Les radars, les Français les détestent toujours autant
Avec 20 % de flashes en moins par rapport à 2012, l’été a été beaucoup plus calme en France. Une nouvelle qui a de quoi réjouir des automobilistes excédés par l’ampleur du dispositif de surveillance routière déployé depuis près de dix ans par l’État.
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Ce n’est rien de dire que la politique du Gouvernement en la matière fait des mécontents. Le nombre de radars ainsi que leur emplacement soulèvent la colère des Français. Positionnés dans des zones propices à un relâchement de la vigilance, ils sont accusés d’être stratégiquement localisés pour prendre les conducteurs en défaut, et non pour les préserver dans des zones accidentogènes.
Depuis 2004, le Gouvernement a développé un véritable arsenal de radars (4200 radars routiers seront en service d’ici la fin de l’année 2013). Parmi eux, la bête noire des automobilistes, les radars mobiles nouvelle génération, les « radars embarqués » installés dans des véhicules banalisés en circulation, sont particulièrement mal accueillis, car perçus comme la sournoiserie faite radar.
Suppression des avertisseurs radars : un nouveau coup dur pour les automobilistes
En janvier 2012, les avertisseurs de radars étaient interdits à l’usage. Les conducteurs bornés encouraient 1500 euros d’amende, la perte de 6 points sur le permis de conduire et sa suspension pendant trois ans ainsi que la confiscation de l’appareil. C’est ce qu’on appelle une sanction dissuasive. Un accord du 29 juillet 2011 entre les fabricants des avertisseurs de radars et le ministre de l’Intérieur avait prévu de substituer les avertisseurs radars par des « Outils d’aide à la conduite ».
Ces appareils ne localisent plus des radars fixes ou mobiles, mais seulement des zones, les zones de danger et les zones à risque. Cette subtile modification sémantique a dû être suivie dans les faits d’une mise à jour chez l’ensemble des fabricants pour les désormais « outils d’aide à la conduite » ou « avertisseurs de zones de danger ».
Coyote, Wikango ou Inforad, ont dû s’adapter, ainsi que les applications des smartphones. Les nouveaux venus tels que Munic de Mobile Devices l’ont directement intégrée à leurs services, se reposant sur la réactivité de la communauté des automobilistes utilisant Avertinoo, qui partagent lesdites zones en temps réel.
La baisse de la mortalité routière : personne n’y croit
Les raisons invoquées par le ministre Manuel Valls ont du mal à convaincre les plus aigris. La mortalité sur la route est le versant noble du problème, supposé dissimuler des motivations plus pragmatiques relatives à la vacuité des caisses de l’état. Selon la Fédération Française des « Motards en colère », l’arrivée des radars (2004) ne coïncide pas avec le décrochement de la courbe de la sécurité routière (2002). Ils ne seraient donc pas synonymes de baisse de la mortalité, seulement un facteur parmi d’autres de cette baisse.
L’association reproche au Gouvernement d’infantiliser la population en menant une culture de la répression au lieu de sensibiliser les jeunes au préalable, comme c’est le cas dans les pays scandinaves. Au lieu de prendre le problème par le petit bout de la lorgnette, le bout le plus lucratif, le Gouvernement devrait faire de la prévention et former les automobilistes en amont.
Cette colère est largement partagée par la population. La ligue des conducteurs a réalisé une enquête aux résultats presque unanimes : 83 % des conducteurs considèrent que la répression sur les routes est devenue excessive. Une proportion qui s’inscrit en totale contradiction avec le message institutionnel qui prétend que le dispositif déployé pour le bien des citoyens n’en dérange qu’une minorité.
À l’heure où le pays a reçu un carton jaune de Bruxelles pour le niveau de ses prélèvements obligatoires, les Français sont tout sauf de bonne composition face à des instruments de surveillance qui font d'eux des vaches à lait.
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