Les supporters du football sont vraiment très généreux...
Le foot coûte trop cher...
Si le football génère beaucoup d’argent, il coûte aussi de plus en plus cher aux supporters pour qui se rendre au stade est l’unique plaisir. Vu sous cet angle, il est certain qu’il vaut mieux aimer la poésie que le football, ce qui ne veut pas dire qu’on ne puisse pas aimer les deux. Soyons sérieux, si l’on exclut les débiles qui viennent au stade uniquement pour se défouler de manière stupide et violente, il faut peut-être se demander pourquoi des gens qui se comportent normalement dans leur vie de tous les jours, qui se lèvent tôt le matin pour aller travailler, se mettent tout à coup à sauter par-dessus les grilles d’un stade, à envahir la pelouse, et à casser tout ce qui passe à leur portée. On va me répondre qu’ils sont déçus, et qu’en agissant ainsi ils vont peut-être se faire entendre. Mais de qui et à propos de quoi ? Telle est la question.
Quoi qu’ils fassent, ils auront toujours tort, parce que personne ne les soutiendra. On ne peut quand même pas soutenir quelqu’un qui casse des fauteuils dans un stade ou qui saccage des installations techniques, payés dans la quasi-totalité des cas par le contribuable. Et même si ce n’était pas le cas, casser est hautement condamnable. Donc, passé le moment de folie collective qui anime ces gens, la vie reprendra son cours dans le club comme avant ou presque. En fait dans le cas du RC Lens, puisque c’est à ce club que je pense suite aux incidents qui ont clôturé le match contre Bordeaux samedi dernier, la seule différence sera qu’au lieu de voir jouer Lyon, Bordeaux ou Marseille, on verra jouer Amiens, Sedan ou Guingamp. Mais au fait les supporters perdront-ils au change ?
Pas sûr, car d’après ce que j’ai compris les places seront moins chères, et rien que cela représente un sacré bonus sur une saison de football. Si ceux qui vont voir les 38 matchs de Ligue 2 paient 50 % de moins que pour la Ligue 1, et qu’en plus leur équipe gagne souvent, ils risquent fort de finir la saison satisfaits et n’auront aucune envie d‘envahir le stade. En plus, compte tenu de la différence de budget entre un club de Ligue 1 et de Ligue 2, avec un peu de chance, il y a une possibilité de voir évoluer son équipe favorite avec quelques joueurs de la ville ou de la région, ce qui paraît impensable avec « la course aux armements » qu’engendre la Ligue 1.
Dans certains clubs, par exemple en Angleterre, il n’y a pas un seul joueur de nationalité anglaise sur le terrain, ce qui autorise certaines personnes à se demander comment on peut supporter le club d’une ville ou d’un quartier dans ces conditions. On peut d’autant plus se le demander que ces stars qui arrivent de partout, gagnent des sommes folles (plus d’une centaine de milliers d’euros par semaine) ce qui impose au club d’exiger des tarifs exorbitants pour l’entrée au stade ou pour l’achat de maillots ou fanions de ce club. Et bien entendu, ceux qui vont au stade à tous les matchs et qui dépensent un mois de salaire pour leur abonnement, qui achètent à leurs fils le maillot de Ronaldo, Gerrard ou Drogba, sont le plus souvent des gens qui ont du mal à boucler leurs fins de mois.
Alors en cas de défaite, la déception pour ne pas dire la rancœur envahit ces supporters tellement ils se sentent partie prenante du sort de leur équipe, ce en quoi ils ont tort. Ils se mettent à pleurer comme des enfants parce qu’ils sont frustrés. Ils le sont d’autant plus qu’après avoir manifesté leur colère les joueurs les punissent, en refusant après une séance d’entraînement de signer un autographe ou d’adresser le plus petit regard quand ils montent dans leur Porsche ou leur Mercedes. Quant aux dirigeants, la seule chose qui compte c’est gagner pour rentabiliser leurs investissements. Tout le reste n’est que billevesée.
Sur le plan des compétitions par équipes nationales, c’est la même chose. Les maîtres d’œuvre s’appellent FIFA (la fédération internationale) et UEFA (la fédération européenne) et celles-ci, déjà très riches, ne pensent qu’à l’être davantage. Le Championnat d’Europe des Nations, organisé cette année en Suisse et en Autriche, générera un peu plus d’un milliard d’euros de droits de télévision et marketing pour l’UEFA, contre 743 millions en 2004. Cela étant, on est loin des recettes engrangées pendant la Coupe du monde 2006 en Allemagne, qui avait rapporté presque deux milliards d’euro à la FIFA.
Si les droits TV représentent une bonne partie des recettes (800 millions d’euros pour le Championnat d’Europe 2008), les recettes marketing ne sont pas en reste, ce qui n’empêche pas le billet d’entrée au stade de valoir 70 euros en moyenne pour le match d’ouverture, 45 euros pour un match de groupe, 60 euros pour un quart de finale, 80 euros pour les demi-finales et 160 euros pour la finale, à supposer que l’on ait pu se procurer un billet.
Si l’on ajoute pour les supporters le transport et l’hébergement, le football est une passion qui coûte très cher, beaucoup trop cher et, je le répète, ceux qui paient leur entrée au stade sont généralement peu fortunés. Ils auront la consolation de se dire qu’ils participent largement aux succès commerciaux de leur sport préféré et… au paiement des primes de matchs encaissées par ceux qu’ils critiquent à longueur d’année, les arbitres, qui vont toucher 10 000 euros par match, soit une augmentation de 60 % par rapport à 2004. Il faut bien vivre !
Michel Escatafal
8 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON