Les otages français enlevés au Niger par AQMI sont-ils atteints du syndrome de Stockholm ?
Une brève définition de cette pathologie mérite d’être rappelée.
« Le syndrome de Stockholm[1] désigne un phénomène psychologique où des otages partageant longtemps la vie de leurs geôliers développent une empathie, voire une sympathie, ou une contagion émotionnelle avec ces derniers » (Wikipédia).
[1] L'expression « syndrome de Stockholm » a été inventée par le psychiatre Nils BEJEROT en 1973. Ce comportement paradoxal des victimes de prise d'otage fut décrit pour la première fois en 1978 par le psychiatre américain Frank OCHBERG, en relation avec un fait-divers qui eut lieu en cette même ville.
Cette manifestation de l'inconscient est normale puisque le sujet ne cherche qu’à survivre à une épreuve tragique. La personne concernée pense alors qu’en s’attirant la sympathie de ses geôliers, elle pourra s’en sortir. Bref, c’est une sorte de « copinage » qui se traduit, à plus ou moins long terme, par une amitié, une reconnaissance de l’action et des motifs de l’agresseur.
Après une prise d'otages, les rescapés sont d’ailleurs mis au secret, parfois pendant plusieurs jours, pour une « reprise en main » et éviter le développement du syndrome de Stockholm. On parle alors de débriefing ou de "retex" (retour d'expérience).
Dans le cas d’espèce, la question contenue dans le titre nous semble légitime.
En effet, il n’est qu’à regarder les photographies des otages libérés.
Ainsi, en 2012, les otages apparaissaient propres, rasés, en bonne santé.
Il apparait donc qu’ils avaient les moyens techniques de se raser.
Après leur libération, ils apparaissent barbus, dont deux avec un chèche cachant le bas de leur visage (malgré l’absence de vent sableux…), comme s’ils cherchaient à cacher quelque chose.
Quel changement !
On ne doute pourtant pas de la possibilité pour ces derniers d’avoir pu se raser et repasser des tenues plus… occidentales.
Revenons-en à notre question principale : « stockholmisation » ou non ?
A lire le JDD du 31 octobre qui donne raison à certaines déclarations, une esquisse de réponse : une source diplomatique française explique au JDD pourquoi les quatre Français étaient ainsi vêtus : « Ils ont compris que pour se protéger, il leur fallait vivre comme leurs ravisseurs ».
De l’eau au moulin de l’hypothèse de la stockholmisation puisque les otages, même s’ils ont attendu au moins 2 ans avant de « vivre comme leurs ravisseurs », ont effectivement pris une apparence pour le moins curieuse.
Quoi qu’il en soit, les services de la DGSE sauront certainement reformater les otages…
De cette triste affaire, réjouissons-nous tout de même de son issue favorable.
Même si d’aucuns semblent vouloir en tirer un profit -illégitime- politique, à l’heure où les Français ne sont pas tendres avec le gouvernement et ses divers représentants, élus ou nommés.
Et les palmes du Mérite reviennent à ….
François Hollande a déclaré : « Trois ans d’épreuves pour ces ressortissants capturés, détenus par des geôliers sans scrupules », « trois ans de souffrance pour les familles qui vivaient un calvaire et qui sont aujourd’hui soulagées », « La République est là, toujours, solidaire ».
Mais la solidarité à ses limites !
Surtout lorsqu’il s’agit de payer !
« Pour ce qui dépend de l'Etat français, il n'y a pas d'argent versé », a déclaré Laurent FABIUS sur le plateau de la chaîne de télévision TF1. Et interrogé sur une rançon payée par de l'argent « privé », il a répondu : « pas d'argent public versé ».
En clair, il y a eu de l’argent privé de versé !
Qu’importe d’ailleurs. L’important était de libérer les otages.
Mais une conclusion s’impose toutefois : le gouvernement a refusé de payer pour libérer ces otages. Il en fait une doctrine. Mais accepte qu’un groupe privé, en l’occurrence AREVA, Le fasse !
On s’étonnera donc de voir certains ministres faire la UNE en lieu et place du patron d’AREVA.
Les sieurs FABIUS et HOLLANDE, « hérauts » de ce sauvetage, n’avaient donc pas à être présent puisque ils n’ont rien donné ! Puisque leur « politique » est de refuser de payer pour libérer des nationaux !
Mieux, lorsque Al-Qaida au Maghreb islamiste (AQMI) avait reproché à la France d'avoir appelé à « envahir » le Nord-Mali, assurant que cela risquait d'aboutir à « la mort des otages » français (Le Monde – 19/09/2012), le gouvernement n’avait pas jugé bon de prendre cette menace en considération et avait continué sa politique de gendarme en Afrique.
Et pour justifier le second plan des otages, le général PONCET déclarait alors
« On n'a pas le choix », « Derrière le chapeau politique, il y a la realpolitik menée au nom de la protection d'intérêts vitaux » (Atlasinfo.fr).
Il est ainsi vrai que pour le gouvernement les otages ne faisaient pas partie de ces « intérêts vitaux »…
Alors, rendons à César ce qui est à César.
Que le gouvernement et son président fassent profil bas.
Et que le patron d’AREVA soit remercié comme il se doit, même si ce sont les actionnaires qui ont payé.
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