Liberté, égalité, sexualité ?
Tout, tout, tout, vous saurez tout sur le sexe et les Français en lisant l’étude que viennent de consacrer à ce sujet une dizaine de chercheurs. Sous la direction de Nathalie Bajos (Inserm) et Michel Bozon (Ined) ils ont interrogé environ 12 000 Français de 18 à 69 ans entre octobre 2005 et mars 2006 afin de comprendre nos comportements au lit. La grande nouveauté, c’est chez les femmes qu’elle se produit.
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« Enquête sur la sexualité en France (La Découverte, 610 p. 27 euros) n’est disponible en librairie que le 13 mars. De ceux qui ne pensent qu’à ça à ceux que font ça, il y en a pour tous les sexes, mais surtout pour tous les genres. Des fidèles aux infidèles, le sexe est une religion qui se pratique seul, à deux ou en groupe, en temps réel ou dans le virtuel. En attendant la parution de cette étude, déflorons le sujet.
D’abord, n’embêtons pas ceux que « ça » n’intéresse pas en parlant d’eux en premier : 0,8 % des femmes et 1,4 % des hommes. Selon Libération, « 10,8 % des femmes et 6,6 % des hommes n’ont pas eu de rapport sexuel l’année précédant l’enquête. L’absence de rapports sexuels (temporaire ou durable) se retrouve chez les hommes jeunes, sans partenaire. Entre 18 et 35 ans, on compte deux fois plus d’inactifs que chez les femmes. La tendance s’inverse après 50 ans. Les jeunes déclarent ne pas avoir trouvé de partenaire, quand les plus âgées expliquent qu’elles ne "veulent pas" de rapports sexuels. »
La première fois a tendance à se passer au même âge pour les filles comme pour les garçons. L’évolution de la sexualité chez les femmes est un des faits nouveaux que relève cette enquête. Pour 20 minutes, « l’étude établit que les femmes ont leur premier rapport sexuel plus tôt (17,6 ans) qu’il y a un demi-siècle (20,6 ans). Elles ont aussi plus de partenaires qu’autrefois (4,4 en moyenne), leur activité sexuelle se prolonge plus souvent après 50 ans (9 femmes en couple sur 10 ont des relations intimes, contre 1 sur 2 en 1970) et elles sont de plus en plus nombreuses à avoir eu des rapports homosexuels (4 %, contre 2,6 % en 1992) ». Pour Libération, « les femmes sont souvent dans un modèle "préconjugal", stable, amoureux, quand les hommes explorent davantage des expériences personnelles, sans engagement. Chez les plus diplômés les comportements se ressemblent ».
34 % des hommes et 24 % des femmes déclarent avoir eu des « relations parallèles » et 43 % et 34 % respectivement pensent que leur partenaire a un amant (ou une maîtresse). En 2006, 60 % des femmes déclarent s’être masturbées (90 % des hommes). Elles n’étaient que 16 % en 1970. La fellation et le cunnilingus sont devenus des pratiques courantes (pour deux tiers des hommes et femmes). La sodomie n’est pas entrée « dans le répertoire ordinaire des couples » : 9 % des femmes et 14 % des hommes déclarent la pratiquer régulièrement. Un tiers des 18-24 ans s’est connecté sur des sites de rencontres. En 2006, un homme sur deux regarde régulièrement un film X, et une femme sur cinq. Les femmes le font plus souvent avec un partenaire, les hommes en solitaire. Les rencontres échangistes ne se sont pas développées, et le recours à la prostitution est stable depuis 1992.
« L’hétérosexualité, la monogamie (ou la fidélité) et la pénétration sont les normes d’aujourd’hui. Elles participent "à la construction d’un modèle sexuel qui inscrit toujours prioritairement la sexualité dans la conjugalité, surtout pour les femmes". Par exemple 49 % des hommes considèrent qu’"on peut avoir des rapports sexuels avec quelqu’un sans l’aimer", mais seulement 26 % des femmes. Chez les jeunes, cet écart se creuse encore. Aujourd’hui, l’injonction d’une "sexualité épanouie" ne se mesure pas tant à la performance sexuelle, mais "à la capacité de deux partenaires à s’engager dans une relation stable et satisfaisante du point de vue sexuel et affectif" », relève Libération.
France soir s’interroge sur la sexualité des séniors : « En 1970, seules 50 % des femmes en couple avaient encore une activité sexuelle. Aujourd’hui, elles sont 90 % et la fréquence des rapports a également augmenté. Les explications ne manquent pas : en meilleure forme physique que leurs aïeux, financièrement plus à l’aise, les sexagénaires sont décomplexés par quarante ans de discours sur la libération sexuelle ».
La sexualité est aussi, surtout, affaire de représentation. Libération note que « chez les femmes, la sexualité relève toujours de l’affectif, du conjugal, de la construction de la relation, tandis que chez les hommes, la sexualité est toujours pensée comme étant de l’ordre des besoins physiologiques. Cette idée sur les hommes est non seulement partagée par les deux sexes, mais les femmes y croient même plus que les hommes ».
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