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Les vacances : une nouvelle forme de pression ?

A l’œuvre dans une entreprise depuis moins d’un an, Marie côtoie quotidiennement ses collègues internationaux. Elle les connait pour les avoir approchés pendant plus de 7 ans en tant que vacataire : ces années où la direction vous demande de venir travailler la veille, ne vous fait signer le contrat que 3 ou 4 semaines plus tard et ne vous paie que plusieurs mois après la finalisation des tâches à accomplir. Néanmoins, son travail apprécié elle est parvenue à intégrer cette structure après ces nombreuses années de travail instables et suite à une ultime période d’essai, de deux nouveaux Contrats à Durée Déterminée supplémentaires…

Aujourd’hui, Marie se trouve face à un fait social partagé par des millions de français : prendre ses vacances…

Si elle a effectué cet acte officiellement dès son entrée dans la compagnie, cela était sans compter l’arrivée d’un nouveau Directeur Général au sein de cette structure dans laquelle se mêlent plus d’une dizaine de nationalités et de culture variées. Ce haut responsable souriant applique les règles de « management à la française » : il entend dominer, montrer sa valeur et attend de l’employé(e) qu’il/elle se plie sans concession montrant en cela le respect de la plus haute autorité. Cette technique consiste donc à demander au/à la salarié(e) de s’investir dans une nouvelle démarche pour prouver son attachement à son nouveau maitre de cérémonie (son nouvel employeur). Le Directeur Général choisit donc les tous premiers jours de vacances de Marie pour lui demander de se présenter en son bureau afin de mener son premier entretien individuel. Cette demande effectuée seulement deux jours plus tôt, mena Marie à reconsidérer son départ en Italie – car au fait de cette technique de management - et après avoir résisté- laissa mari et enfant profiter de leurs vacances. L’anecdote veut que le D.G s’autorisa le matin même de leur rendez-vous à arriver avec plus d’une heure de retard, s’octroyant une belle et grasse matinée comme pour reprocher à cette employée de ne pas avoir accédé à sa demande immédiatement.

Passé cette rencontre et ses premières vacances annulées à la dernière minute, Marie poursuit son travail consciencieusement et pose quelques jours de congés bien à l’avance pour prendre du repos et rester avec sa fille. Les jours demandés durant le mois de Mai se voit refusés en raison de nouvelles tâches professionnelles –non prévues dans son contrat. En Juin, il en est de même. Ses congés sont annulés et remplacés par des réunions « de dernières minutes ». Lors d’une de ses séances de travail repoussant ses vacances, l’un de ses collègues tombe malade tandis qu’une autre se rend chez son médecin. La réunion se révèlera moins riche de sens rendant le refus de ses vacances d'autant plus incompréhensif. Le mois de Juillet se dessine à l’horizon, les vacances aussi. Marie se renseigne, la Responsable des ressources Humaines ne peut rien, le D.G. maitrise les congés. Il faut plusieurs sollicitations et deux email courtois mais fermes invitant à présenter une réponse pour déclencher un rendez-vous. Marie se rend en son bureau pour apprendre que le Directeur ne peut accéder à sa demande. Marie est surprise. Il décide de poursuivre son « management à la française » : rabaisser, contraindre, faire plier, pour inférioriser la salariée. Elle aurait mal travaillé depuis son entrée dans la société. Marie est déstabilisée. Tout est fait, réglé, aucune remontrance de son supérieur direct, aucune demande en attente. Il lui détaille son contrat sur l’écran tourné qu’elle ne peut lire. Marie s’explique et le Manager se trouve incapable de préciser ses attentes. En outre, elle fait justement remarquer que le dernier projet monté -qui ne figure d'ailleurs pas sur son contrat-se déroule au mieux, elle mérite donc bien ses vacances. Le Directeur général refuse de la laisser partir selon ses attentes.. Marie s’étonne, son supérieur direct ne lui a rien laissé entendre, tout semble se dérouler convenablement. La dernière phrase du haut responsable s’énonce clairement : « Je ne veux pas vous laisser partir ».

Ce soir encore, Marie ne pourra donner de réponse à sa fille concernant l’organisation de ses vacances, il reste encore quinze jours... Ele tente de sourire malgré sa fatigue et se pose encore une question : combien de femmes se voient-elles contraintes de « manière douce » et sans affrontement direct et officiel à reporter leurs vacances voire à les oublier ? Combien de femmes dépendent-elles de manager » à la française » qui tentent de s’imposer pour mieux régner sans considération du droit le plus élémentaires aux congés ? Combien de femmes et combien d’hommes subissent-ils cette intrusion dans leur vie privée par cette nouvelle forme de pression bien difficile à prouver ?

MN. JAUFFRET


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4 réactions à cet article    


  • devphil30 devphil30 14 juin 2013 10:19

    Société pourrie , pression à tous les étages au nom de la productivité , le chômage de masse arrange bien ceux qui nous exploite 


    Philippe 

    • Alain Qroviste Alain Proviste 14 juin 2013 13:29

      Excellent résumé. Merci.

      La science de la manipulation dans l’entreprise, de la soumission à l’autorité, appelée « Management » (encore un anglicisme comme c’est étrange) à son paroxysme dans cet article.
      Il n’y a pas de « bon management ».

      C’est la science de la psychologie au service des rentiers. Les « psychologues du travail », quel beau métier. Vivement que le système s’écroule pour faire un grand ménage de printemps à tous les niveaux.


    • deep31 Jo 14 juin 2013 13:29

      C’est sûr, c’est une situation difficile. Il faut toujours être ferme au départ, lors de la première demande, clairement lui indiquer que les vacances sont déjà posées, et que le rendez-vous attendra le retour. Evidemment, plus facile à écrire qu’à faire... J’irai pas jusqu’à dire que c’est une société pourrie. Mais il faut se garder d’avoir les pensées qui vont à notre tour avoir envie de la pourrir. Néanmoins, bon courage, Marie ! 


      • fawkes fawkes 14 juin 2013 17:30

        Nous sommes typiquement dans le cadre d’un harcèlement moral, et ce monsieur risque gros aux yeux de la loi, s’il veut continuer à faire son roquet avec une dame. Si vous le pouvez et en avez le temps, parlez en à la DRH, et au médecin du travail et peut être aux syndicats en dernier recours si vous en avez dans votre entreprise. Il vous restera les prud’hommes ensuite.
        Ce type de mec est le prototype même de l’autocrate, le pire du patronat, qui fait que les syndicats et patrons ne sont pas incités à un dialogue posé. Malheureusement pour tous les autres patrons de bonne volonté.

        « Ils sont grands car nous sommes à genoux »

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