Leur bile est amère
L'acrimonie pour tout viatique.
Faut-il qu'ils aient une existence bien morose pour qu'ils n'aient de cesse de venir verser à tous propos leur bile en guise de commentaires. Qu'importe le sujet, ils surgissent soudain pour laisser une petite trace indélicate, une saillie qui fleure le mépris et la méchanceté. C'est sans doute pour se glorifier d'avoir du répondant, qu'ils parsèment la toile de ces répliques acides qui n'ont pas même le dessein d'ouvrir un dialogue sous forme de controverse.
Ils surgissent sans crier gare, sèment leur bile amère en guise de carte de visite puis, satisfait de cet acte gratuit et parfaitement dérisoire, vont chercher une nouvelle cible pour continuer d'exister dans un registre qui n'a sans doute d'autre but que de soigner leurs aigreurs d'estomac. Avouons tout de go que s'ils trouvent ainsi manière à soulager leur malaise sans avoir recours à la sécurité sociale, il y a tout lieu de s'en satisfaire.
Je les imagine guettant leur heure, tapis derrière leur écran prêts à fondre sur quelques proies qu'ils rangent dans leur répertoire de leurs exécrations chroniques. Quand l'une de leurs victimes publie un billet, ils se réjouissent en leur for intérieur, ravis de pouvoir semer cette haine qui leur sert de colonne vertébrale.
C'est le sourire aux lèvres à moins que ce ne soit la bave aux lèvres, qu'ils vont déposer leur offrande, une forme acceptable de déjections excrémentielles. Ils ne prendront pas la peine de lire le texte, le parcourant rapidement d'une fesse indélicate avant que de se soulager d'un propos détestable. Leur forfait accompli, persuadés d'avoir mouché leur ennemi, ils s'en vont ailleurs pour semer cette mauvaise graine dont ils inondent les réseaux sociaux.
Qu'espèrent-ils en agissant ainsi ? Sans nul doute, voir l'avènement d'une société de la tyrannie et du rejet, de la ségrégation et de la privation des libertés essentielles. Plus ils sentent advenir la prise de pouvoir de leurs idoles, plus ils s'enhardissent dans le propos vindicatif et diffamatoire.
Futurs ennemis jurés de la liberté d'expression, ils en usent jusqu'à la corde pour alimenter le climat délétère qui doit servir au triomphe de leur idéologie brune. Ensuite, ils deviendront les gardiens zélés de la censure et de la délation, n'hésitant nullement à donner un coup de main ou de matraque pour éliminer physiquement ceux qu'ils ont jusque-là tourmenté sur la toile.
Parfois dans ce bataillon hideux, une connaissance, une ancienne relation achève de tomber le masque pour montrer à quel point il est contaminé par les miasmes de cette époque. L'insulte fuse alors sans plus de réserve ni de précaution. C'est bien la preuve que tous ces apprentis dictateurs sentent proches leur future victoire.
Il n'y a plus de honte à soutenir l'indéfendable, à pourfendre ceux qui croient encore en l'humanité. Si l'humour ou la dérision ont longtemps permis de repousser leurs attaques, de plus en plus souvent, ces armes dérisoires tombent à plat. Forts désormais de se savoir du côté de l'opinion dominante, ils sont fiers de leurs vomissures.
Je dédie ce billet à tous ceux qui ne cessent de m'insulter et de me salir. Je les plains de tout mon cœur sans pour autant être dupe. Le jour du triomphe de leur merveilleuse idéologie humaniste, ils viendront sonner à ma porte dans leur gabardine noire, pour me mettre aux arrêts et mettre un point final à cette prose qui n'a plus lieu d'être dans une société débarrassée des inutiles, des parasites, des rêveurs, des artistes, des étrangers, des contestataires et des utopistes. Grand bien leur fasse, je n'aurai pas à supporter leur indécrottable ânerie et leur immense morgue fondée sur leur incommensurable vide cérébral.
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