Libéralisme et résistance à l’égalité entre les femmes et les hommes
Même pas le tiers des pauvres dans le monde sont des hommes. Et vogue la galère libérale !
Le libéralisme, cette philosophie qui prône la primauté de l’individu sur toute organisation collective ou étatique, serait-il une idéologie de résistance masculine à l’égalité des femmes et des hommes ? Ses partisans soutiennent que la concurrence est la base du progrès économique. Soyez agressif, combatifs, impitoyables envers vos concurrents. Soyez de vrais hommes quoi ! Pendant ce temps, des centaines de millions de femmes vivent des situations de précarité, de manques, d’exploitation qui mettent leur santé quand ce n’est leur vie en danger.
Il fallait bien qu’il en passe un par ici. Qu’est-ce que vous dites le macho ? Les femmes n’ont qu’à être aussi agressives que les hommes ? Je sens qu’il ne va pas être facile ce billet-là.
D’abord les faits, monsieur le macho
Sur près de 900 millions d’adultes analphabètes dans le monde (eh oui, 900 millions d’adultes analphabètes !), les deux tiers sont des femmes.
Autre fait troublant : la pauvreté se féminise. En clair, le fossé se creuse entre les femmes et les hommes pris dans le cycle de la pauvreté.
Malgré des avancées récentes, les inégalités entre les sexes dans les domaines des droits fondamentaux, des ressources et des possibilités économiques restent profondément ancrées dans le monde entier.Dans toutes les sociétés, « être née femme a un impact sur les opportunités offertes ». Moins scolarisées, moins bien rémunérées, proportionnellement plus nombreuses en chômage, beaucoup plus présentes dans le secteur informel, plus pauvres que les hommes lorsqu’elles se retrouvent en situation de monoparentalité, avec peu de pouvoir politique et social, peu de ressources, malgré toutes les conventions internationales les femmes continuent d’être défavorisées par rapport aux hommes.Genre en action. Indice Africain d’équité.
Le libéralisme comme obstacle
Facile l’idée voulant que les femmes n’ont qu’à s’en prendre à elles-mêmes si elles sont globalement plus pauvres que les hommes.
Facile,
sauf que la réalité est tout autre : les femmes ont un retard
historique majeur à rattraper et elles doivent le faire dans un
contexte mondial qui les défavorise.
La réunion Beijing+10, 49e session de la Commission de la condition de la femme
de l’ONU, du 28 février au 11 mars 2005, a retenu cinq grandes
priorités pour les dix prochaines années : renforcer l’éducation des
filles, garantir la santé et les droits sexuels de la reproduction,
garantir les infrastructures et les droits à la propriétés et à
l’héritage, éliminer les inégalités entre les sexes et garantir la
représentativité des femmes dans les gouvernements locaux et nationaux.
Aucune de ces priorités ne pourra se concrétiser sans l’intervention des États. Or ces interventions comportent un certain encadrement de l’économie de marché.
Bien entendu, le libéralisme contemporain n’est pas le seul obstacle à la mise en oeuvre de l’égalité entre les femmes et les hommes. Il faut voir le documentaire Arab Women Speak Out : Strategies for Self Empowerment, produit par la Johns Hopkins University, pour le constater.
N’empêche que le discours politique s’inspirant des économistes libéraux nuit à la mise en oeuvre de programmes basés sur une perspective sexospécifique du développement .
Les néo-libéraux défendent aujourd’hui encore une économie de marché organisée par l’État - l’État continuant à fournir les conditions-cadre indispensables aux investissements privés et à une concurrence efficace (politique de la concurrence) - mais rejettent plus ou moins strictement toute réglementation visant à limiter l’adéquation du marché pour des motifs extra-économiques (politique économique humaine).Une logique économique libérale ne peut pas venir à bout des inégalités entre les femmes et les hommes.Domaine politique. Revue de presse : Pour une politique économique humaine.
Au contraire, en s’opposant à ce qui limite la concurrence, les libéraux sont des alliés objectifs du patriarcat.
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