Les sites de conseils en drague
Un récent article d’AgoraVox (http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=20738) m’a donné l’idée de développer plus particulièrement le thème des sites de conseils en drague.
Quel homme en effet n’a pas envié le succès d’un autre avec la gent féminine ? Et surtout cherché à en comprendre les « recettes » (car, oui, il y en a). En fait, tout tient dans la phrase (d’Édith Piaf ?) : « Les femmes, c’est comme les lapins, ça s’attrape par les oreilles ».
Ce phénomène, beaucoup plus discret que les sites de rencontres, est très édifiant sur les difficultés de faire des rencontres, de se comprendre entre hommes et femmes, et les solutions offertes par internet.
Le bon y côtoie le médiocre et surtout le payant. Et les meilleurs conseils ne sont pas ceux que l’on paye mais ceux qui émanent d’une communauté.
La première communauté organisée autour de l’objectif commun d’améliorer sa technique de drague est, à ma connaissance, le Usegroup alt.seduction.fast (ASF pour les initiés, c’était vers le milieu des années 90). Des PUA (Pick-Up Artists) enseignaient leurs ficelles aux AFC (Average Frustrated Chumps), parfois les rencontraient physiquement pour des séances de "sarge" (des exercices d’abordage systématique). Les conseils étaient souvent à cent lieux des idées reçues, délaissant le romantisme mièvre pour l’efficacité pure et dure et le pragmatisme décomplexé.
Les principes de base sont globalement :
la confiance en soi, dédramatiser totalement le rejet, assumer son rôle de mâle
(ne pas dissimuler sous couvert de romantisme le fait que l’on cherche en fin
de compte un rapport sexuel ; la sincérité vaut mieux que la dissimulation), éliminer
absolument toute attitude suppliante, de l’originalité, une dose de psychologie
pour repérer rapidement ce qu’attend la fille et le lui donner, initier tôt
dans la conversation le contact physique, et surtout le facteur temps (ne pas
s’enliser dans une conversation dont tout indique qu’elle ne sera pas
« productive » à court terme, éjecter sans hésiter et sans complexe pour
passer à une autre). Le but premier n’étant pas de séduire une fille précise mais
d’avoir un rapport sexuel, il est toujours temps de faire connaissance après (« Fuck
first, fall in love later... maybe »).
Ensuite (mais seulement ensuite), avec l’expérience et l’augmentation du taux de « close » (conclusion), on peut commencer à être plus sélectif et plus patient. Mais il restait important de d’abord passer par la case « sexe » parce qu’on découvre les gens bien plus sincèrement et efficacement lorsque l’intimité est établie alors qu’on peut longtemps idéaliser une personne avec laquelle on n’a pas d’intimité.
Avec le temps, la liste des tuyaux, astuces,
règles fondamentales, debriefing pointus et très analytiques de cas réels...
s’est considérablement étoffée. La compilation des meilleurs posts a donné
naissance à la première version du "pick-up guide". Dans le même
temps, les utilisateurs commençaient à se retrouver régulièrement dans la vraie
vie pour mettre en pratique les différentes suggestions. D’ailleurs, ceux qui
restaient derrière leur clavier à théoriser perdaient leur crédibilité et
étaient progressivement marginalisés. Un PUA n’était crédible que si ses
conseils marchaient mais encore bien davantage s’il était régulièrement vu en
action. Quelques femmes fréquentaient même occasionnellement le forum pour
elles aussi mieux comprendre les hommes, apportant un éclairage nouveau sur nos
réflexions.
Ce usenet est devenu un fantôme en peu d’années sous l’effet de la masse des trolls frustrés qui l’infestaient et de la désertion de ses ténors. Il a migré vers une version modérée et très organisée : www.fastseduction.com
Par la suite, le modèle (initialement purement
anglophone et masculin) a fait des émules dans de nombreux pays, des
minicommunautés sont nées, principalement dans les capitales. Entre 2001 et
2003, j’ai eu le privilège de fréquenter un des tous premiers cercles parisiens
de ce genre. Nous étions une dizaine à passer des après-midis ou des soirées à
aborder systématiquement (à tour de rôle) toutes les filles (voire les groupes
de filles) que nous trouvions attirantes, dans le métro, dans les magasins, sur
les Champs-Élysées, très rarement en discothèque. Avec observation à distance
par nos camarades puis debriefing.
Le premier barrage à franchir est en effet de
se libérer de l’angoisse ou des hésitations du premier contact pour gagner en
aisance et en décontraction, montrer le meilleur de soi-même, et surtout
dédramatiser totalement le rejet. Cette étape indispensable franchie, on peut
commencer à déployer humour, charme, ficelles diverses.
Les pratiquants francophones se retrouvaient alors
sur www.frenchtouchseduction.com.
Comme ASF, c’est juste une communauté doublée d’un forum, donc aucun besoin de
carte bleue, juste de beaucoup de patience pour lire les tonnes de bon sens,
savoir-faire et astuces accumulés, puis pratiquer, pratiquer, pratiquer...
Mon contact avec la communauté se perd en 2003
(à la suite d’une rencontre conforme aux recommandations d’ASF) mais je pense
bien qu’elle a dû prospérer depuis.
Aujourd’hui, de nombreux sites payants (dont beaucoup n’ont fait que copier-coller sans vergogne les nombreux écrits d’ASF) polluent les moteurs de recherche pour quiconque cherche de l’aide.
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