...
Christian Marie Monnot s’engage pourtant personnellement à revenir sur ce reportage dans une prochaine émission hebdomadaire (lorsque M. Chapel sera revenu de ses vacances). Dont acte.
La mauvaise volonté dans le traitement de ce dossier égratigne encore la crédibilité de la rédaction de France 2, certains s’autorisent même à penser que toute cette histoire est voulue car, étrangement, le lendemain, un reportage sur l’hôpital public recrutant 200 000 agents a été diffusé.
France 2 est-il à la solde du gouvernement qui cherche à faire croire qu’il rémunère correctement ses fonctionnaires ?
Enfin, nous aimerions faire réfléchir les journalistes qui nous lisent.
Sachez que, dans notre travail, une erreur de chiffre n’a pas du tout les mêmes répercussions que dans votre profession.
Un calcul de dose erroné, une posologie non respectée et c’est la vie humaine qui est en jeu, mais aussi également notre carrière professionnelle...
C’est peut-être pour cela que nous exigeons plus de rigueur dans le traitement de l’information nous concernant.
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